Le clan de l'ours des cavernes
avançait, la petite fille commença non seulement à
apprendre le langage, mais aussi les coutumes de son peuple adoptif, gr‚ce à la douce patience de Creb et à sa propre volonté. Apprendre à détourner les yeux quand il le fallait, de manière à laisser les membres du clan jouir de la seule intimité possible, telle fut la première des nombreuses et difficiles leçons qu'elle dut assimiler. Il lui fal!ut aussi maîtriser sa curiosité naturelle et son enthousiasme débordant pour afficher la docilité de rigueur parmi les femmes.
Creb et Iza en apprirent également beaucoup. Ils découvrirent que lorsque Ayla faisait, en retroussant les lèvres, certaines grimaces accompagnées de sons étranges, elle voulait leur communiquer sa joie. Mais ils ne s'habituèrent jamais à la voir pleurer quand elle était triste. Iza en conclut que cette particularité était propre aux yeux clairs qui caractérisaient les Autres. Pour plus de sécurité, elle lui baignait les yeux avec une décoction de cette plante qu'elle trouvait dans les bois.
Cette plante qui poussait dans l'ombre dense des sous-bois tirait sa substance des végétaux en décomposition, et sa texture cireuse noircissait au toucher, mais Iza ne connaissait pas de meilleur remède pour les yeux enflammés que le sue contenu dans sa tige.
Ayla ne pleurait pas souvent et faisait tout son possible pour contenir ses larmes qui, elle le savait, non seulement affligeaient les deux êtres qu'elle aimait, mais représentaient aux yeux de la communauté une anomalie inacceptable. Elle tenait par-dessus tout à se faire accepter du clan, encore hostile et méfiant devant ses particularités.
Si les hommes éprouvaient une extrême curiosité à son égard, il était incompatible avec leur dignité de manifester le moindre intérêt pour cette enfant de sexe féminin, et Ayla s'appliquait à les ignorer de la même manière. quant à Brun, s'il lui témoignait un peu plus de curiosité que les autres, il lui faisait toujours peur. Elle le trouvait sévère et hermétique à ses avances, contrairement à Creb. Elle ne pouvait pas savoir combien Mog-ur paraissait plus distant et rébarbatif que Brun aux yeux du clan, consterné par l'intimité qui semblait régner entre le sorcier et la fillette étrangère. Mais s'il était quelqu'un qu'elle n'aimait pas du tout, c'était le jeune homme qui vivait au foyer de Brun.
Ce fut avec les femmes qu'elle parvint d'abord à se lier d'amitié, du fait qu'elle passait la majeure partie de son temps en leur compagnie. A l'exception des moments o˘ elle se trouvait dans le foyer de Creb ou de ceux pendant lesquels la guérisseuse l'emmenait cueillir des plantes, Ayla partageait la vie des femmes du clan. Au début, Ayla se contentait de suivre la guérisseuse partout o˘ elle allait et regardait les femmes dépecer les animaux, tanner les peaux, découper en spirale des lanières de cuir, tresser des paniers, des nattes ou des filets, façonner des bols dans des rondins de bois, cueillir les plantes sauvages, préparer les repas, conserver la viande, faire sécher les légumineuses pour l'hiver et répondre au désir de tout homme qui leur demandait un service. Mais lorsque les femmes découvrirent le féroce appétit de connaissances de la petite fille, elles ne se contentèrent pas de lui apprendre le langage, mais s'appliquèrent à lui transmettre leur savoir pratique.
Ayla n'était pas aussi forte que les femmes et les enfants du clan, car elle ne possédait pas leur puissante musculature, mais elle était étonnamment adroite et souple. S'il lui était difficile d'accomplir certaines t‚ches pénibles, elle se montrait extrêmement habile à son ‚ge pour tresser les paniers ou découper des lanières d'une largeur parfaitement régulière. Elle gagna rapidement l'amitié d'Ika, qui l'autorisa à s'occuper du petit Borg lorsqu'elle s'aperçut de l'intérêt qu'Ayla portait
à l'enfant. Ovra, malgré sa réserve, ainsi qu'Uka se montraient 1 particulièrement compatissantes envers cette enfant qui avait perdu 1 toute sa famille. Mais Ayla n'avait pas de compagne de jeu.
Son premier élan d'amitié envers Oga se refroidit après l'inauguration de la caverne, car Oga se vit obligée de choisir entre Broud et Ayla. Si elle ressentait une profonde sympathie envers cette fillette, dont le destin était comparable au sien, elle ne pouvait ignorer plus longtemps les sentiments de Broud à son égard. Et elle préféra
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