Le clan de l'ours des cavernes
savoir prononcer le nom de quelqu'un était très important. Elle se pencha et toucha l'enfant comme Creb l'avait fait.
La fillette répéta son nom au grand désespoir d'Iza qui se révéla incapable d'en prononcer la moindre syllabe, La petite fille, désolée, jeta un coup d'oeil à Creb et articula son nom à la manière du vieillard.
- Aaay-ghha, dit la femme avec difficulté. Aaaya-ya ?
- Non, Aaay-lla, reprit Creb très lentement pour qu'Iza, puisse mieux saisir.
- Aaaya-lla, parvint à articuler Iza au prix d'un grand effort pour imiter son frère.
La petite fille sourit, peu lui importait que son nom ne f˚t pas très bien prononcé ; Iza avait eu tant de mal à répéter celui que lui avait indiqué
Creb qu'elle l'accepta désormais comme le sien. Elle serait donc Ayla.
L'enfant tendit spontanément les bras vers la femme et l'embrassa.
Iza la serra doucement contre elle, puis la repoussa. Il lui faudrait apprendre à la fillette que les démonstrations d'affection n'avaient pas cours en public. Ayla était folle de joie. Elle s'était sentie tellement perdue, tellement isolée parmi ces inconnus. Elle avait ressenti une déception si cruelle de ne pouvoir communiquer avec la femme qui prenait soin d'elle. Ce n'était qu'un début, mais au moins pouvaientelles désormais s'appeler l'une l'autre par leurs noms. Elle se tourna vers l'homme qui était à l'origine de ce commencement de communication et ne le trouva plus aussi laid. Elle éprouva soudain pour lui un grand élan d'affection et, comme elle l'avait fait si souvent avec cet autre homme dont la silhouette flottait dans ses souvenirs, elle passa ses bras autour du cou de l'infirme et, attirant sa tête vers elle, elle posa sa joue contre la sienne.
Ce geste affectueux ébranla profondément Creb. Il résista au désir de lui rendre son étreinte car il était impensable qu'on le vît embrasser cette étrange fillette hors des limites du foyer familial. Mais il la laissa presser sa petite joue ferme et douce contre son visage broussaillant de barbe avant de se dégager.
Creb ramassa son b‚ton et s'en aida pour se relever. Comme il s'éloignait, il songea à l'enfant. Je vais lui apprendre à parler et à communiquer correctement, se promit-il. Je ne vais tout de même pas confier son éducation à une femme. Il ne pouvait se cacher cependant que son véritable désir était de passer davantage de temps avec l'enfant. Sans en être vraiment conscient, il la considérait déjà comme un membre à part entière du clan.
quant à Brun, il n'avait pas réfléchi aux conséquences que pourrait avoir la permission donnée à Iza de recueillir une enfant étrangère. Toutefois, il ne pensait pas avoir commis une erreur. Comment auraitil pu prévoir qu'ils trouveraient sur leur route une fillette blessée n'appartenant pas à
la race du Clan ? Gr‚ce aux soins d'lza, l'enfant était maintenant hors de danger, mais pouvait-il la chasser sans se heurter à Iza qui, bien qu'elle n'e˚t aucun pouvoir personnel, comptait maints alliés invisibles parmi les esprits ? Et voilà que Creb à son tour, le Mog-ur, homme écouté de tous les esprits, semblait manifestement séduit par la petite. Brun n'avait nulle envie de se mesurer à si forte partie. En outre, il ne s'en était pas encore fait la réflexion, mais le clan, avec l'enfant, comptait maintenant vingt et un membres.
Le lendemain matin, en examinant la jambe d'Ayla, la guérisseuse constata une nette amélioration de son état. Gr‚ce à ses soins avisés, l'infection s'était à peu près résorbée et les quatre sillons parallèles se refermaient peu à peu en s'atténuant, même s'il en resterait à jamais des cicatrices.
Iza considéra comme inutile le renouvellement de l'empl‚tre mais elle prépara néanmoins une infusion d'écorce de saule. Avec son aide, Ayla essaya de se lever. Elle grimaça de douleur en s'appuyant sur sa jambe blessée mais, au bout de quelques pas, elle eut moins mal.
Une fois debout, la fillette se révéla encore plus grande que ne le pensait Iza. Ses jambes fines, droites et fuselées o˘ pointaient des genoux arrondis incitèrent la guérisseuse à croire qu'elles étaient déformées, car tous ceux du Clan avaient les membres inférieurs fortement arqués. Mais à
part une légère claudication, l'enfant ne semblait guère éprouver de difficultés à marcher. Comme les yeux bleus, les jambes droites devaient être une caractéristique normale chez les
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