Le clan de l'ours des cavernes
racine de saponaire à l'aide d'un gros caillou rond dans une anfractuosité de la roche en forme de cuvette et il se forma bientôt une riche mousse savonneuse. Puis elle sortit des plis de son vêtement quelques outils de pierre et divers objets, ôta sa robe de peau ainsi que l'amulette qu'elle portait autour de son cou.
Ayla fut enchantée quand Iza la prit par la main pour la conduire dans l'eau. Elle adorait se baigner. Mais après une rapide immersion, la femme la prit dans ses bras et la déposa sur le rocher o˘ elle la savonna de la tête aux pieds. Elle la rinça ensuite dans le courant après lui avoir appliqué la lotion à base de prêle, destinée à exterminer la vermine tapie dans ses cheveux. Ensuite Iza procéda aux mêmes ablutions sur sa personne pendant que la fillette jouait dans l'eau.
Tandis qu'elles se laissaient sécher au soleil, Iza ôta l'écorce d'une ramille avec ses dents et s'en servit pour démêler leurs cheveux. La finesse soyeuse des cheveux blond p‚le d'Ayla ne cessait de l'étonner. Elle trouvait cela aussi étrange que beau, certainement le meilleur et, peut-
être le seul avantage physique de la fillette, songea-t-elle en l'observant à la dérobée. Maigre, la peau claire, les yeux d'un bleu tendre, l'enfant était d'une grande laideur. Sans doute les Autres étaientils des humains, mais comme ils étaient laids ! Pauvre enfant, comment trouverait-elle jamais un compagnon ?
Si elle n'a pas de compagnon, quelle place pourra-t-elle avoir dans le clan ? Je ne voudrais pas qu'elle devienne comme cette vieille femme morte dans le tremblement de terre, pensait Iza. Si elle était réellement ma fille, elle aurait son propre rang. Je me demande si je ne pourrais pas lui apprendre l'art de soigner ? Cela lui conférerait de l'importance. Si je donne le jour à une fille, je pourrais leur enseigner mon art à toutes les deux ; et si c'est un garçon qui vient au monde, il n'y aura donc pas de femme pour prolonger ma lignée de guérisseuses. Pourtant il en faudra bien une pour me remplacer tôt ou tard. Si Ayla devient la dépositaire de mon savoir, le clan l'acceptera plus volontiers, et peutêtre un homme voudra-t-il d'elle ? Pourquoi ne serait-elle pas ma fille ? Une idée commença de germer dans l'esprit d'lza.
Elle s'aperçut soudain que le soleil était haut dans le ciel et qu'il se faisait tard. Reprenant conscience de ses responsabilités, elle décida qu'il était grand temps de préparer l'amulette d'Ayla ainsi que le breuvage à base de racines.
- Ayla, cria-t-elle à l'enfant qui s'était remise à jouer dans l'eau. La fillette arriva en courant. Iza remarqua que l'eau avait légèrement gonflé ses cicatrices, mais la guérison était presque achevée. Elle se h‚ta d'envelopper l'enfant dans sa peau de bête et, ramassant son b‚ton à fouir et la petite bourse de sa confection, elle gagna avec Ayla la crête qui surplombait la rivière. La veille, juste avant qu'elle découvre la caverne en allant chercher la petite fille, elle avait remarqué un fossé de terre rouge. Parvenue sur les lieux, elle gratta le sol de son b‚ton pour en détacher de petites mottes d'ocre rouge. Elle en ramassa quelques-unes qu'elle montra à Ayla. La fillette les examina sans trop savoir ce qu'on attendait d'elle, et finit par en toucher une. Iza prit le morceau de terre et le mit dans sa bourse qu'elle referma. Avant de se remettre en route, elle scruta les environs et aperçut de petites silhouettes qui se déplaçaient au loin dans la plaine au pied de la colline. Les chasseurs étaient partis de fort bonne heure ce matin-là.
En des temps plus reculés, les hommes et les femmes, plus primitifs encore que Brun et ses cinq chasseurs, apprirent à chasser en observant les prédateurs et en s'inspirant de leurs méthodes. Ils remarquèrent, par exemple, comment les loups, chassant en bande, avaient raison de proies dix fois plus grandes et plus fortes qu'eux. Avec le temps et l'emploi d'outils et d'armes en guise de crocs et de griffes, ils apprirent qu'ensemble eux aussi pouvaient abattre les grands animaux qui partageaient leur environnement. L'évolution de ces hommes dut beaucoup à la chasse.
La nécessité de rester silencieux afin de ne pas alerter le gibier donna naissance à tout un code de signes et de gestes leur permettant de communiquer entre eux durant les actions de chasse. Bien que la branche de l'arbre humain aboutissant au Peuple du Clan ne comport‚t pas
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