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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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lui couvrait les épaules et des bracelets du même métal entouraient ses poignets. Je contemplai son pagne pourpre, ses jambes galbées et ressentis un frémissement que depuis des années je n’avais plus éprouvé. De dos il avait belle allure, mais sans doute aurait-il le profil chevalin, me dis-je avec cynisme Il se retourna. Je le vis, je l’aimai. Si j’étais la perfection faite femme, lui était l’homme parfait. Je le regardai, stupidement muette. Nul défaut. L’absolue perfection. Et j’en étais éprise.
    — Ma reine, dit Ménélas en s’avançant, voici le prince Pâris. Nous devons envers lui nous montrer courtois et pleins d’attentions, car il m’offrit à Troie un excellent accueil.
    Puis, se tournant vers Pâris, l’air interrogateur :
    — Es-tu toujours incrédule, ami ?
    — Non… Non.
    Ménélas exultait.
    Quel cauchemar que ce dîner ! Le vin coula à flots mais, en tant que femme, je n’en pus boire une goutte. Cependant quelque dieu espiègle poussa Ménélas, habituellement si sobre, à boire et boire encore. Pâris trônant entre nous, je ne pouvais me rapprocher suffisamment de mon mari pour l’empêcher de lever sa coupe. Et le prince troyen se conduisit sans nulle retenue ni sagesse. Naturellement, j’avais remarqué la lueur qui avait enflammé son regard quand il avait posé les yeux sur moi. Mais il en allait ainsi de tous les hommes, qui retrouvaient ensuite leur réserve. Pour Pâris, il n’en fut rien. Oubliant qu’à la table d’honneur nous étions observés par la Cour tout entière, il me couvrit de compliments insensés tout au long du repas et ses regards étaient outrageusement intimes.
    Prise de panique, je tentai de faire en sorte que nos observateurs pour la plupart des espions d’Agamemnon – ne remarquent rien d’inconvenant. M’efforçant d’être distante mais polie, j’accablai Pâris de questions : Comment vivait-on à Troie ? La ville était-elle très éloignée de l’Assyrie et de Babylone ? Y parlait-on grec ?
    Mais il savait s’y prendre avec les femmes, répondant avec aisance et autorité, tandis que ses yeux effrontés vagabondaient de mes lèvres à mes cheveux, de mes doigts à mes seins.
    Comme le repas se prolongeait indéfiniment, Ménélas ne parvint bientôt plus à articuler et ne vit rien d’autre que sa coupe. Pâris s’enhardit. Il se penchait si près que je sentais son souffle sur mes épaules, la douceur de son haleine. Je m’éloignais de lui, jusqu’à me trouver à l’extrémité du banc.
    — Les dieux sont cruels de n’accorder qu’à un seul homme la jouissance d’une telle beauté, murmura-t-il.
    — Prince, veille à tes paroles ! Je t’en prie, un peu de décence !
    Il sourit en guise de réponse. J’avais de la peine à respirer. Une secrète moiteur me fit serrer les genoux.
    — Je t’ai vue t’enfuir cet après-midi, vêtue de ta tunique transparente, poursuivit-il comme si je n’avais rien dit.
    Le rouge me monta aux joues. Je priai pour que nul ne le remarque.
    Il avança la main et me saisit le bras. Je sursautai, ce contact m’était insupportable. J’éprouvais la même sensation que quand grondait le dieu du Tonnerre.
    — Prince, je t ’ en prie  ! Mon époux va t’entendre.
    Il remit en riant sa main sur la table, mais si vite qu’il renversa la coupe qui était devant lui ; le vin se répandit, rouge sur le bois clair. Comme je faisais à un esclave signe de nettoyer, Pâris se pencha vers moi.
    — Je t’aime, Hélène.
    Les esclaves avaient-ils entendu ? J’observai Ménélas ; complètement ivre, il avait les yeux dans le vague. Il était bien trop saoul pour venir dans la nuit me rejoindre. Ses hommes le transportèrent dans ses appartements et me laissèrent, seule, regagner les miens.
    Je restai longtemps assise à la fenêtre, pensive. Que faire ? Un unique repas auprès de cet homme et déjà j’étais désarmée. Il me traquait, intrépide, pensant que mon mari était trop obtus pour remarquer son jeu. Mais c’était l’ivresse du vin. Demain Ménélas serait sobre et même les plus sots ont des yeux. De plus, l’un des nobles le mettrait en garde, car Agamemnon les payait pour tout remarquer. Si l’un d’eux déclarait que j’étais infidèle, dans l’heure Agamemnon le saurait. Pâris aurait la tête tranchée et moi aussi. Moi aussi  !
    Tiraillée entre peur et désir, je me torturais. À quel point je l’aimais ! Mais quel était

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