Le clan de l'ours des cavernes
pouvais lui accorder ? Cette étrange fille serait-elle capable de comprendre plus de choses que les chasseurs, et peut-être même que Mog-ur ?
A n'en pas douter, décida-t-il. Et, pour la première fois, il regretta l'espace d'un instant qu'elle ne f˚t pas un garçon. Jamais une femme ne lui avait inspiré pareil sentiment. Il n'avait plus besoin de réfléchir à ce qu'il voulait demander à Mog-ur. Il le savait clairement à présent.
- Je ne sais pas ce qu'ils complotent, et je ne pense pas que les chasseurs eux-mêmes le sachent, disait Ebra. Tout ce que je sais, c'est que je n'ai jamais vu Brun aussi agité.
Les femmes étaient ensemble, s'occupant de préparer le festin que Brun leur avait demandé, un festin dont l'objet était un mystère pour tout le monde.
- Mog-ur a passé toute la journée et une partie de la nuit dans la grotte sacrée. Une cérémonie se prépare, c'est s˚r. quand Ayla n'était plus là, il n'y a jamais mis les pieds, et maintenant c'est tout juste s'il en sort de temps en temps, raconta Iza. Il a la tête tellement ailleurs qu'il en oublie de manger. Et quand ça lui arrive de le faire, il ne sait pas ce qu'il mange.
- Mais si c'est pour une cérémonie, pourquoi Brun a-t-il passé la moitié de la journée à dégager tout un espace au fond de la grotte ? demanda Ebra avec des gestes vifs. quand je lui ai proposé de le faire à sa place, il m'a chassée. Ils ont déjà un lieu pour les cérémonies pourquoi travaillerait-il comme une femme là-bas derrière ?
- Ce ne peut être qu'une cérémonie, affirma Iza. Brun et Mog-ur projettent quelque chose, mais ils en font tout un mystère. J'ai vu Mog-ur transporter je ne sais quoi de la grotte sacrée à l'endroit que dégageait Brun.
Ayla se laissait aller dans la chaude compagnie des femmes. Elle avait parfois du mal à croire qu'elle se trouvait là, dans la caverne, à préparer la cuisine avec ses compagnes. Celles-ci n'étaient pas cependant très à
l'aise en sa présence. Elles l'avaient crue morte, et son retour parmi elles était un miracle. Et elles ne savaient que dire à quelqu'un revenu du royaume des morts. Mais Ayla ne s'en préoccupait pas ; elle était seulement heureuse d'être là. Elle regardait Brac réclamer le sein à Oga.
- Comment va son bras ? demanda-t-elle à la jeune mère assise à côté
d'elle.
- Vois toi-même, Ayla. (Elle écarta un pan de sa fourrure et montra à Ayla le bras de Brac.) Iza lui a enlevé son attelle la veille de ton retour. Son bras est guéri. Un peu plus maigre que l'autre, mais il deviendra plus fort quand il recommencera de s'en servir.
Ayla examina les cicatrices.
- Les cicatrices sont encore rouges, mais ça partira avec le temps. (Elle regarda l'enfant.) Est-ce que tu es fort, Brac ? (L'enfant hocha vigoureusement la tête.) Fort comment ? Montre-moi. (Elle tendit son avant-bras.) Non, pas avec cette main, l'autre. (Elle désigna le bras blessé.
Brac changea de main et essaya d'abaisser l'avant-bras d'Ayla. Ayla éprouva un instant la force de sa poussée, puis laissa retomber son bras.) Tu es fort, Brac. Un jour, tu seras un grand chasseur, comme Broud.
Elle tendit les mains vers le petit garçon, qui d'abord hésita, puis avança le buste pour qu'elle le prenne dans ses bras. Elle le souleva dans les airs, puis se rassit en le prenant sur ses genoux.
- Brac a grandi. Il est lourd, et tellement costaud.
L'enfant resta quelques instants sur ses genoux sans broncher puis il parut se rappeler qu'il avait faim, et quitta Ayla pour retrouver le sein de sa mère.
- Tu as de la chance d'avoir un si beau garçon, Oga, dit Ayla.
- Gr‚ce à toi, répondit Oga, abordant enfin un sujet qu'elle avait d'abord fui. Je ne t'ai jamais dit combien je te suis reconnaissante. Au début, j'étais tellement inquiète pour lui, et puis je ne savais que te dire. Je ne le sais toujours pas. Je ne m'attendais pas à te revoir ; c'est difficile à croire que tu es de retour. Tu as eu tort de toucher à une arme, et je ne sais pas pourquoi tu chasses, mais j'ai eu mal quand tu es partie, et je suis bien heureuse de te savoir de nouveau parmi nous.
- Moi aussi, ajouta Ebra, tandis que les autres femmes hochaient la tête en signe d'approbation.
Ayla fut profondément touchée par ces marques d'amitié, et elle s'efforça de contenir ses larmes, phénomène étranger aux membres du Peuple du Clan.
- Je suis heureuse d'être de retour, signifia-t-elle, et les larmes lui
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