Le clan de l'ours des cavernes
variées servaient aussi bien à puiser de l'eau dans la mare qu'à y cuire ou contenir divers aliments. On faisait le même usage des bols en bois.
Les larges os iliaques servaient, eux, de plats et de plateaux, tandis que les cuillers à touiller étaient faites de côtes. M‚choires, os frontaux offraient de leur côté un assortiment de coupes et de louches. Enfin des écorces de noisetier collées ensemble avec de la résine de pin et renforcées astucieusement par des tendons formaient une variété de récipients de toutes formes.
Dans une outre, suspendue au-dessus d'un feu à trépied lié par une lanière de cuir, mitonnait un savoureux potage, objet d'une surveillance sans défaut, car il fallait que le niveau du liquide dépasse toujours les flammes, maintenant ainsi une température trop basse pour que la peau risque de prendre feu. Ayla observait Uka remuer doucement des morceaux de viande coupés dans le cou du bison, qui avaient été mis à cuire avec des oignons sauvages, du pas-d'‚ne, et diverses herbes. Uka go˚tait de temps à
autre le potage, dans lequel elle avait ajouté des champignons coupés en lamelles, des chardons ébarbés, des bulbes et des bourgeons de lis, du cresson sauvage, des bourgeons de laiterons ainsi que des airelles datant d'une cueillette précédant le cataclysme et que les femmes avaient également emportées.
Les fibres dures de vieux rhizomes de massettes avaient été broyées et ôtées. Des myrtilles séchées et des graines grillées agrémentaient la p‚te des galettes de pain sans levain qui cuisaient sur des pierres près du feu.
Des ansérines, du jeune trèfle et des feuilles de pissenlit cuisaient dans une autre marmite d'osier, tandis qu'une sauce faite d'une compote de pommes séchées mélangée à des pétales de roses et à du miel mijotait sur un autre feu.
Iza avait été particulièrement contente de voir Zoug rentrer de sa chasse avec quelques lagopèdes : leur vol bas en faisait des proies faciles pour l'habile frondeur. C'était le mets préféré de Creb. Farcis d'herbes odorantes et enveloppés dans des feuilles de vigne sauvage, les go€teux volatiles cuisaient à part dans une petite fosse à rôtir. Des lièvres et des hamsters géants, dépecés et vidés, rôtissaient au-dessus des braises, 1 tandis que des tas de petites fraises sauvages brillaient d'un rouge vif au soleil.
1 C'était un festin à la hauteur de l'événement.
Ayla n'en pouvait plus d'attendre. Elle avait passé la journée entière à errer autour des plats fumants. Iza et Creb semblaient des plus affairés ; quant à Oga, elle aidait les femmes à la cuisine. Personne n'avait le temps ni le moindre désir de s'occuper de la petite fille qui, après s'être fait rabrouer à plusieurs reprises, s'efforça de se tenir à
distance.
Tandis que le soleil couchant allongeait les ombres autour de la caverne, un silence attentif s'abattit sur le clan. Tout le monde s'approcha de la fosse o˘ mijotaient les quartiers de bison. Ebra et Uka commençaient déjà à
retirer l'argile chaude qui recouvrait la bête ; ôtant la couche de feuilles roussies, elles découvrirent l'appétissante chair exhalant un fumet qui mit l'eau à la bouche de chacun. La viande fut extraite du foyer avec précaution, tant les quartiers cuits à point risquaient de se détacher. Puis le soin de découper et de servir échut à Ebra, la compagne du chef, qui, avec orgueil, offrit le premier morceau à son fils.
Broud s'avança pour recevoir son d˚ sans afficher la moindre modestie. Une fois les hommes servis, les femmes, puis les enfants reçurent leur part, la dernière étant réservée à Ayla, et un grand silence tomba sur le clan tout occupé à dévorer la viande savoureuse.
Ce fut un interminable festin o˘ chacun eut le loisir de se resservir à
volonté. Si les femmes avaient travaillé dur, les louanges qu'elles en tirèrent les récompensèrent largement de leur peine, ainsi que la pensée de ne plus avoir à cuisiner de plusieurs jours. quand tous furent gavés, ils se reposèrent, car une longue nuit les attendait.
quand la pénombre s'installa, l'atmosphère doucement paresseuse de l'aprèsmidi se chargea peu à peu de fébrilité. Sur un regard de Brun, les femmes firent rapidement disparaître les reliefs du repas et prirent place autour d'un feu dressé à l'entrée de la caverne. La disposition des membres du clan obéissait à des règles très strictes, correspondant
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