Le clan de l'ours des cavernes
mère, pour tester ses forces, appartenait au chef. Tout enfant encore en vie passé ce délai devait, selon une coutume qui avait force de loi, recevoir un nom et être accepté dans le clan.
Cette menace avait pesé sur les premiers jours de la vie de Creb. Sa mère avait survécu de justesse à sa naissance et il revint à son compagnon, alors le chef du clan, de décider si cet enfant devait vivre ou non. Mais sa décision lui fut dictée par la santé de la mère plus que par celle de l'enfant, dont la tête difforme et les membres paralysés témoignaient amplement des difficultés de l'accouchement. Il ne pouvait exiger de sa compagne qu'elle se débarrasse du petit, car son état de faiblesse ne le lui permettait pas. Or l'usage voulait que si la mère ne pouvait le faire disparaître elle-même, la t‚che en incombait à la guérisseuse : mais la mère de Creb était aussi la guérisseuse du clan. Ainsi fut-il laissé à sa mère, bien que personne ne s'attendît à le voir survivre.
La mère manquait en effet de lait et ce fut une autre femme qui allaita Creb, dont la vie commença ainsi accrochée à un fil ténu avant qu'il devienne Mog-ur, le plus vénéré parmi les hommes vénérés, le t sorcier le plus habile et le plus puissant de tous les clans.
"Il A présent, c'était au tour du vieil infirme et de Brun de s'approcher d'lza et de son enfant. Obéissant à un geste péremptoire de Brun, Ayla e
se leva prestement et se tint à distance sans rien perdre de la scène. Iza se redressa sur sa couche et, après avoir démailloté le bébé, le présenta à
Brun, en prenant bien soin de ne regarder aucun des deux hommes. Ils examinèrent la nouveau-née vagissante, mécontente d'avoir été tirée du sein chaud de sa mère, tout en veillant de leur côté à ne pas porter les yeux sur Iza.
- L'enfant est normale, déclara gravement Brun. Elle peut rester avec sa mère. Si elle est encore en vie le jour o˘ on lui donnera un nom, elle sera acceptée dans le clan.
Iza n'avait désormais plus rien à craindre. Elle espérait seulement que sa fille ne connaîtrait pas comme elle-même le malheur de ne pas avoir de compagnon. Toutefois elle devait s'avouer qu'elle ne regrettait pas celui qu'elle avait eu et qui lui avait donné cet enfant, et par ailleurs Creb était là, leur fournissant à elle, son bébé, et Ayla, un foyer stable.
Elle demeurait pendant sept jours confinée dans les strictes limites du foyer de Creb, à l'exception de quelques sorties indispensables ; entre autres pour enterrer le placenta. Entre-temps, personne ne reconnaîtrait officiellement l'existence de son enfant, hormis ceux qui partageaient son foyer. Les autres femmes lui apporteraient de quoi manger, et profiteraient de l'occasion pour jeter un coup d'oeil au nourrisson. Passé ces sept jours, Iza n'aurait de contact qu'avec les femmes aussi longtemps que dureraient ses saignements, une règle qui s'appliquait en temps ordinaire aux menstruations.
Iza consacra donc son temps à allaiter et à s'occuper de sa fille et, lorsqu'elle se sentit plus forte, elle entreprit de ranger l'endroit o˘
elle conservait la nourriture, celui o˘ elle faisait la cuisine, celui o˘
elle dormait et celui o˘ elle entreposait ses remèdes, dans la limite des pierres qui bornaient le foyer de Creb, son territoire personnel dans la caverne.
Le rang de Mog-ur au sein de la hiérarchie du clan le faisait bénéficier d'un foyer particulièrement bien situé : suffisamment près de l'entrée pour profiter de la lumière du jour et de la chaleur du soleil en été, mais assez éloigné cependant pour ne pas se trouver trop exposé aux vents glacials en hiver. De plus, une saillie dans la paroi offrait une protection supplémentaire contre les bourrasques néfastes aux rhumatismes et à l'arthrite dont il souffrait.
Outre la chasse, il incombait aux hommes quelques autres t‚ches comme celle d'édifier un coupe-vent à l'entrée de la caverne, à l'aide de peaux tendues sur des piquets plantés dans le sol. Il leur fallait également paver les abords de la caverne de galets pour éviter que la pluie et la neige fondue ne transforment les lieux en un vaste bourbier. quant au sol des foyers, il était en terre battue recouverte ça et là de nattes pour s'asseoir ou servir les repas.
Creb disposait d'une couche confortable faite d'une litière de paille recouverte d'une épaisse fourrure. A côté, Iza et Ayla avaient chacune une litière
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