Le clan de l'ours des cavernes
te souviens de la fois o˘ nous nous sommes réunis pour que chacun exprime ce qu'il pensait d'elle et du fait qu'elle avait osé chasser ? J'ai souvent repensé à cette réunion depuis qu'elle est partie. Je ne pensais pas qu'elle reviendrait jamais, mais je me disais que, si elle retrouvait le chemin de la caverne, nous devrions faire quelque chose.
- que faudrait-il faire ? Nous n'avons rien à faire ! Elle est de retour, et il n'y a rien de changé. C'est toujours une fille, Brun.
- Et si je désirais changer quelque chose, moi, y a-t-il une cérémonie pour cela ?
- Mais une cérémonie pour quoi faire ? insista Mog-ur qui ne comprenait toujours pas. Tu n'as pas besoin de cérémonie pour modifier ton comportement envers elle. De quels changements veux-tu parler ? Je ne peux pas te répondre si tu n'en dis pas davantage !
- Voilà, je voudrais que tous les totems de notre clan soient heureux, Mogur, et que tu organises une cérémonie, mais je ne sais pas si une telle cérémonie existe.
- Je n'y comprends absolument rien ! s'exclama Mog-ur, exaspéré par les propos sybillins de Brun.
Brun baissa les yeux, découragé. Tout ce qu'il avait échafaudé pendant l'absence d'Ayla s'écroulait lamentablement, faute de pouvoir l'exprimer clairement.
- Moi-même, je ne comprends pas très bien, alors comment pourraisje t'en parler ? Et qui aurait cru qu'elle allait revenir ? Je ne comprendrai jamais rien aux esprits, mais c'est pour ça que tu es là ! Tu ne m'aides pas beaucoup d'ailleurs. De toute façon, toute cette histoire est ridicule, et je ferais mieux d'y repenser sérieusement.
Brun tourna les talons, laissant le vieux sorcier dans la confusion la plus complète.
- Dis à la fille que je désire la voir, ajouta-t-il en se retournant une dernière fois avant de regagner son foyer.
Creb rentra chez lui perplexe.
- Brun veut voir Ayla, annonça-t-il en arrivant.
- Il veut la voir tout de suite ? dernanda Iza en poussant un plat de viande vers la jeune fille. Il voudra bien attendre qu'elle ait fini de manger, n'est-ce pas ?
- «a y est, j'ai fini. Je ne pourrais rien avaler de plus. J'y vais. Ayla se présenta au foyer du chef aux pieds duquel elle s'assit, les yeux baissés. Il portait les mêmes chausses que le jour de la malédiction mais cette fois-ci, elle ne ressentit aucune crainte. Loin d'avoir peur du chef du clan, elle le respectait davantage. Elle attendit très longtemps qu'une tape sur l'épaule lui fît relever la tête.
- Je vois que tu es de retour, Ayla, commença-t-il maladroitement, sans savoir qu'ajouter.
- Oui, Brun.
- Je suis surpris de te voir. Je ne m'y attendais pas du tout.
- La fille qui se tient devant toi ne s'y attendait pas non plus.
Brun était complètement dérouté. Il désirait lui parler mais ne trouvait rien à lui dire et ne savait pas non plus comment mettre un terme à
l'entretien. Ayla attendit un instant, puis lui demanda la parole.
- La fille qui est devant toi aimerait parler, Brun.
- Je te donne mon autorisation.
- La fille qui se tient devant toi, Brun, est heureuse d'être revenue. J'ai eu peur plus d'une fois et plus d'une fois j'ai cru ne jamais pouvoir rentrer à la caverne.
Brun émit un grognement. Il ne doutait pas qu'elle dise la vérité.
- Ce fut dur au début, poursuivit-elle, mais je pense que mon totem m'a protégée. Jétais trop occupée pour réfléchir, mais quand je me suis retrouvée bloquée, j'ai eu tout le temps alors de le faire.
Occupée ? Bloquée ? que se passe-t-il donc dans le monde des esprits ? se demanda Brun qui faillit lui poser la question, mais préféra ne pas trop en apprendre.
- Brun ! ... poursuivit Ayla en hésitant légèrement.
Elle voulait lui exprimer sa gratitude pour lui avoir laissé une chance.
Elle voulait lui dire qu'elle avait compris son dilemme, que sa sentence avait été juste et la plus humaine possible, mais cela n'était pas facile à
dire.
- Brun, reprit-elle, la fille qui se tient devant toi t'est reconnaissante.
Tu m'as dit un jour que tu m'étais reconnaissant d'avoir sauvé la vie de Brac... Aujourd'hui, c'est moi qui le suis envers toi, pour avoir sauvé la mienne.
Cette déclaration était bien la dernière à laquelle Brun s'attendait de la part d'une fille qu'il avait maudite. Il est vrai qu'elle ne prétend pas m'être reconnaissante pour avoir ordonné son ch‚timent, pensa-t-il. At-elle donc compris que je lui ai donné sa chance, la seule et unique chance que je
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