Le clan de l'ours des cavernes
éviter la compagnie de la petite orpheline, afin de plaire à l'homme dont elle espérait devenir la compagne.
Ayla n'aimait pas particulièrement jouer avec Vorn, à peine d'un an son cadet, mais pour lequel jouer consistait à reproduire le comportement des hommes envers les femmes, ce qu'Ayla avait le plus grand mal à accepter.
Lorsqu'elle refusait de se plier aux caprices du garçon, elle s'attirait à
la fois la colère des hommes et celle des femmes, et plus spécialement celle d'Aga, la mère de Vorn. Elle était fière que son fils se conduise déjà " comme un homme ", et elle faisait grand cas des sentiments hostiles de Broud envers Ayla. Si un jour Broud devenait le chef du clan, son fils serait alors son favori et peut-être son second. Aga ne négligeait aucun moyen pour mettre son fils en avant, allant jusqu'à réprimander Ayla quand Broud se trouvait dans les parages, de même qu'elle s'empressait de rappeler Vorn, si d'aventure celui-ci jouait avec Ayla alors que Broud n'était pas loin.
Parmi tous les gestes et les signes appris par Ayla, il y en eut un qu'elle acquit par sa seule observation.
Un après-midi, alors qu'elle observait du coin de l'oeil Ika jouant avec Borg, elle remarqua que la jeune mère apprenait un nouveau signe au bébé.
quand ce dernier fut parvenu à imiter le mouvement d'une manière qui parut satisfaire sa mère, celle-ci attira l'attention des autres femmes pour montrer les progrès de son rejeton en manifestant une grande fierté. Plus tard, dans la même journée, Ayla vit Vorn accourir vers Aga et lui adresser le même signe, un signe que faisait également Ovra en parlant à Uka.
Ce soir-là, elle s'approcha timidement d'lza, et quand la guérisseuse tourna la tête vers elle, Ayla reproduisit le geste qu'elle avait observé.
Iza écarquilla de grands yeux.
- Creb, quand lui as-tu appris à m'appeler maman ? demandat-elle à son frère.
- Je ne lui ai pas appris cela, Iza, répondit Creb. Elle a d˚ l'apprendre toute seule.
Iza se tourna vers la fillette.
- Tu as appris ça toute seule ?
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- Oui, maman, dit Ayla en refaisant ce signe dont elle soupçonnait
'I seulement la signification.
Ce dont elle était s˚re, c'est que les jeunes enfants l'utilisaient à
4 l'adresse des femmes qui leur étaient les plus proches. Bien que le souvenir de sa mère f˚t profondément refoulé dans sa mémoire, son coeur en avait gardé l'empreinte.
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Iza, restée si longtemps sans enfant, en fut fortement émue.
- Ma fille, dit-elle en la prenant dans ses bras. Mon enfant. Ah Creb, je savais bien qu'elle était ma fille. Ne te l'avais-je pas dit ? Les esprits l'ont placée sur mon chemin, j'en suis s˚re.
Creb ne chercha pas à la persuader du contraire. Peut-être avait-elle raison.
Après ce soir-là, la petite fille connut des nuits plus calmes, même si de temps à autre les cauchemars revenaient troubler son sommeil. Il y en avait deux qu'elle refaisait souvent. Dans le premier, elle se trouvait prisonnière dans une minuscule cavité et tentait d'échapper à une énorme patte armée de griffes acérées. Dans le deuxième, le sol tremblait sous ses pieds, elle se sentait perdue et criait dans son étrange langue. Au début, quand elle se réveillait en sursaut, elle continuait de parler son langage sans en prendre conscience, puis à mesure qu'elle apprenait le mode d'expression en vigueur dans le clan, ce fut par gestes qu'elle s'exprima dans ses rêves.
L'été passa, br˚lant et court, cédant la place aux gelées matinales de l'automne, à son air vif et piquant, aux ors et aux roux qui éclaboussaient les frondaisons. quelques neiges précoces, vite balayées par de fortes pluies saisonnières, annoncèrent l'arrivée du froid. Puis, lorsqu'il ne resta plus aux branches dénudées que quelques feuilles tenaces, un bref intermède ensoleillé vint rappeler une dernière fois les chaleurs de l'été
avant l'arrivée des vents glacés et des froids rigoureux interdisant la plupart des activités en plein air.
Le clan se tenait dehors, savourant la tiédeur du soleil. Installées devant la caverne, les femmes vannaient le grain moissonné dans les steppes de la vallée. Un brutal coup de vent fit tourbillonner un amas de feuilles mortes, prêtant une apparence de vie aux vestiges de la richesse estivale.
Profitant de la rafale, les femmes firent sauter le grain dans leurs larges paniers à fond plat, laissant la balle s'envoler.
Iza, penchée
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