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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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me dirigeai vers le palais, il ne me posa aucune question. Peut-être savait-il déjà ce que Lycomède savait aussi, quand il m’accueillit dans la cour. Il attendait, abattu, consterné.
    — J’ai reçu un message de Thétis, dit-il.
    — Alors tu sais ce qu’on exige de nous.
    — Oui.
    Ma femme était assise à la fenêtre quand j’entrai. En entendant le bruit de la porte, elle se retourna et me tendit les bras en souriant. Je l’embrassai sur la joue et regardai par la fenêtre le port et la petite cité.
    — Est-ce là toute la liesse que t’inspirent nos retrouvailles ? remarqua Déidamie.
    — Tu sais sûrement ce que tout le monde sait, soupirai-je.
    — Que tu dois t’habiller en femme et te dissimuler dans le gynécée de mon père. Mais seulement quand il y aura des étrangers et cela n’arrivera pas souvent.
    — Comment m’y résoudre, Déidamie ? Quelle humiliation ! Ma mère a trouvé la façon parfaite de se venger ! Cette vipère bafoue ma virilité !
    Ma femme frissonna, leva la main droite pour écarter le mauvais œil.
    — Ne l’irrite pas davantage, Achille ! C’est une déesse ! Tu lui dois le respect.
    — Jamais ! marmonnai-je. Elle n’a nul respect pour moi, pour ma virilité. On va bien rire, à la Cour !
    Cette fois Déidamie frémit.
    — Il n’y a pas de quoi rire, répliqua-t-elle.

10
    Récit d’Ulysse
     
    Grâce aux vents et aux courants favorables, il était plus facile d’atteindre Iolcos par la mer que par la longue route tortueuse qui traversait les terres. Nous partîmes donc en bateau, cabotant le long de la côte. Quand nous entrâmes dans le port, j’étais sur le pont avec Ajax ; c’était la première fois que je venais chez les Myrmidons et je trouvai Iolcos très belle : le soleil d’hiver la faisait miroiter tel un cristal de roche. Derrière le palais se dressait le mont Pélion couronné de neige, d’un blanc immaculé. Je m’enveloppai dans mes fourrures, soufflai sur mes mains et demandai à Ajax :
    — Aborderas-tu le premier, cher colosse ?
    Il acquiesça tranquillement ; il ne comprenait jamais les plaisanteries. Il enjamba le bastingage et descendit l’échelle de corde. Vêtu d’une simple tunique, il ne semblait pas avoir froid. Je le laissai nager jusqu’à la plage et lui criai de nous trouver un moyen de transport quelconque. Étant connu à Iolcos, il aurait le choix parmi ceux qui seraient disponibles.
    Dans l’abri construit sur l’arrière-pont, Nestor empaquetait ses effets personnels.
    — Ajax est parti nous chercher un char. Te sens-tu la force de descendre jusqu’à la plage ou préfères-tu attendre ici ? lui demandai-je en plaisantant, car j’adorais faire enrager Nestor.
    — Me crois-tu donc infirme ? J’attendrai sur la plage, rétorqua-t-il d’un ton brusque.
    Il alla sur le pont d’un pas vif tout en marmonnant, repoussa un marin qui voulait l’aider et descendit l’échelle aussi lestement qu’un jeune garçon.
    Pélée nous accueillit chez lui en personne. Je l’avais souvent rencontré autrefois, quand nous étions plus jeunes. À présent c’était un vieillard, mais il se tenait encore très droit et avait un port de tête majestueux. Un bel homme et un sage.
    Assis confortablement devant le feu qui brûlait sur un brasero à trois pieds, du vin chaud à disposition, je lui dis la raison de notre visite. Bien que Nestor fût plus âgé que moi, on m’avait désigné comme porte-parole.
    — Agamemnon nous envoie pour solliciter une faveur, seigneur.
    Son regard perçant se posa sur moi.
    — Il s’agit d’Hélène. Ai-je tort ?
    — Les nouvelles se propagent aussi vite que l’éclair.
    — J’attendais un courrier royal. En vain. Jamais on n’a tant travaillé dans mes chantiers navals.
    — Comme tu n’as pas prêté le serment de l’étalon, Pélée, Agamemnon ne t’a pas dépêché de messager. Rien ne t’oblige en effet à soutenir la cause de Ménélas.
    — Tant mieux. Je suis bien trop vieux pour faire la guerre.
    Nestor estima que je prenais trop de détours.
    — En fait, cher Pélée, ça n’est pas toi mais ton fils que nous cherchons. Nous aidera-t-il ?
    Le grand roi de Thessalie se raidit.
    — Achille… Je m’y attendais, malheureusement. Je ne doute pas qu’il accepte avec empressement la proposition d’Agamemnon.
    — Pouvons-nous lui parler, en ce cas ? demanda Nestor.
    — Assurément.
    — Agamemnon te remercie, Pélée,

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