Le clan de l'ours des cavernes
souviens, j'ai bien essayé, mais je n'ai pas pu m'empêcher de regarder, se rappela Uba. Il est passé devant Uka, qu'il a appelée maman, et il s'est dirigé droit vers Grod pour lui grimper sur les genoux.
- Je sais, répondit Ayla. De ma vie je n'ai vu Grod aussi stupéfait.
J'étais s˚re qu'il allait se mettre en colère quand Durc s'est mis à jouer avec sa grande lance. Mais il s'est contenté de la lui enlever des mains en disant : " Plus tard, Durc chasser comme Grod ! "
- Je crois que, si Grod l'avait laissé faire, il serait parti avec sa lance !
- Il ne se couche jamais sans le petit épieu qu'il lui a taillé, dit Ayla, qui souriait, attendrie par le rappel de ces petites scènes dont Durc était le héros. Tu sais combien Grod est peu loquace, poursuivitelle avec des gestes allègres. J'ai été surprise de le voir arriver l'autre jour. Il m'a à peine saluée, est allé tout droit à Durc et lui a mis dans les mains cet épieu ; il lui a aussi montré comment le tenir. Et tout ce qu'il a dit en repartant, c'est : " Puisque le petit a tellement envie de chasser, il faut qu'il ait une arme à lui. "
- quel dommage qu'Ovra n'ait jamais eu d'enfant. Grod aurait été si heureux ! dit Uba. C'est peut-être pour ça qu'il aime autant Dure. Brun aussi d'ailleurs, j'en suis certaine. quant à Zoug, il commence déjà à lui montrer comment se servir d'une fronde. J'ai l'impression qu'il n'aura aucune difficulté à apprendre à chasser. A voir la façon dont ils se comportent avec Durc, on dirait que tous les hommes du clan sont les compagnons de sa mère, à l'exception de Broud... Et c'est peut-être la vérité, Ayla. Dorv a toujours prétendu que leurs totems à tous s'étaient ligués pour vaincre ton Lion des Cavernes.
- Je crois que tu ferais bien d'y aller, Uba, déclara Ayla pour changer de sujet. Je vais t'accompagner une partie du chemin. Il s'est arrêté de pleuvoir. Les fraises sauvages doivent être m˚res. Tu en trouveras un vrai champ à mi-chemin sur le sentier. Je monterai te voir plus tard.
Goov traça à l'ocre jaune le symbole du totem de Vorn sur celui d'Uba.
- Acceptes-tu cette femme pour compagne ? demanda Creb avec des gestes solennels.
Vorn tapa Uba sur l'épaule et la jeune femme le suivit dans la caverne.
Puis Creb et Goov accomplirent le même rituel pour Borg et Ona qui, à leur tour, gagnèrent le nouveau foyer o˘ ils allaient passer une longue période d'isolement. Une brise légère faisait frissonner les feuilles des arbres, dont le vert prenait des couleurs tendres dans la lumière matinale. quand l'assemblée se dispersa, Ayla prit Durc dans ses bras pour le ramener à la caverne, mais l'enfant se mit à gigoter pour descendre.
- D'accord, Durc, dit Ayla. Tu marches tout seul, mais tu viens manger un peu de bouillie.
Tandis que sa mère préparait le repas du matin, Durc s'échappa pour aller retrouver Uba et Vorn. Ayla eut juste le temps de le rattraper.
- Durc veut voir Uba, dit le petit garçon.
- Non, Durc. Personne n'a le droit de leur rendre visite pendant quelque temps. Mais si tu es bien gentil et que tu manges bien ta soupe, je t'emmènerai chasser avec moi.
- Dure bien gentil. Pourquoi Durc peut pas voir Uba ? demanda l'enfant, radouci par la promesse d'aller à la chasse avec sa mère. Pourquoi Uba mange pas avec nous ?
- Elle ne vivra plus dans ce foyer, Durc. Elle est la compagne de Vorn, maintenant, tu comprends ?
Dure n'était pas le seul à regretter le départ d'Uba. Le foyer paraissait vide depuis qu'elle l'avait quitté, laissant Creb, Ayla et l'enfant seuls.
Dès lors, la tension entre le vieil homme et la jeune femme se manifesta de plus en plus clairement. Aucun des deux n'avait réussi à oublier les remords qu'il éprouvait à l'égard de l'autre. Plus d'une fois, en voyant le vieux sorcier sombrer dans la mélancolie, Ayla avait voulu lui passer les bras autour du cou et le serrer contre elle comme elle le faisait autrefois ; mais elle s'était retenue, répugnant à s'imposer à lui.
Creb ressentait le même manque d'affection et la même retenue, sans savoir que son isolement affectif ne faisait qu'aggraver son abattement. A chaque fois qu'il avait surpris la douleur d'Ayla, regardant son fils au sein d'une autre femme, il aurait voulu aller la prendre dans ses bras. Iza aurait su trouver les mots et les gestes appropriés mais Iza n'était plus, et chacun se désespérait de ne pouvoir exprimer à l'autre tout l'amour qu'il
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