Le clan de l'ours des cavernes
qu'il était entre de bonnes mains.
Jondalar, quant à lui, sembla si soulagé lorsque Jetamio lui apporta les deux sacs que la jeune femme s'en voulut un peu de ne pas l'avoir fait plus tôt. Après l'avoir remerciée avec des mots qu'elle ne pouvait pas comprendre mais qui exprimaient clairement sa gratitude, il disparut derrière une rangée d'arbres pour enfiler ses vêtements secs.
quand il revint vers le feu, il se sentait tellement mieux qu'il n'en voulait plus à Jetamio de s'être moquée de lui. Je devais avoir l'air passablement ridicule, pensa-t-il. Mais ces pantalons étaient si humides et si froids... Ces gens-là m'ont rendu un tel service que je peux bien les laisser s'amuser à mes dépens. Sans eux, je ne sais pas ce que j'aurais fait... Comment ont-ils su que j'avais besoin d'aide ? Leur Homme qui Guérit possède-t-il ce genre de pouvoir ? S'il est capable de soigner Thonolan, le reste n'a pas d'importance... Mais en est-il vraiment capable ? se demanda-t-il soudain. Je n'ai pas revu Thonolan. Je ne sais pas s'il va mieux. Je pense que le moment est venu d'aller voir ce qui se passe. Thonolan est mon frère. Ils ne peuvent pas m'empêcher de le voir.
Jondalar déposa ses deux sacs puis, après avoir mis ses vêtements à sécher bien en évidence à côté du feu, il se dirigea vers la tente.
Au moment o˘ il allait y pénétrer, l'Homme qui Guérit en sortait et ils faillirent se heurter. Avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, le shamud sourit d'un air prévenant, fit un pas de côté et d'un geste exagérément gracieux lui proposa d'entrer.
Pendant un court instant, ils se mesurèrent du regard. Celui du shamud, toujours aussi perçant, n'avait rien perdu de son autorité. Mais il était difficile d'y discerner une intention précise. Il demeurait aussi ambigu que la couleur indéfinissable de ses yeux. Et à y regarder de plus près, son sourire prévenant avait quelque chose d'un peu ironique.
Jondalar sentit que, comme la plupart de ses pairs, ce guérisseur pouvait être un ami puissant ou un ennemi implacable.
Il hocha la tête, comme s'il réservait son jugement, sourit rapidement en signe de remerciement et pénétra dans la tente. Il fut un peu surpris de voir que Jetamio s'y trouvait déjà. Tenant la tête de Thonolan, elle était en train d'approcher un bol de ses lèvres.
Fou de joie de voir que son frère était réveillé et qu'il semblait aller mieux, Jondalar lui lança :
- J'aurais d˚ m'en douter. Tu as encore fait des tiennes.
- qu'est-ce que j'ai fait, Grand Frère ?
- Il a suffi que tu ouvres les yeux pour que la plus belle femme du coin accoure à ton chevet.
- Tu as raison de dire qu'elle est la plus belle, répondit Thonolan en regardant tendrement Jetamio. Mais que viens-tu faire dans le monde des esprits ? Au cas o˘ tu l'ignorerais, je tiens à te rappeler que cette ravissante personne est ma donii personnelle. Inutile d'essayer sur elle le fameux pouvoir de tes grands yeux bleus.
- Ne t'inquiète pas pour ça, Petit Frère. Mes grands yeux bleus ont sur elle un drôle d'effet : chaque fois qu'elle me voit, elle se moque de moi et éclate de rire.
- Elle peut rire de moi autant qu'elle veut, dit Thonolan en souriant à la jeune femme. (Et comme Jetamio lui souriait à son tour, il ajouta, d'un air extasié :) Sortir des griffes de la mort et ouvrir les yeux pour voir ça !
Un peu étonné que son frère soit tombé amoureux d'une femme avec laquelle il n'avait pu échanger un mot, Jondalar examina de plus près Jetamio en essayant de faire preuve d'objectivité.
La jeune femme avait les cheveux ch‚tain clair et elle était plus petite et plus mince que les femmes qui, en général, attiraient Thonolan. Elle aurait pu facilement passer pour une jeune fille. Avec son visage en forme de coeur et ses traits assez réguliers, elle était plutôt jolie, mais n'avait rien d'exceptionnel - jusqu'au moment o˘ elle souriait.
Une sorte de transformation alchimique se produisait alors, un changement subtil, une mystérieuse redistribution de la lumière et des ombres et elle devenait belle, totalement belle. Il suffisait qu'elle sourie pour donner cette impression. Jondalar lui-même en avait fait l'expérience. Malgré
tout, elle ne devait pas sourire souvent et, au début, il l'avait trouvée plutôt timide et réservée. Il avait bien du mal à la reconnaître maintenant : elle était rayonnante et débordante de vie. Thonolan ne la quittait pas des
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