Le clan de l'ours des cavernes
au milieu, se trouvaient à présent génétiquement ancrées. Les hommes comme les femmes acceptaient leurs rôles sans opposer la moindre résistance. Ils étaient tout aussi incapables de chercher à
modifier la nature de leurs rapports que de transformer la structure de leur cerveau.
Après le départ des hommes, les femmes firent cercle autour d'Ebra, en espérant qu'lza se joindrait à elles et satisferait enfin leur curiosité.
Mais la guérisseuse, fatiguée, préféra rester auprès de la fillette. Elle s'allongea à ses côtés et s'enveloppa avec elle dans la fourrure, puis regarda longuement l'enfant endormie à la lueur du feu déclinant.
Etrange petite chose, pensa-t-elle. Plutôt laide d'une certaine façon. Son visage parait si plat avec ce front haut et bombé et ce petit bout de nez.
Et quel drôle d'os saillant sous la bouche. Je me demande quel peut être son ‚ge ? Plus petite que je ne l'ai d'abord pensé. Sa taille m'a trompée. Elle est si maigre que je sens tous ses os. Pauvre bébé, depuis combien de temps erres-tu sans manger ? Iza entoura le corps frêle d'un bras protecteur. La femme qui avait souvent soigné et guéri de jeunes animaux blessés ne pouvait faire moins pour la petite créature humaine, si frêle, si vulnérable qu'elle en avait le coeur serré.
Mog-ur se tenait à l'écart pendant que chaque homme prenait place derrière l'une des pierres disposées en un petit cercle à l'intérieur d'un cercle plus grand délimité par des torches. Ils se trouvaient en terrain dégagé
loin du campement. quand tous les hommes furent assis, le sorcier attendit encore un peu puis il pénétra dans le cercle, tenant enflammée une petite torche de plantes aromatiques.
quand il eut planté la torche dans le sol, devant son b‚ton, il vint se placer au milieu du cercle, et là, dressé de toute sa hauteur sur sa bonne jambe, il porta vers la steppe un regard rêveur et lointain, comme s'il voyait de son unique oeil un monde qui demeurait invisible aux autres.
Enveloppé dans son épaisse fourrure d'ours des cavernes, avec sa silhouette difforme qui le différenciait des autres, Mog-ur dégageait une force envo˚tante et mystérieuse qui prenait toute sa dimension lors des rites qu'il célébrait.
Soudain, d'un geste emphatique, il sortit un cr‚ne et de son bras gauche musculeux le leva haut au-dessus de sa tête et tourna lentement sur luimême de façon à ce que chaque homme p˚t voir le gros cr‚ne de l'ours des cavernes luire d'un blanc laiteux à la lueur des flammes dansantes des torches. Il déposa ensuite le cr‚ne devant le flambeau aromatique encore fumant et, s'accroupissant derrière celui-ci, il compléta le cercle.
Un homme jeune assis à côté de lui se leva et ramassa un grand bol en bois.
Il avait dépassé sa onzième année, et la cérémonie de son passage à l'‚ge d'homme avait eu lieu peu de temps avant le tremblement de terre. Goov avait été choisi comme servant de Mog-ur dès son enfance et il avait souvent aidé le sorcier dans ses préparatifs, mais les servants n'étaient autorisés à participer aux rites eux-mêmes qu'une fois adultes. C'était la première fois que Goov servait dans une cérémonie depuis qu'ils erraient à
la recherche d'une caverne, et le garçon ressentait une certaine appréhension.
Pour Goov, trouver une nouvelle caverne revêtait une signification particulière. C'était pour lui l'occasion unique d'apprendre du grand Mogur les rites complexes et difficilement transmissibles qui marquaient la célébration d'un nouveau lieu de résidence pour le clan. Enfant, il avait redouté le sorcier, bien qu'il f˚t conscient de l'honneur d'avoir été
choisi comme servant. En grandissant, il avait peu à peu découvert que l'infirme n'était pas seulement le mog-ur le plus habile de tous les clans mais que la laideur de ses traits masquait un coeur bon et généreux. Aussi Goov n'avait-il pas seulement un grand respect mais encore une vive affection pour son mentor.
Il avait commencé la préparation du breuvage sitôt que Brun avait ordonné
la halte. Il lui avait d'abord fallu broyer entre deux pierres plates des pieds entiers de datura. Le plus difficile était d'estimer la quantité
exacte de plante, feuilles et sommités comprises, qu'on laisserait ensuite macérer dans de l'eau bouillante jusqu'au moment de la cérémonie.
Goov avait versé la puissante infusion au datura dans la coupe réservée au rite, la
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