Le clan de l'ours des cavernes
Je peux retourner à la caverne La fillette entreprit d'élargir l'ouverture avec son b‚ton et fit tomber de grands blocs de neige compacte. Une fois l'entrée dégagée, elle se força à
se calmer et à penser sérieusement à son départ. Tout en grignotant un morceau de viande fumée, elle passa en revue ce qu'elle désirait emporter.
En réfléchissant, elle se mit à enfiler tous les vêtements qu'elle s'était confectionnés. Elle s'entortilla les jambes de fourrure de lapin, glissa à
ses pieds les deux paires de chausses, jeta en travers de ses épaules une autre peau de lapin, et enfin s'emmitoufla dans sa fourrure de daim, dans les replis de laquelle elle serra ses outils. Après avoir mis son capuchon et ses moufles, elle entreprit de sortir de sa prison, non sans avoir jeté
un dernier regard derrière elle.
Elle s'extirpa de la grotte par l'ouverture qu'elle avait pratiquée dans le mur de neige, mais la hauteur de ce dernier était encore telle qu'elle dut le franchir en se hissant aux branches du bouquet de noisetiers. Sa prairie était méconnaissable. L'épaisse couche de neige avait enseveli tous les repères. Dès qu'elle voulut avancer, Ayla s'enfonça profondément dans la neige, mais pas autant qu'elle le craignait, car ses larges Z, chausses offraient une grande surface portante. La progression n'en était pas moins lente et difficile. Marchant à petits pas, elle réussit à se frayer un chemin vers ce qui avait été l'impétueux ruisseau. Elle s'y arrêta pour décider de la route à suivre : longerait-elle le cours d'eau gelé jusqu'à la rivière pour gagner la caverne en faisant un grand détour, ou emprunterait-elle le chemin le plus direct ? Impatiente d'arriver, elle opta pour le plus court, sans imaginer à quel point cet itinéraire pouvait être dangereux.
quand le soleil parvint au zénith, elle avait à peine parcouru la moitié du chemin. Malgré la chaleur de ses rayons, il faisait un froid vif et Ayla commençait à se sentir fatiguée. En descendant une pente raide et verglacée, son pied glissa sur des éboulis. Dans leur chute, ceux-ci ébranlèrent des roches, entraînant avec elles une coulée de neige qui renversa la jeune fille et la précipita au bas de la pente dans un grondement formidable d'avalanche.
Creb était réveillé quand Iza s'approcha sans bruit, un bol d'infusion br˚lante à la main.
- Je savais que tu ne dormais pas, Creb, et j'ai pensé que tu aimerais boire quelque chose de chaud avant de te lever. La neige s'est arrêtée de tomber cette nuit.
- Oui, je sais, j'ai vu le ciel bleu ce matin à l'entrée de la caverne. Ils s'assirent tous deux pour boire leur infusion matinale, comme ils le faisaient souvent depuis la disparition d'Ayla, cherchant dans cette intimité un réconfort susceptible de remplir le vide créé par son absence.
Uba n'avait plus go˚t à rien, personne n'avait su la convaincre de la mort de son amie et elle ne cessait de la réclamer. Elle rendait la vie difficile à Iza, qu'une toux persistante torturait de nouveau, l'empêchant de trouver le sommeil.
Creb avait terriblement vieilli. Pas une seule fois il n'était retourné
dans la grotte sacrée, depuis le jour fatal o˘ il s'était adressé aux esprits. Il avait alors disposé les os blanchis de l'ours des cavernes en deux rangées parallèles, l'une d'elles passant sur le cr‚ne de l'animal. Il n'osait revoir la disposition des ossements et ne cherchait même plus à
communiquer avec les esprits protecteurs. Il avait songé à se retirer de ses fonctions de mog-ur pour les confier à Goov, et Brun l'avait exhorté à
n'en rien faire, quand Creb l'avait informé de son projet.
- Pourquoi ferais-tu cela, Mog-ur ? lui avait demandé le chef.
- que peut faire un homme quand il devient trop vieux pour rester assis de longs jours dans la grotte sacrée ? Il y fait froid et mes rhumatismes me font de plus en plus souffrir.
- N'entreprends rien à la h‚te, Creb, avait répondu Brun avec douceur.
Réfléchis encore.
Creb avait réfléchi et pris la décision de nommer Goov à sa place en ce deuxième jour suivant la dernière lune.
- Je pense que je vais laisser Goov me remplacer, Iza, armonça-t-il à la femme assise à ses côtés.
- La décision n'appartient qu'à toi seul, Creb, dit Iza, sans chercher à le dissuader. (Elle savait qu'il n'avait plus le coeur à rien, depuis qu'il avait accompli la malédiction sur Ayla.) Le délai est dépassé, n'est-ce
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