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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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qu’une seule fois : courant à la poursuite d’une proie, il fit une chute si brutale qu’il lui fallut un certain temps pour reprendre ses esprits. Son pied droit, m’expliqua-t-il, avait cédé.
    Ajax pouvait exploser de rage, mais jamais je ne vis Achille perdre son sang-froid. Ni timide, ni replié sur lui-même, il connaissait simplement la paix intérieure et avait le sens de la retenue. Et la fente qui lui tenait lieu de bouche révélait l’autre face de son caractère ; il pouvait être dur, glacial comme la bise du nord.
     
    Ces sept années furent les plus heureuses de toute ma vie, grâce à Achille bien sûr, mais aussi à Ajax. Les deux cousins excellaient également mais, de tous les garçons que j’ai instruits, mon préféré reste Achille. Quand il m’a quitté pour toujours, j’ai pleuré et le goût de vivre m’a déserté durant de nombreuses lunes. Il m’a fallu longtemps avant de pouvoir regarder les tuiles faîtières sur le toit du palais étinceler au soleil sans avoir les yeux embués de larmes.

4
    Récit d’Hélène
     
    Xanthippe ne me ménagea pas ; je quittai le terrain haletante et épuisée. Nous avions réuni une nombreuse assistance et je regardai mes admirateurs avec mon plus beau sourire. Aucun homme ne se soucia de féliciter Xanthippe pour son succès. C’est moi qu’ils étaient venus voir. On se pressait à mes côtés, on chantait mes louanges, on trouvait tous les prétextes pour me toucher la main ou l’épaule, les plus hardis me proposaient, en guise de plaisanterie, de lutter avec moi quand je le voudrais.
    D’après mon âge j’étais encore une enfant, mais leurs regards le démentaient, me révélant sur moi-même des choses que je savais déjà. Des miroirs en cuivre poli ornaient mes appartements et j’avais des yeux, moi aussi. C’étaient tous des nobles de la Cour, mais aucun d’eux n’y jouait un rôle important. Je m’en débarrassai comme on chasse des mouches, saisis la serviette que me tendait une de mes esclaves et m’en enveloppai, en dépit d’un tollé de protestations.
    C’est alors que j’aperçus mon père, loin de la foule. Père m’avait-il observée ? Comme c’était étrange ! Il ne venait jamais voir les femmes parodier les sports virils. Je m’approchai de lui et l’embrassai.
    — As-tu toujours un public aussi enthousiaste, mon enfant ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.
    — Oui, père, dis-je fièrement, je suis très admirée.
    — Je l’ai constaté. Mais je me fais vieux et je perds mon sens de l’observation. Heureusement ton frère aîné n’est ni vieux ni aveugle. Il m’a dit ce matin que je ferais bien de venir ici.
    — Et pourquoi Castor s’intéresse-t-il tant à moi ?
    — Le contraire serait fâcheux ! Va prendre un bain, Hélène, habille-toi et reviens me voir, m’ordonna-t-il quand nous fûmes à la porte de la salle du trône.
    Son visage ne révélait rien de ses pensées. Aussi, je m’éloignai avec un haussement d’épaules.
    Nesté m’attendait dans mes appartements et me fit des reproches. Tout en caquetant, elle ôta la serviette qui m’enveloppait et la jeta dans un coin, puis elle dégrafa ma tunique. Je ne lui prêtai nulle attention et d’un pas léger je glissai sur les dalles froides et sautai dans la baignoire où je barbotai joyeusement. Je sentais avec délices les vaguelettes me frôler, me lécher, me dissimulant à la vue perçante de Nesté, si bien que je pouvais me caresser tout à loisir. Quel plaisir ensuite que de la laisser me masser et m’oindre d’huile parfumée ! Xanthippe et ses pareilles ne semblaient pas tirer de ces choses un aussi vif plaisir que moi. Peut-être était-ce parce qu’un Thésée ne les y avait pas initiées…
    Une autre de mes esclaves avait disposé mon péplos en cercle par terre. Je me plaçai en son centre. Elles le redressèrent puis rattachèrent autour de ma taille. Il était lourd, mais j’y étais habituée, car cela faisait maintenant deux ans que je portais des vêtements de femme. Depuis mon retour d’Athènes. Ma mère avait jugé ridicule de m’habiller en fillette après ce qui s’y était passé. On me présenta ensuite ma large ceinture, qu’on ne pouvait lacer que si je retenais ma respiration. Une esclave fit passer mes cheveux bouclés dans mon diadème d’or, une autre orna mes oreilles d’une paire de boucles en cristal de roche. Je tendis mes pieds nus, un à la fois, pour qu’on

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