Le clan de l'ours des cavernes
plus tard Bébé. Même avec ses animaux, la solitude lui avait pesé, mais elle avait su se procurer à manger et fabriquer les objets dont elle avait besoin ; elle avait appris la joie d'une liberté totale. Pour la première fois, elle pouvait faire ce qu'elle voulait, même adopter une pouliche ou un lionceau.
Ne dépendre que d'elle-même lui avait révélé qu'un être humain livré à la solitude pouvait vivre un temps dans un bien-être relatif tant qu'il restait jeune, fort et en bonne santé. Ce n'est qu'en tombant gravement malade qu'elle avait pris conscience de
sa vulnérabilité.
Ayla avait alors compris qu'elle n'aurait pas survécu si le Clan n'avait permis à une petite fille faible et blessée, rendue orpheline par un tremblement de terre, de vivre en son sein, alors qu'elle appartenait à
ceux que les membres du Clan appelaient les Autres. Plus tard, quand Jondalar et elle avaient vécu chez les MamutoÔ, elle s'était aperçue que la vie en groupe, n'importe quel groupe, même si on y reconnaissait l'importance des souhaits et des désirs individuels, limitait la liberté de chacun car les besoins de la communauté étaient tout aussi importants. La survie reposait sur une volonté commune de coopérer, Clan, Camp ou Caverne, hommes et femmes résolus à travailler ensemble et à s'entraider. Il y avait toujours lutte entre l'individu et le groupe. Trouver un équilibre acceptable était un défi constant, mais qui n'allait pas sans avantages.
La cohésion du groupe assurait plus que la satisfaction des besoins essentiels de chacun. Elle offrait aussi du temps libre pour se consacrer à
des t‚ches plus agréables qui, chez les Autres, favorisaient l'éclosion d'un sens esthétique. Leur art était moins un art en soi qu'une partie inhérente de leur vie, de leur existence quotidienne. Presque tous les membres d'une Caverne zelandonii pouvaient s'enorgueillir d'une habileté
particulière et appréciaient à des degrés divers les résultats du talent des autres. Dès le plus jeune ‚ge, les enfants tentaient différentes expériences pour trouver le domaine dans lequel ils excelleraient, et les activités pratiques n'étaient pas jugées plus importantes que l'art.
Ayla se rappela que Shevonar, l'homme qui était mort pendant la chasse aux bisons, avait fabriqué des lances. Il n'était pas le seul membre de la Neuvième Caverne à savoir en faire, mais la spécialisation développait le talent, talent qui conférait un statut particulier, souvent économique.
Chez les Zelandonii, comme chez la plupart des autres peuples qu'Ayla connaissait, la nourriture était partagée, mais le chasseur ou le cueilleur qui la fournissait acquérait un certain prestige. Un homme ou une femme pouvait vivre sans jamais fournir d'efforts pour trouver à manger. Sans une activité spécialisée ou un talent particulier, source de prestige, personne ne pouvait vivre bien.
Même si c'était pour elle une notion difficile à saisir, Ayla avait appris comment les Zelandoni échangeaient biens et services. Presque tout ce qui était fait ou fabriqué avait de la valeur, même si
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généralement définie par le consensus, ou par le marchandage individuel. En conséquence, un talent exceptionnel était mieux récompensé qu'une habileté
commune, en partie parce que, plus apprécié, l'objet était plus demandé, en partie parce qu'il fallait souvent plus de temps pour bien le fabriquer. Le talent et l'habileté étaient hautement considérés, et la plupart des membres d'une Caverne avaient un sens esthétique développé dans leur domaine.
Une lance bien faite et décorée avec go˚t avait plus de valeur qu'une lance bien faite mais simplement fonctionnelle, laquelle avait plus de valeur qu'une lance mal faite. Un panier tressé avec maladresse servait autant qu'un panier joliment orné, avec des motifs subtils, ou peint de couleurs variées, mais il suscitait beaucoup moins la convoitise. On réservait l'objet purement pratique aux racines qu'on venait de déterrer, puis, une fois ces racines nettoyées ou séchées, on les gardait dans un panier plus beau. Les objets et les outils qui remplissaient une fonction immédiate étaient souvent jetés après usage, alors que l'on conservait celui qui était beau et de bonne facture.
Les Zelandonii n'appréciaient pas seulement l'habileté manuelle, ils faisaient aussi grand cas des divertissements. Les hivers glaciaux les
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