Le clan de l'ours des cavernes
qu'elle avait ressenti quand elle s'était retrouvée seule. Il avait tracé de nouvelles voies dans le cerveau d'Ayla, des voies qui lui permettaient d'entrevoir l'avenir, mais il ne pouvait en faire autant luimême. Il n'avait perçu que l'impression fugitive d'une possibilité qui n'était pas pour lui, mais pour elle seule.
Mog-ur ne pouvait pratiquement pas concevoir d'idées abstraites et il lui fallait fournir un effort immense pour compter un peu au-delà de vingt. Son esprit, il le savait, était beaucoup plus puissant que celui d'Ayla, mais leurs génies étaient de nature différente. Il pouvait se remémorer leurs origines à tous les deux, mieux que quiconque dans tout le Peuple du Clan.
Il pouvait même la faire se souvenir. Mais il sentait en elle la jeunesse et la vitalité d'un organisme nouveau : une mutation s'était à nouveau produite, dont il était exclu.
- Dehors !
Ayla sursauta à son ordre brutal, surprise qu'il ait crié si fort. Puis elle se rendit compte qu'il n'avait proféré aucun son. L'ordre lui avait été transmis de l'intérieur.
- Sors de la grotte ! Vite ! Sors de là
Elle quitta sa cachette et s'enfuit en courant dans le tunnel. Certaines lampes s'étaient éteintes, mais il en restait suffisamment pour qu'elle retrouve son chemin. Un silence profond régnait dans la caverne o˘ les hommes et les garçons dormaient d'un sommeil sans rêves. Elle se précipita dehors.
Il faisait encore nuit, mais l'aube commençait à poindre. Ayla ne ressentait plus l'effet du puissant breuvage mais elle était complètement épuisée. Elle vit les femmes étendues sur le sol, exténuées, et elle s'allongea à côté d'Uba.
quand Mog-ur sortit de la caverne, quelques instants plus tard, elle était profondément endormie. Il contempla sa longue chevelure blonde, si différente de celle des autres femmes, comme l'était également toute sa personne, et une immense tristesse l'envahit. Il n'aurait pas d˚ la laisser partir. Il aurait d˚ au contraire la conduire devant les hommes et la faire mourir sur-le-champ. Mais à quoi cela aurait-il servi ? Cela n'aurait pas évité la catastrophe que sa présence à la cérémonie allait déclencher, cela n'aurait pas empêché la malédiction de s'abattre sur le Peuple du Clan. A quoi bon la tuer ? Ayla incarnait une autre espèce, et puis elle était celle qu'il aimait.
25
Goov sortit de la caverne, se frotta les yeux, ébloui par le soleil, et s'étira. Il vit Mog-ur, assis tout vo˚té sur une souche, fixant le sol d'un air absent, et songea à lui demander la permission de regarnir les lumignons de peur que quelqu'un ne se perde dans le dédale des tunnels.
Mais à la vue de la mine défaite et accablée du grand sorcier, il préféra ne pas l'importuner. Je m'en occuperai tout seul, décida-t-il.
Mog-ur se fait vieux, songea le servant en regagnant la caverne, une vessie de graisse d'ours ainsi que de nouvelles mèches à la main. J'ai tendance à
oublier son ‚ge. Le voyage a été une rude épreuve pour lui, et la cérémonie l'a vidé de toute son énergie. Il doit appréhender le îetour, c'est naturel. Etrange tout de même, se fit-il la remarque, je ne l'avais encore jamais à ce jour considéré comme un vieux.
quelques hommes sortirent de la caverne en clignant leurs paupières alourdies par leur profond sommeil et contemplèrent le spectacle des femmes nues affalées par terre en se demandant, comme à chaque fois, ce qui avait bien pu les mettre dans cet état. Les premières femmes à se réveiller coururent à leurs vêtements et se mirent en devoir de secouer leurs compagnes avant que tout le monde soit sorti.
- Ayla, dit Uba, en tapant sur l'épaule de la jeune femme, Ayla, réveille-toi.
- Mmmmmm... geignit Ayla en se retournant.
- Ayla Ayla ! insista Uba, la secouant. Ebra, je n'arrive pas à la réveiller !
- Ayla s'exclama la femme en la bousculant sans ménagement. Ayla ouvrit faiblement les yeux et esquissa un geste, puis les referma et se roula en boule.
- Ayla ! Ayla ! cria Ebra, qui parvint à lui faire ouvrir les yeux. Va finir ta nuit dans la caverne. Tu ne peux pas rester dehors, les hommes vont arriver.
La jeune femme tituba vers la grotte. Un instant plus tard, elle cil ressortait, parfaitement réveillée, mais le visage décomposé.
- que se passe-t-il ? s'inquiéta Uba. Tu es toute blanche. On dirait que tu as vu un esprit.
- Uba ! Oh, Uba ! L'écuelle ! gémit Ayla en se laissant tomber par
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