Le clan de l'ours des cavernes
désirait considérer la question, mais je n'ai pu en savoir plus. Je crois qu'ils enverront un messager s'ils l'acceptent.
- On dit que le premier des clans a une nouvelle caverne. Il paraît que c'est la guérisseuse qui l'a découverte, qu'elle est très vaste et que les esprits la protègent.
- Je crois qu'elle est près de la mer et que les sentiers sont bien tracés.
Un bon messager pourra les trouver facilement.
Broud dut faire un effort pour ne pas corriger ces deux commères bavardes et paresseuses. Il avait le droit de corriger toute femme, de tout clan, mais la politesse exigeait qu'on en demande la permission au chef du clan auquel elle appartenait, à moins que la faute n'ait été
flagrante et publique. Or les raisons de sa colère paraîtraient probablement incompréhensibles à tout le monde.
- Notre guérisseuse prétend qu'elle est experte, était en train de dire Norg quand Broud pénétra dans la caverne.
- Elle est la fille d'lza, qui l'a parfaitement formée, répondit Brun.
- quel dommage qu'lza n'ait pas pu venir. J'ai appris qu'elle était malade.
- Oui, et c'est une des raisons pour lesquelles je dois me dépêcher. Nous avons un long chemin à parcourir. Ton hospitalité a été parfaite, Norg. Ce fut un Rassemblement des plus réussis. Nous nous en souviendrons longtemps, dit Brun.
Broud leur tourna le dos, les poings serrés, et ne vit pas le compliment que Norg adressait à Brun au sujet du fils de sa compagne. Ayla, Ayla, Ayla. C'est tout ce qu'ils savent dire ! Ils n'ont que ce mot-là à la bouche ! On dirait vraiment que personne n'a rien fait, à part elle, au cours de cette fête ! Elle a peut-être sauvé la vie à ce chasseur, mais il ne pourra probablement plus marcher. Elle est laide, elle est trop grande, son fils est difforme et personne ne sait comme elle est insolente !
A cet instant, Ayla passa en courant, les bras chargés de ballots. Elle frémit en croisant le regard haineux que lui jeta Broud. qu'ai-je bien pu lui faire ? se demanda-t-elle. Elle ne l'avait pratiquement pas vu de tout leur séjour.
Dès le repas du matin terminé, les femmes se dépêchèrent de ranger les derniers ustensiles de cuisine. Tout le monde était impatient de partir.
Après avoir fait ses adieux aux autres guérisseuses et à la compagne de Norg, Ayla prit place dans le rang, à la tête des femmes du clan de Brun.
Au signal de son chef, la petite colonne s'ébranla. Avant de disparaître au détour du chemin, les voyageurs s'arrêtèrent et se retournèrent une dernière fois vers la caverne. Norg et son clan au grand complet se tenaient sur le seuil.
- qu'Ursus vous accompagne ! leur lança Norg avec de grands gestes.
Brun se remit en marche. Ils ne reverraient pas Norg avant sept ans, et peut-être même plus jamais. Seul l'Esprit du Grand Ours des Cavernes le savait.
Ainsi que l'avait prévu Brun, le voyage de retour se révéla particulièrement pénible pour Creb. Son vieux corps, usé par les ans, n'était plus stimulé par l'approche des festivités et le vieillard sentit ses forces lui manquer plus d'une fois. Il ne mettait plus le moindre entrain à accomplir les rites du soir, et ses gestes étaient raides, comme s'il officiait à contrecoeur. Brun n'avait jamais vu le sorcier aussi abattu. Il avait remarqué que Creb et Ayla gardaient leurs distances, et si la jeune femme n'avait aucun mal à suivre, il était évident que sa démarche avait perdu toute sa vivacité. Il a d˚ se passer quelque chose entre eux, pensa-t-il.
Ils avaient traversé de vastes prairies aux herbes hautes et desséchées pendant une bonne partie de la matinée. Brun jeta un coup d'oeil derrière lui. Creb n'était pas en vue. Il allait faire signe à l'un de ses hommes quand il changea d'avis et s'approcha d'Ayla.
- Retourne chercher Mog-ur, dit-il.
Etonnée, Ayla acquiesça. Confiant Durc à Uba, elle revint sur ses pas en courant et découvrit Creb qui marchait péniblement, courbé en deux sur son b‚ton. Elle n'avait su que lui dire depuis la réponse qu'il lui avait faite après qu'elle lui eut confié sa peine. Elle savait que ses articulations enflammées le faisaient durement souffrir, mais il avait refusé ses soins avec une telle obstination qu'elle n'osait plus rien lui proposer. Il s'arrêta net en la voyant.
- qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il.
- C'est Brun qui m'a envoyée.
Creb bougonna et se remit en route, Ayla sur ses talons. Après l'avoir observé qui
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