Le clan de l'ours des cavernes
moi si je n'avais pas d'enfant, avoua Iza.
- Mais tu as eu Uba.
- Au bout d'un certain temps, la magie a d˚ perdre son pouvoir. Ou bien peut-être mon totem n'avait-il plus envie de lutter, ou encore peut-être voulait-il que j'aie un enfant ? Je n'en sais rien. Il existe des forces plus puissantes que la magie, Ayla. Personne ne pourra jamais connaCitre vraiment le monde des esprits, pas même Mog-ur. qui aurait cru que ton totem p˚t s'avouer vaincu ? (Iza jeta un coup d'oeil furtif autour d'elle avant de poursuivre.) Vite, que je termine avant le retour de Creb. Tu vois cette petite plante grimpante jaune avec des fleurs et des feuilles toutes petites ?
- Le fil d'or ?
- Exactement. On l'appelle aussi l'herbe-qui-étrangle, parce qu'elle tue la plante autour de laquelle elle s'enroule. Après l'avoir fait sécher, tu en fais bouillir une poignée, dans assez d'eau pour remplir l'écuelle d'os, jusqu'à ce qu'elle ait pris une couleur de foin m˚r. Il faut en boire deux gorgées tous les jours durant lesquels ton totem ne se bat pas.
- Ne peut-on également en faire des empl‚tres contre les piq˚res et les démangeaisons ?
- Mais oui, et cela te fournira un excellent prétexte pour en avoir toujours en réserve. Il y a encore autre chose que l'on peut prendre, mais cette fois, quand ton totem se bat : la racine de sauge, fraîche ou séchée.
Il faut la faire en infusion, et en boire une tasse par jour pendant tout le temps de ton isolement.
- N'est-ce pas la plante aux feuilles dentelées que tu donnes à Creb pour ses rhumatismes ?
- Oui, c'est elle. Je connais enfin un autre remède qui m'a été communiqué
par la guérisseuse d'un autre clan. Tu sais, nous échangeons nos recettes entre nous. Je n'ai pu l'expérimenter moi-même car il s'agit d'un tubercule qui ne pousse pas dans nos régions. Il faut le couper en morceaux, le faire bouillir et l'écraser en p‚te, que l'on réduit en poudre une fois séchée.
Mais il faut en prendre une assez grande quantité, une moitié de bol de poudre délayée dans de l'eau, une fois par jour, pendant tout le temps oŸ
ton totem ne se bat pas.
A ce moment-là, Creb entra dans la caverne et surprit les deux femmes en grande conversation. Il se rendit compte au premier regard de la transformation d'Ayla. La jeune fille était à la fois éveillée, attentive et souriante.
Elle a d˚ se reprendre un peu, pensa-t-il en gagnant son foyer.
- Iza, cria-t-il pour attirer leur attention. Suis-je condamné à mourir de faim, aujourd'hui ?
La guérisseuse se leva précipitamment, l'air contrit, tandis qu'à la grande joie de Creb Ayla s'activait.
- Ce sera bientôt prêt, annonça-t-elle.
Et tandis qu'il s'installait sur sa natte, Uba fit irruption dans la caverne.
- J'ai faim ! s'exclama-t-elle.
- Toi, tu as toujours faim, Uba, dit Ayla en faisant tournoyer la petite fille.
Uba était aux anges ; c'était la première fois de tout l'été qu'Ayla était d'humeur à jouer avec elle.
Plus tard, après le dîner, Uba se pelotonna sur les genoux de Creb. Ayla chantonnait tout doucement en aidant Iza à faire le nettoyage. Le vieux sorcier poussa un soupir d'aise. Les garçons sont très importants pour le clan, pensa-t-il, mais je crois que je préfère les filles. Au moins, elles n'ont pas besoin de démontrer leur bravoure à tout bout de champ et ne craignent pas de se blottir dans vos bras pour s'endormir.
Le lendemain matin, Ayla s'éveilla étourdie de bonheur en se rappelant sa découverte de la veille. Soudain impatiente de se lever, elle pensa aller se laver les cheveux à la rivière. Elle se força toutefois à manger quelque chose avant de partir, et fut agréablement surprise de constater qu'elle ne rendait pas aussitôt ce qu'elle avalait, comme c'était le cas chaque matin ces derniers temps. Elle se h‚ta de quitter la caverne, mais elle n'avait pas fait trois pas en direction de la rivière qu'elle s'entendit appeler.
- Ayla ! lui cria Broud sur un ton méprisant en lui faisant le signe convenu.
La jeune fille s'arrêta, médusée. Elle avait complètement oublié
l'existence de son tourmenteur et ne songeait plus qu'à bercer un bébé dans ses bras, son bébé. Espérons qu'il va se dépêcher, se dit-elle en adoptant la position que Broud attendait pour satisfaire ses désirs.
Mais Broud ne se sentait pas en forme. Il lui manquait quelque chose. La haine, la rage qu'elle n'était jamais parvenue à dissimuler complètement
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