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Le clan de l'ours des cavernes

Le clan de l'ours des cavernes

Titel: Le clan de l'ours des cavernes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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sacro-saint de la chasse. Même l'étrange fillette blonde était fascinée par le spectacle.
    Broud avait pris la direction de la danse. «'avait été sa chasse, et c'était sa nuit. Conscient des réactions de son auditoire et de la peur des femmes, il y allait de ses plus belles mimiques, savourant le plaisir de se voir le centre de l'attention générale. Comédien consommé, il était parfaitement dans son élément sur cette scène primitive éclairée par les flammes d'un feu de camp, et le frisson qu'il faisait passer parmi les femmes avait une qualité érotique. Mog-ur, debout derrière son rempart de feu, suivait ses mimiques avec une attention passionnée ; s'il avait souvent entendu les hommes faire le récit de leurs chasses, il ne partageait réellement leurs émotions qu'à l'occasion de ces fêtes. Ce garçon s'est bien comporté, estima le sorcier ; il a bien mérité de son totem, et il est normal qu'il ait son heure de gloire.
    Le dernier bond du jeune homme le fit atterrir devant le grand Mogur, tandis que le battement sourd des épieux et le contrepoint plus sec de la calebasse s'achevaient sur un dernier roulement. Le vieux sorcier et le jeune chasseur se firent face. Mog-ur aussi connaissait bien son rôle. Le maître de cérémonie, dont la silhouette bancale malgré la peau d'ours qui l'enveloppait se détachait sur le fond du brasier, attendit que l'excitation de la danse f˚t apaisée. Son visage teinté d'ocre rouge lui donnait l'apparence d'un être surnaturel.
    Seuls les craquements du feu, la brise soufflant à travers les arbres et le cri d'une hyène dans le lointain venaient troubler le silence de la nuit.
    Les yeux brillants, le coeur battant, Broud ne parvenait pas à reprendre son souffle, après la danse exténuante, mais aussi en raison d'une peur incontrôlable qui l'envahissait soudain. Il savait ce qui l'attendait, mais plus le temps passait, plus ses frissons se muaient en tremblements. Le moment était venu o˘ Mog-ur allait imprimer dans sa chair la marque de son totem. Jusqu'ici Broud avait chassé cette pensée de son esprit, et à
    présent l'aura dégagée par le sorcier bien plus que la douleur physique à
    venir l'emplissait d'effroi.
    Il allait en effet pénétrer dans le monde des esprits, bien plus terrifiant que tous les bisons de la terre, qui sont au moins des créatures palpables, appartenant au monde visible, sans rien de commun avec le monde surnaturel puissant et invisible, capable de faire trembler la terre. Broud n'était pas le seul parmi l'assistance à frissonner au souvenir du dernier cataclysme qui avait douloureusement frappé le clan. Seuls les sorciers osaient pénétrer dans les contrées de l'impalpable, et le jeune homme pétri de superstition souhaitait que Mog-ur en finisse au plus vite.
    En réponse au désir muet de Broud, le sorcier leva le bras, les yeux rivés sur le croissant de lune. Alors il adressa un appel passionné, qui n'était pas destiné au clan fasciné mais au monde éthéré des esprits. Eux seuls étaient capables de comprendre les gestes lents et éloquents de ce corps difforme et de cet unique bras. Lorsqu'il eut terminé, le clan se sentait pénétré de l'essence des totems protecteurs ainsi que de bien d'autres esprits connus, et Broud trembla de plus belle.
    Soudain, avec une rapidité qui arracha un hoquet de stupeur à quelques bouches, le sorcier fit surgir de sa fourrure une pierre acérée qu'il brandit au-dessus de sa tête. D'un geste vif, il l'abaissa sur la poitrine de Broud, comme s'il allait lui porter un coup fatal. Mais il lui fit seulement deux entailles superficielles incurvées, se rejoignant en un point, telle la corne du rhinocéros.
    Broud avait fermé les yeux mais il ne broncha pas quand le couteau lui grava la chair. Le sang jaillit, laissant des sillons rouges le long du torse. Puis Goov se porta aux côtés du sorcier pour lui présenter un bol d'onguent à base de graisse de bison mélangée à de la cendre de frêne. Mogur fit pénétrer la pommade noir‚tre dans les entailles, interrompant l'hémorragie et assurant ainsi la formation d'une cicatrice noire. Elle indiquerait que Broud était un homme ; un homme placé sous l'éternelle protection du puissant et imprévisible rhinocéros.
    Le jeune homme regagna sa place, sensible à l'attention générale dont il faisait l'objet et plus que jamais disposé à en jouir maintenant que le pire était passé. Il était persuadé que son

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