Le clan de l'ours des cavernes
découvert qu'à l'abri des épaisses forêts o˘ les prédateurs eux aussi vivaient dissimulés. Les animaux des plaines avaient un instinct grégaire qui les poussait à vivre en hardes et non en solitaires ou en petits groupes, comme c'était le cas des espèces de la forêt.
Iza devina qu'ils allaient probablement revenir sur leurs pas, après avoir escaladé en vain les pentes raides de la montagne. Les nuages qui s'amoncelaient et la pluie menaçante jetaient un voile lugubre sur les voyageurs désemparés. Iza déposa Ayla sur le sol et se débarrassa de son fardeau. Profitant pleinement de la liberté de mouvement que lui offrait de nouveau sa jambe en voie de guérison, l'enfant gambadait joyeusement.
quelques instants plus tard, Iza la vit disparaître derrière un gros épaulement rocheux. Elle ne tenait pas à ce que la fillette s'éloigne trop.
La discussion des hommes pouvait prendre fin d'un moment à l'autre, et Brun verrait assurément d'un fort mauvais ceil leur départ retardé par sa faute.
Elle s'élança à sa recherche, et à peine eut-elle contourné la roche qu'elle aperçut Ayla, mais ce qu'elle découvrit au-delà de la fillette lui fit battre le coeur à tout rompre.
Elle fit aussitôt demi-tour, jetant force regards par-dessus son épaule.
N'osant pas interrompre Brun et ses hommes, en plein conseil, elle attendit impatiemment que la discussion prît fin. Brun devina en la voyant qu'il se passait quelque chose d'anormal. Dès que les hommes se préparèrent, Iza se précipita vers lui et s'assit les yeux baissés, position qui indiquait son désir de lui parler. Il était libre de lui accorder la parole ou de la refuser ; le choix lui appartenait entièrement. S'il ignorait sa présence, elle n'aurait pas le droit de lui dire ce qui la préoccupait.
Brun se demanda ce qu'elle voulait. Il avait remarqué la fugue de la petite fille ; rien ou presque de ce qui se passait dans le clan ne lui échappait, mais des problèmes plus pressants l'occupaient. Il doit s'agir de l'enfant, pensa-t-il avec déplaisir, et il fut tenté de négliger la requête d'Iza.
quoi qu'en dise Mog-ur, Brun ne voyait pas d'un oeil serein la présence de la fillette. En levant les yeux, il rencontra le regard du sorcier. Il s'efforça de deviner les pensées de l'infirme, mais ne put parvenir à
pénétrer le visage impassible.
Brun reporta son regard sur la femme assise à ses pieds, visiblement très agitée. Il n'était pas insensible à sa soeur qu'il estimait tout particulièrement. Elle s'était toujours bien conduite, donnait l'exemple aux autres femmes et l'avait rarement importuné avec des demandes futiles.
Peut-être devrait-il la laisser parler ; il n'était pas obligé de satisfaire l'objet de sa requête. Il tendit le bras et lui tapa sur l'épaule.
Iza, à ce geste, expira bruyamment ; elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait durant tout ce temps retenu son souffle. Il l'autorisait à
parler ! Il avait mis si longtemps à se décider qu'elle était persuadée de recevoir un refus. Elle se releva et, pointant le doigt en direction de l'arête rocheuse, elle prononça un seul mot
- Caverne !
Brun partit aussitôt dans la direction que lui indiquait Iza. A peine eutil tourné l'arête rocheuse qu'il s'arrêta net, fasciné par ce qui s'offrait à sa vue. Une bouffée d'enthousiasme l'envahit soudain. Une caverne ! Et quelle caverne ! Il sut dès le premier instant que c'était celle qu'il cherchait, mais il lutta néanmoins pour contrôler son émotion et refréner ses espoirs. Il s'obligea à concentrer son attention sur les possibilités qu'elle offrait ainsi que sur son emplacement et ne remarqua même pas la petite fille.
Il se trouvait à une centaine de mètres mais, même de là, l'entrée de la caverne, de forme grossièrement triangulaire, laissait présager un espace intérieur plus que suffisant pour y loger à l'aise tout le clan. Elle était orientée plein sud, bénéficiant ainsi du soleil pendant la majeure partie de la journée. Brun inspecta rapidement les environs. Deux falaises escarpées, l'une au nord et l'autre au sud-est, protégeaient un ruisseau qui coulait le long d'une pente douce, ajoutant un atout supplémentaire à
une liste déjà longue. C'était le site le plus exceptionnel qu'il e˚t jamais vu. Contenant sa joie, il fit signe à Grod et à Creb de le rejoindre pour examiner la caverne de plus près.
Les deux hommes accoururent vers leur chef,
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