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Le clan de l'ours des cavernes

Le clan de l'ours des cavernes

Titel: Le clan de l'ours des cavernes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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enseigna comment vivre dans les grottes et se vêtir de fourrures. Protège-nous de la Glace de Montagne, et des Esprits de la Neige Poudreuse et de la Neige Cristalline qui lui donnèrent naissance. Ce clan implore le Grand Ours des Cavernes de les protéger du malheur, alors que nous sommes sans abri. Ton clan, tes hommes, implorent l'Esprit le plus vénéré, l'Esprit du Puissant Ursus de les accompagner dans leur marche.
    Puis Mog-ur fit appel aux capacités de son énorme cerveau.
    Ces hommes primitifs, dénués ou presque de lobes frontaux, au langage limité par des organes vocaux atrophiés, mais nantis de cerveaux volumineux
    - plus volumineux que ceux de toutes les espèces humaines anciennes ou à
    venir - étaient uniques en leur genre. Ils formaient l'aboutissement d'une espèce humaine dont le cerveau était développé à l'arrière du cr‚ne, dans les régions occipitales et pariétales qui contrôlent la vision, les perceptions corporelles, et qui sont le siège de la mémoire.
    Et c'était leur mémoire qui faisait d'eux des êtres hors du commun. Le savoir inconscient des comportements ancestraux qu'on appelle l'instinct avait évolué. Entreposés à l'arrière de leurs gros cerveaux, il n'y avait pas seulement leurs propres souvenirs mais ceux de leurs ancêtres. Ils pouvaient ainsi se rappeler le savoir que ceux-ci leur avaient légué et, dans certaines circonstances particulières, ils pouvaient faire plus : ils étaient capables de se souvenir de leur mémoire raciale, de leur propre évolution. Et quand ils allaient encore plus loin dans le passé, ils parvenaient à se fondre dans la mémoire collective et unir télépathiquement leurs esprits.
    Ce talent était exceptionnellement développé dans le cerveau de l'infirme.
    Creb, le doux Creb, dont l'énorme masse cervicale lui avait valu une naissance difficile et sa difformité même, avait appris, devenu mog-ur, à
    se servir des capacités de ce cerveau pour fusionner en un seul esprit les identités assises autour de lui et, tel un pilote, à guidci cet esprit. Il pouvait les emmener jusqu'à leurs origines, jusqu'à ce qu'ils deviennent dans leurs esprits n'importe lequel de leurs premiers géniteurs. Il était Mog-ur, et son pouvoir était réel ; il ne se limitait pas à quelques effets d'ordre physique ou à la connaissance de certaines plantes narcotiques. La drogue comme la dramaturgie du rite n'étaient pour lui que de simples auxiliaires.
    En cette nuit calme et sombre, constellée d'étoiles anciennes, quelques hommes eurent ainsi des visions impossibles à décrire. Sensations plus que visions, car ils les éprouvaient de l'intérieur et se souvenaient d'impénétrables commencements. Dans les profondeurs de leurs propres esprits, ils retrouvèrent les impressions des créatures flottant dans la mer, ils revécurent la douleur de leur première respiration à l'air libre et redevinrent des amphibiens partageant les deux éléments.
    Parce qu'ils vénéraient l'ours des cavernes, Mog-ur évoqua le mammifère primitif, à l'origine des espèces qui suivraient, et il unit leurs esprits à celui du premier ours. Ainsi deviendraient-ils à travers les ‚ges chacun des descendants du premier mammifère, prenant par là conscience de leur parenté avec toute vie sur terre et ressentant la nécessité d'un respect pour les animaux qu'ils tuaient, respect qui s'exprimait dans le choix des totems appelés de leurs voeux à les protéger.
    Tous les esprits n'en formaient qu'un seul, et ce ne fut qu'en se rapprochant du présent qu'ils se séparèrent en même temps qu'ils retrouvaient leurs derniers ascendants, leurs tout derniers géniteurs, et enfin reprenaient conscience d'eux-mêmes. Ce voyage à travers les ‚ges n'avait en vérité duré que quelques minutes et, comme chaque homme sortait de sa transe, il se levait sans h‚te pour regagner le campement et dormir d'un sommeil sans rêves, car ceux-ci restaient derrière lui à l'intérieur du cercle des torches.
    quand ils furent tous partis, Creb resta seul à méditer. Il songea à leur capacité de connaître le passé avec une profondeur qui exaltait les ‚mes.
    Pourtant cela le laissait toujours insatisfait, car l'avenir leur restait invisible. Ils ne parvenaient même pas à imaginer un futur quelconque. Lui seul en avait une idée, encore celle-ci était-elle des plus floues.
    Le Clan était incapable de concevoir un futur différent du passé, incapable d'entrevoir la

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