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Le clan de l'ours des cavernes

Le clan de l'ours des cavernes

Titel: Le clan de l'ours des cavernes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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la fillette d'un regard mauvais, quand il remarqua qu'lza s'était levée pour se rendre au campement, près du ruisseau, et son attention se porta vers Mog-ur. Bientôt, très bientôt il allait participer aux cérémonies secrètes des hommes. Il ignorait ce qui l'attendait ; on lui avait seulement laissé entendre qu'il apprendrait pour la première fois ce qu'était la mémoire. C'était là le dernier pas qui lui ferait franchir le seuil de l'‚ge d'homme.
    Au campement, Iza ôta sa peau de bête et prit l'écuelle en bois et les racines séchées qu'elle avait préparées pour la cérémonie. Après avoir rempli d'eau l'écuelle, elle regagna le gigantesque feu de joie qui crépitait de plus belle depuis que Grod y avait ajouté des branchages.
    Sa peau de bête avait masqué pour une part la raison des longues absences d'lza durant la journée : quand elle s'avança devant le sorcier, son corps entièrement nu, à l'exception de son amulette, était marqué de dessins à la peinture rouge. Un large cercle accentuait encore la plénitude de son ventre ; des cercles plus petits soulignaient également ses seins et ses fesses. Ces symboles énigmatiques, connus de Mog-ur seul, la protégeaient comme ils protégeaient aussi les hommes. Il était considéré comme dangereux d'impliquer une femme dans les rites religieux, mais l'événement autorisait qu'on déroge à cette règle.
    Iza se tenait si près de Mog-ur qu'elle voyait les gouttelettes de sueur perler sur son visage à se tenir devant le feu dans sa peau d'ours. Sur un signe imperceptible de lui, elle leva l'écuelle en se tournant face au clan. C'était une écuelle très ancienne, exclusivement consacrée à certains rites depuis des générations. Il y avait très longtemps de cela, une guérisseuse avait évidé un petit billot taillé dans un arbre, puis l'avait longuement poli en le ponçant avec du sable et une pierre ronde. Un dernier polissage avec des rameaux de fougère lui avait donné un aspect soyeux, et l'intérieur avait pris une patine blanche due à toutes les fois o˘ elle avait contenu le breuvage cérémoniel.
    Iza porta les racines séchées à sa bouche et les m‚cha lentement, en prenant bien soin de ne pas en avaler. Puis, elle cracha la pulpe ainsi obtenue dans l'écuelle remplie d'eau et remua le mélange jusqu'à ce qu'il devienne d'un blanc laiteux. Seules les guérisseuses de la lignée d'lza connaissaient le secret de cette plante assez rare mais cependant familière qui, consommée fraîche, perdait de ses qualités narcotiques. Mais la guérisseuse en avait fait sécher les racines pendant au moins deux ans, suspendues la tête en haut, contrairement à la pratique courante. Si seules les guérisseuses étaient habilitées à préparer ce breuvage, seuls les hommes avaient le droit de le boire.
    Selon une très ancienne légende, transmise de mère en fille, en des temps très reculés seules les femmes absorbaient cette drogue puissante. Bientôt cependant, les hommes les privèrent de ce privilège et s'octroyèrent l'exécution des rites qui l'accompagnaient, mais ils ne purent leur arracher le secret de sa préparation. Les guérisseuses qui le possédaient refusèrent avec intransigeance de le dévoiler à quiconque, si ce n'est à
    leurs descendantes directes. Aujourd'hui encore, le breuvage n'était remis aux hommes qu'en échange d'un équivalent. C'est ainsi qu'une fois la boisson prête, Iza adressa un signe de tête à Goov qui s'avança avec un bol de datura, tel qu'il le préparait d'ordinaire pour les hommes mais qui, en cette occasion, était destiné aux femmes. Ils échangèrent solennellement les écuelles, puis Mog-ur entraîna les hommes à sa suite dans la petite caverne.
    Après leur départ, Iza fit passer le datura à la ronde parmi ses compagnes.
    La guérisseuse savait utiliser cette plante à des fins diverses : selon le mode de préparation, elle avait des effets anesthésiants, calmants, soporifiques, et Iza avait également une préparation sédative destinée aux enfants. Les femmes ne pouvaient en effet se détendre complètement qu'en sachant que leurs enfants ne viendraient pas réclamer leur attention et qu'ils seraient en même temps en sécurité. Ainsi Iza s'assurait-elle du sommeil des petits quand les femmes s'offraient le luxe rare d'une cérémonie.
    Elles ne tardèrent pas à coucher leurs enfants tout ensommeillés avant de s'en retourner près du feu. Après avoir bordé Ayla

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