Le clan de l'ours des cavernes
barre sur elle. En dépit de sa perspicacité, Creb ne pouvait en deviner la nature.
Le lendemain, Ayla, redoutant de quitter le foyer, fit durer son repas matinal aussi longtemps que possible. Mais Broud l'attendait, excité par le souvenir de son plaisir de la veille. quand il lui fit de nouveau le signe convenu, elle fut tentée de prendre la fuite, mais elle se résigna. Malgré
ses efforts pour demeurer silenîieuse, la souffrance lui arracha des cris qui suscitèrent la curiosité de tous ceux qui se trouvaient à proximité.
Ils ne comprenaient pas plus ces cris de douleur que le soudain intérêt de Broud pour cette laideronne.
Broud jouissait du nouveau pouvoir qu'il exerçait sur Ayla et il en usait largement, à la grande surprise du clan qui le voyait délaisser son avenante compagne pour cette fille hideuse qu'il haÔssait. Au bout de quelque temps, Ayla cessa de souffrir mais elle continua de détester cela.
Et c'est justement ce qui plaisait à Broud. Il l'avait remise à sa place, il avait affirmé sa supériorité et enfin trouvé un moyen de la faire réagir. Il aimait la voir trembler à son approche, il se délectait de sa soumission forcée. Il lui suffisait d'y penser pour se sentir envahi d'un désir frénétique. Son activité sexuelle, déjà considérable, s'était encore accrue. Tous les matins o˘ il ne partait pas à la chasse, il la prenait, puis de nouveau le soir et parfois même dans le courant de la journée. Il lui arrivait souvent de se réveiller la nuit dans un état de grande excitation, et il se soulageait alors sur sa compagne. Il était jeune et sain, au zénith de sa puissance sexuelle, et plus elle le haÔssait pour ce qu'il lui faisait subir, plus il en tirait du plaisir.
Ayla perdit tout son entrain. Elle se sentait abattue, morose, sans plus de go˚t à rien. Un seul sentiment l'occupait : sa haine implacable pour Broud et le viol quotidien de son corps qu'il lui infligeait.
Si elle s'était toujours montrée propre et soignée, multipliant les ablutions à la rivière, ses cheveux à présent formaient une masse terne et emmêlée, et elle portait continuellement le même vêtement, sans jamais se préoccuper de le nettoyer. Elle ren‚clait à accomplir les corvées ménagères, obligeant les hommes les moins brutaux à la corriger. Elle perdit tout intérêt pour les plantes médicinales, cessa de parler, si ce n'est pour répondre à des questions directes, ainsi que d'aller à la chasse. Le malaise provoqué par son état gagna tout le monde au foyer de Creb.
Iza, qui ne comprenait pas les motifs de ce changement soudain, était fort inquiète. Elle savait que cela tenait à l'inexplicable intérêt que Broud portait à Ayla, mais il dépassait son entendement de voir une telle cause produire un tel effet. Elle surveillait attentivement Ayla, et quand la jeune femme commença à éprouver régulièrement au réveil un malaise, elle craignit qu'un mauvais esprit se f˚t emparé d'elle.
Mais Iza, en guérisseuse expérimentée, fut la première à remarquer qu'Ayla ne respectait pas l'isolement relatif auquel les femmes étaient astreintes lorsque leurs totems se battaient, et elle redoubla de vigilance envers sa fille adoptive. L'hypothèse qui lui vint à l'esprit lui parut d'abord extravagante. Mais après Pécoulement d'une autre lune, Iza se sentit s˚re de son fait. Un soir, en l'absence de Creb, elle appela Ayla.
- Je voudrais te parler.
- Oui, répondit Ayla en se traînant auprès d'elle.
- quand ton totem s'est-il battu pour la dernière fois, Ayla ?
- Je n'en sais rien.
- Je veux que tu fasses un effort pour y réfléchir. Les esprits se sontils battus en toi depuis que les arbres ont perdu leurs fleurs ?
La jeune fille rassembla avec peine ses souvenirs.
- Une fois, peut-être.
- C'est bien ce que je pensais, dit Iza. Tu as des nausées le matin, n'estce pas ?
- Oui.
Ayla croyait que ses malaises étaient dus aux assauts de Broud, si pénibles à supporter qu'elle en vomissait son repas du matin et même parfois celui du soir.
- Est-ce que tu as mal aux seins ?
- Oui, un peu.
- Et ils ont grossi, n'est-ce pas ?
- Je crois. Mais pourquoi poses-tu ces questions ?
- Ayla, dit-elle en la regardant avec sérieux, je ne comprends pas ce qui a pu se passer et j'ai même du mal à y croire, mais je suis s˚re d'avoir raison.
- Et en quoi as-tu raison ?
- Ton totem a été vaincu, tu vas avoir un enfant.
- Un enfant, moi ? Mais je ne
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