Le clan de l'ours des cavernes
toucher ?
Broud abaissa l'arme devant le petit garçon qui tendit une main timide et effleura le sang séché de l'énorme bison, qui gisait sur le sol devant la caverne.
- Tu as eu peur, Broud ? demanda-t-il.
- Brun dit que tous les chasseurs sont un peu nerveux la première fois, répondit Broud, sans vouloir avouer les appréhensions qui l'avaient saisi.
- Vorn ! Ah, te voilà enfin 1 Je croyais que tu devais aider Oga à ramasser du bois, s'exclama Aga en apercevant son fils qui avait échappé à
l'attention des femmes.
Vorn suivit sa mère à contrecoeur sans quitter des yeux sa nouvelle idole.
Brun avait assisté à la scène avec satisfaction. Il voyait dans l'attitude du fils de sa compagne la marque d'un chef, capable de manifester de l'intérêt pour un petit garçon. Plus tard, quand Broud commanderait au clan, Vorn se souviendrait de la gentillesse qu'il lui avait témoignée.
Broud regarda Vorn qui traînait les pieds dans le sillage de sa mère. La veille encore, se rappela-t-il, Ebra était venue lui demander de l'aider.
Il jeta un coup d'oeil en direction des femmes occupées à creuser une fosse et il réprima à temps une envie de s'esquiver en surprenant le regard d'admiration qu'Oga posait sur lui. Ma mère ne peut plus rien exiger de moi, à présent que je suis un homme. C'est à elle de m'obéir, désormais, pensa-t-il en gonflant la poitrine.
- Ebra ! apporte-moi de l'eau ! ordonna-t-il sur un ton impérieux, tout en redoutant que sa mère ne l'envoie quand même chercher du bois.
Après tout, il ne serait définitivement un homme, du moins officiellement, qu'après la cérémonie.
Ebra leva vers lui des yeux emplis de fierté. Il était là devant elle, son garçon qui avait si bien accompli sa périlleuse mission, son fils, aujourd'hui devenu un homme. Elle se précipita vers la mare près de la caverne et revint aussitôt avec de l'eau en dévisageant ses compagnes d'un air hautain, comme pour dire : " Regardez mon fils ! N'est-ce pas un bel homme ? N'est-ce pas un vaillant chasseur ? "
L'empressement et l'orgueil de sa mère adoucirent la crispation de Broud qui la gratifia d'un grognement de reconnaissance. La réponse d'Ebra lui fit presque autant plaisir que la lueur d'adoration qu'il lut dans les yeux d'Oga.
Oga avait le plus grand mal à se remettre de la mort de sa mère, suivie de peu par celle du compagnon de celle-ci. Le couple chérissait tendrement la jeune fille, en dépit de son sexe. La compagne de Brun s'était montrée très gentille avec elle lorsqu'elle vint au foyer du chef. Mais Oga avait peur de Brun, plus sévère que le compagnon de sa mère, et sur les épaules duquel pesaient lourdement ses responsabilités de chef. quant à Ebra, elle avait peu de temps à consacrer à la petite orpheline. Un soir qu'elle songeait seule et triste près du feu, Broud, ce garçon fier, déjà presque un homme, était venu s'asseoir à côté d'elle et lui avait offert le réconfort de son épaule. Débordante de gratitude envers lui qui, auparavant, n'avait jamais porté la moindre attention à sa personne, Oga vivait depuis ce jour dévorée par le désir de devenir la compagne du jeune homme.
Le soleil de cette fin d'après-midi était encore chaud et aucun souffle de vent ne venait troubler l'air chargé de l'inlassable bourdonnement des mouches qui se relayaient autour des restes du repas, et du bruit des femmes occupées à creuser une fosse à rôtir. Ayla, assise auprès d'Iza, ne l'avait pas quittée de la journée, mais à présent la guérisseuse devait accomplir certains rites en compagnie de Mog-ur, afin de se préparer au rôle important qu'elle aurait à jouer lors de la cérémonie d'inauguration de la caverne, fixée pour le lendemain. Elle prit la petite fille par la main et la conduisit auprès des autres femmes. Le trou qu'elles creusaient non loin de l'entrée de la caverne serait tapissé de pierres puis on allumerait un grand feu qui br˚lerait toute la nuit. Au matin, elles déposeraient au fond le bison dépecé et coupé en quartiers enveloppés de feuilles, puis recouvert d'argile sous laquelle il cuirait jusqu'au soir.
L'excavation exigeait du temps et beaucoup d'effort. Les femmes ameublissaient avec leurs b‚tons la terre qu'elles ramassaient à la main pour la déposer sur une peau de cuir qu'elles hissaient et déchargeaient hors du trou. Cependant, une fois creusée, la fosse pouvait être utilisée autant de fois qu'on le désirait,
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