Le clan de l'ours des cavernes
échappèrent.
Iza en connaissait maintenant la cause, les autres femmes en avaient une idée, et leurs hochements de tête exprimèrent leur compréhension.
- Comment c'était, Ayla ? demanda Oga, les yeux emplis de compassion.
- C'était une grande solitude, Oga, répondit-elle. Vous me manquiez tellement, tous. (Comme une grande tristesse se lisait sur les visages des femmes, Ayla essaya de détendre l'atmosphère.) Même Broud me manquait, ajouta-t-elle.
- Alors il fallait que ce soit vraiment une grande solitude, commenta Aga, en coulant un regard embarrassé vers Oga.
- Je sais bien que Broud n'a pas un caractère facile, reconnut Oga. Mais il est mon compagnon, et il ne me traite pas mal.
- Ne t'excuse pas pour lui, Oga, dit Ayla, qui éprouvait de l'amitié pour la jeune femme. Tout le monde sait que Broud tient à toi. Tu devrais être fière de lui. Il sera un jour chef, et c'est un chasseur courageux, c'est lui qui a frappé le premier le mammouth. Tu n'y peux rien s'il ne m'aime pas. C'est en partie ma faute ; je ne me suis pas toujours bien comportée envers lui. J'ignore comment tout cela a commencé ni pourquoi, et si je le pouvais, j'aimerais bien faire la paix avec lui. Mais quoi qu'il en soit, tu n'as pas à t'inquiéter de ça.
- Broud est d'une nature emportée, dit Ebra. Il n'est pas comme Brun. Mogur ne s'est pas trompé en lui attribuant comme totem le rhinocéros. Malgré
toi, tu l'auras aidé à se contrôler, Ayla.
- Je ne sais pas, dit Ayla. Peut-être ne serait-il pas comme ça sans moi.
Ma présence réveille en lui ce qu'il a de pire.
Un silence tendu suivit ces paroles. Il était rare que les femmes parlent aussi librement de leurs compagnons, mais la discussion avait cependant créé une intimité inattendue entre Ayla et ses compagnes. Iza décida sagement qu'il était temps de changer de sujet :
- Est-ce que quelqu'un sait o˘ se trouvent les tubercules ? demandat-elle à
la ronde.
- Ils étaient dans le fond, là o˘ Brun a dégagé l'espace, répondit Ebra. «a m'étonnerait qu'on les retrouve.
Broud avait vu Ayla en compagnie des femmes. quand elle prit Brac dans ses bras, il se souvint que c'était gr‚ce à elle que le fils de sa compagne était en vie. Il n'avait cependant pas oublié qu'elle avait été le témoin de son humiliation. Comme les autres, il avait été frappé de stupeur par son retour. Le premier jour, il ne put s'empêcher d'éprouver une certaine appréhension à chaque fois qu'il la croisait, puis il se mit à
considérer comme une nouvelle insolence son changement d'attitude, que Creb interprétait comme une maturité naissante, et Brun comme la conscience d'être placée sous le signe de la chance.
Ayla ne mentait pas. Dans son extrême solitude, elle s'était surprise parfois à regretter Broud et ses exigences, plus supportables que le vide de ces regards qui ne la voyaient plus, que ce néant brutal auquel tous l'avaient réduite dès l'instant o˘ la malédiction avait été prononcée.
Durant les deux premiers jours qui suivirent son retour, elle s'avoua prendre grand plaisir à sentir le regard de Broud posé sur elle avec une insistance proche de la fascination.
Au troisième jour, les vieilles habitudes reprirent le dessus, et Broud recommença de la harceler, Mais Ayla répondait désormais à toutes ses demandes avec une soumission tellement sereine que le jeune homme enrageait. La patience d'Ayla semblait inépuisable. Elle s'acquittait des t
‚ches qu'il lui imposait avec une indifférence royale. Et plus Broud s'acharnait, plus il tentait de la pousser à la faute, à provoquer en elle un geste de rébellion, plus elle lui opposait un calme que rien n'aurait pu ébranler.
Broud avait un besoin fondamental d'être reconnu et de s'imposer aux autres. L'indifférence d'Ayla le rendait fou de frustration. Pour lui, elle n'avait d'autre cause que le fait que la jeune fille l'avait vu se faire réprimander comme un petit garçon par Brun et qu'elle n'avait plus depuis aucun respect pour son autorité. En vérité, il la haÔssait surtout parce qu'elle lui ravissait toujours l'attention qu'il se sentait en droit d'attendre.
Il suffisait à cette étrangère d'apparçtre pour que tous les regards se tournent vers elle. Elle avait un totem très puissant ; elle vivait dans le foyer de Mog-ur, qui l'aimait de tout son coeur ; elle avait toutes les chances de devenir une grande guérisseuse ; elle avait sauvé Ona de la noyade,
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