Le clan de l'ours des cavernes
claques sur les pieds du nouveau-né qui ouvrit aussitôt la bouche et poussa un braillement sonore annonçant son éveil à la vie. Ebra attacha un morceau de tendon teint en rouge au cordon ombilical qu'elle coupa avec les dents pour le détacher du placenta et souleva ','enfant pour le montrer à sa mère. Puis elle retourna dans son foyer pour faire part à son compagnon de l'heureuse naissance et lui dévoiler le sexe de l'enfant. Elle s'accroupit devant Brun, baissa la tête et ne la releva que lorsque, d'une tape sur l'épaule, il lui fit signe de parler.
- Je suis navrée de t'apprendre, dit Ebra en faisant le signe propre à
exprimer l'affliction, qu'lza vient de donner naissance à une fille.
Cette nouvelle fut loin d'affliger Brun. Pour rien au monde il ne l'aurait admis, mais il éprouvait un vif soulagement. L'arrangement proposé par Creb fonctionnait à merveille et le chef n'avait aucune envie d'y changer quoi que ce f˚t. Mog-ur avait entrepris une t‚che estimable en se chargeant de l'éducation de la petite étrangère, et il y parvenait bien mieux qu'on aurait pu s'y attendre. Ayla apprenait rapidement la langue gestuelle et les habitudes du clan. quant à Creb, il n'était pas seulement rassuré mais tout à fait réjoui. Il découvrait à un ‚ge avancé les joies de la famille, et la naissance d'une fille garantissait la présence d'lza à ses côtés.
Iza, elle, se sentait, pour la première fois depuis leur emménagement dans la nouvelle caverne, libérée de toute angoisse. Elle était heureuse du sexe de l'enfant et que son ‚ge n'ait pas nui à son accouchement. Elle avait assisté bien des femmes dont les délivrances avaient été bien plus difficiles que la sienne. Elle en avait vu plusieurs en mourir, et de même plus d'un enfant mort-né. Il semblait à chaque fois que les têtes des nouveau-nés étaient trop grosses pour passer. Mais son inquiétude n'avait pas tant concerné la difficulté d'accoucher que le sexe de l'enfant et les conséquences que cela pourrait avoir sur son destin. S'il y avait une chose que supportaient mal les êtres du Clan, c'était bien l'incertitude.
Iza se reposait sur sa fourrure quand Uka lui déposa le bébé dans les bras, après l'avoir emmailloté dans une peau de lapin moelleuse. Ayla n'avait toujours pas bougé. Elle regardait Iza avec une ardente curiosité. La femme lui fit signe.
- Viens ici, Ayla. Tu veux voir le bébé ?
- Oui, répondit la fillette en s'approchant timidement.
La minuscule réplique d'lza avait la tête recouverte d'un léger duvet brun.
La protubérance osseuse de la nuque était particulièrement visible sans l'épaisse masse de cheveux qui la dissimulerait bientôt. Son cr‚ne était néanmoins plus rond que celui des adultes et se terminait abruptement au-dessus des frêles arcades sourcilières. Ayla caressa la joue de l'enfant qui tourna la tête vers elle en faisant de petits bruits de succion.
- Elle est belle, lui signifia Ayla, encore émerveillée par le miracle auquel elle venait d'assister. Est-ce qu'elle essaie de parler, Iza ?
demanda-t-elle en voyant le bébé agiter ses minuscules poings fermés.
- Non, pas encore, mais elle ne tardera pas et c'est toi qui lui apprendras, répondit Iza.
- Oh oui ! Je lui apprendrai à parler comme Creb et toi m'avez appris.
- J'en suis s˚re, Ayla.
Ayla demeura auprès de sa mère adoptive, veillant sur son sommeil et sur celui de l'enfant. Ebra avait enveloppé le placenta dans une peau disposée à cet effet juste avant la délivrance et l'avait caché dans un recoin jusqu'au moment o˘ Iza pourrait sortir l'enterrer dans un endroit connu d'elle seule. Si l'enfant avait été mort-né, elle l'aurait enseveli en même temps et personne n'aurait jamais fait la moindre allusion à sa mise au monde, pas plus que la mère infortunée n'aurait montré son chagrin.
Si l'enfant, bien que vivant, naissait malformé, ou bien si pour une raison quelconque le chef ne le jugeait pas acceptable au sein du clan, le devoir de la mère était considérablement plus éprouvant. Elle devait alors soit emporter son bébé pour l'enterrer, soit le laisser exposé aux éléments et aux bêtes féroces. Il était extrêmement rare qu'un enfant anormal soit autorisé à vivre ; s'il était du sexe féminin, ce n'était en pratique jamais le cas. Si c'était un garçon premier-né et si le père désirait le garder, la décision de le laisser vivre pendant sept jours avec sa
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