Le clan de l'ours des cavernes
lendemain matin. Le sorcier b‚illa, s'étira, puis ferma son oeil unique.
Les membres du clan éprouvèrent un sentiment d'émerveillement à la vue de l'imposante salle vo˚tée quand ils prirent enfin possession de la caverne.
Laissant derrière eux les angoisses de leur quête et les souvenirs de leur ancienne grotte, ce fut avec un égal ravissement qu'ils découvrirent toutes les ressources de la contrée. Aussi se livrèrent-ils sans tarder aux occupations quotidiennes des étés courts et chauds : la chasse, la cueillette et la constitution de réserves en prévision de la saison froide.
Ils pêchaient à la main les truites arc-en-ciel réfugiées sous les souches et les pierres du cours d'eau dont les eaux vives dévalaient vers l'embouchure fréquentée par les esturgeons et les saumons, alors que la mer intérieure hébergeait de gigantesques poissons-chats. Les grosses C
pièces étaient prises au filet, des seines faites de crins. Souvent ils parcouraient la quinzaine de kilomètres qui les séparaient de la côte afin d'y pêcher et de fumer sur place le poisson, en même temps qu'ils ramassaient crustacés et coquillages, ainsi que les oeufs des oiseaux de mer nichant dans les falaises, ajoutant parfois à leur cueillette quelques mouettes et fous de Bassan tués à la fronde, et même de grands pingouins.
Les chasseurs partaient souvent en expédition. Les steppes voisines à
l'herbe grasse abondaient en herbivores. On y trouvait le cerf géant, dont les bois pouvaient s'élever jusqu'à trois mètres de hauteur, ainsi que le bison dont les cornes atteignaient également de remarquables dimensions.
Les chevaux des steppes se hasardaient rarement sous des latitudes aussi basses, mais les ‚nes et les onagres - se situant entre le cheval et l'‚ne
- p‚turaient dans les vastes étendues herbeuses de la péninsule, alors que leur robuste cousin, le cheval sylvestre, vivait seul ou en petits groupes dans les collines avoisinantes. Enfin, il n'était pas rare de rencontrer des bandes de saÔgas, antilopes au nez bossué et bombé.
La zone entre la steppe et les contreforts des montagnes était fréquentée par les aurochs, ancêtres des bovidés domestiques. On y trouvait encore le rhinocéros sylvestre - apparenté aux espèces qui devaient fréquenter plus tard les régions chaudes, mais adapté au climat tempéré de ces forêts -
ainsi qu'une autre variété très voisine. Tous deux, avec leurs deux cornes courtes surmontant une tête massive, différaient des rhinocéros laineux qui, comme les mammouths, n'étaient que des visiteurs saisonniers. Ils présentaient une longue corne antérieure inclinée vers l'avant et un port de tête très bas, utile pour déblayer la neige recouvrant les p‚turages en hiver. Leur épaisse couche de graisse et leur manteau laineux leur offraient une totale protection contre les
rigueurs de l'hiver septentrional. Leur habitat naturel s'étendait en effet au nord, dans les steppes alluviales, riches en loess.
Seule la présence de glaciers permettait la formation de steppes à loess.
La basse pression exercée en permanence sur les vastes étendues de glace éliminait l'humidité de l'air, n'autorisant ainsi que de faibles chutes de neige et créant en revanche des vents constants. Le loess, fine poussière calcaire arrachée au chaos de roches à la périphérie des glaciers, était déposée sur des centaines de kilomètres. Au printemps le mélange de neige fondue et de loess permettait la pousse rapide d'une herbe drue qui séchait vite sous l'ardeur du soleil et fournissait des centaines de milliers d'hectares de fourrage aux millions d'animaux qui s'étaient adaptés au froid glaciaire du continent.
Les steppes continentales de la péninsule n'accueillaient les bêtes laineuses qu'à la fin de l'automne. Les étés y étaient trop chauds et, en hiver, la neige trop abondante pour paître. Nombre d'animaux étaient poussés vers le nord pendant la saison froide, jusqu'aux frontières des steppes à loess, au climat rigoureux mais sec. La faune forestière, capable de se nourrir d'arbustes, d'écorces et de lichens, restait sur les pentes boisées, plus clémentes mais peu propices aux grands troupeaux.
En altitude, mouflons, bouquetins et chamois se partageaient les alpages, tandis que dans les forêts plusieurs espèces d'oiseaux au vol rapide animaient les sous-bois de leurs ramages mais encore fournissaient aux champions du tir à la fronde
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