Le clan de l'ours des cavernes
lui gardait. Ils se sentirent très mal à l'aise lors du premier repas matinal sans Uba.
- Tu as encore faim, Creb ? demanda Ayla.
- Non, non. J'ai assez mangé, répondit le sorcier.
Il la regarda débarrasser les restes du repas, pendant que Dure se resservait allégrement des deux mains. Bien qu'il e˚t à peine plus de deux ans, le garçon était tout à fait sevré. Toutefois, il allait encore téter Oga et Ika, qui venait de mettre au monde un autre enfant, mais c'était pour le plaisir du contact chaud et rassurant des femmes qui l'avaient nourri, et aussi parce qu'elles voulaient bien le laisser faire. La venue d'un nouveau-né contraignait d'ordinaire la femme à refuser son lait aux enfants plus ‚gés, à plus forte raison déjà sevrés, mais Ika faisait exception pour Dure. Le garçon, cependant, savait ne pas abuser de ce privilège. Il ne tltait jamais longtemps et s'abstenait de demander quand elle venait d'allaiter son nourrisson.
Oga aussi se montrait fort indulgente envers lui, et il en profitait. Grev, qui était pratiquement sevré, sautait alors sur l'occasion, et on les voyait parfois tous les deux dans les bras d'Oga, tétant chacun un sein, jusqu'à ce que la curiosité de l'un pour l'autre les arrache aux mamelles.
Dure était aussi grand que Grev, mais un peu moins fort. quand ils luttaient ensemble, Grev avait le plus souvent le dessus, mais Dure le battait aisément à la course. La paire était inséparable, et ils se retrouvaient à la moindre occasion.
- Tu emmènes le petit avec toi ? s'enquit-il après un silence pesant.
- Oui, acquiesça-t-elle en essuyant les mains et le visage de son fils. Je lui ai promis de l'emmener chasser et je dois également ramasser quelques plantes. Il fait si beau aujourd'hui ! Tu devrais sortir, toi aussi, Creb, ajouta-t-elle. Le soleil te fera le plus grand bien.
- Oui, oui, plus tard.
L'espace d'un instant, elle hésita à lui proposer de faire une promenade le long de la rivière, comme par le passé, mais le vieil homme était absorbé
dans ses pensées. Creb, après s'être assuré qu'elle avait bien quitté les lieux, saisit son b‚ton mais, trouvant trop fatigant de se lever, le reposa.
Ayla prit la direction de la rivière, Dure sur sa hanche et son panier de cueillette dans le dos. Creb l'inquiétait beaucoup. Ses facultés mentales, pourtant considérables, déclinaient doucement. Il était plus distrait que jamais, et il lui reposait souvent des questions auxquelles elle avait déjà répondu. Il sortait rarement de la caverne, même quand le temps était beau et ensoleillé. Il restait assis des heures durant, prétendant méditer et finissant par s'endormir sur place.
Dès qu'elle se fut éloignée de la caverne, Ayla se détendit et retrouva ses grandes et souples enjambées de coureuse des bois. Sa liberté d'allure ainsi que la beauté de l'été dissipèrent toutes les préoccupations qui l'agitaient. En arrivant dans une clairière, elle laissa Dure marcher tout seul et s'arrêta pour cueillir des plantes. Il la regarda faire, puis arracha une poignée d'herbe et de luzerne qu'il lui apporta fièrement dans son petit poing serré.
- C'est très bien, Dure, dit Ayla en déposant les herbes dans son panier.
- Dure chercher encore, babilla l'enfant qui s'éloigna en courant.
Accroupie sur ses talons, Ayla observait son fils aux prises avec une grosse touffe. L'herbe céda brusquement et le petit garçon retomba brutalement sur le derrière. Il fronça son visage pour crier, plus surpris qu'endolori, mais Ayla s'empressa de le soulever dans ses bras et le fit sauter plusieurs fois en l'air. Dure gloussa de plaisir et la jeune femme s'amusa à le chatouiller rien que pour l'entendre rire.
La mère et le fils ne riaient que lorsqu'ils étaient seuls. Dure apprit très vite que personne d'autre n'appréciait ni n'approuvait ses sourires et ses éclats de rire. S'il faisait à toutes les femmes du clan le gesie traditionnel pour dire " maman ", il savait bien qu'Ayla n'était pas comme les autres. Il se sentait beaucoup plus heureux avec elle et adorait se promener en sa compagnie. Mais ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était le nouveau jeu qu'ils avaient inventé tous les deux.
- Ba-ba-na-ni-ni, ‚nonna Dure.
- Ba-ba-na-ni-ni, répéta Ayla.
- No-na-ni-gou-la, ajouta Dure.
Ayla l'imita encore une fois en le chatouillant gentiment, uniquement pour le plaisir de l'entendre rire de nouveau. Puis elle articula une série
Weitere Kostenlose Bücher