Le clan de l'ours des cavernes
comme si elle était invisible.
Cet isolement semblait un ch‚timent cruel, presque aussi cruel que la Malédiction Suprême infligée au membre du clan coupable d'une faute grave.
Seul le chef du clan était habilité à demander au mog-ur de faire descendre sur lui les esprits malfaisants. Le mog-ur ne pouvait se soustraire à cette obligation malgré le danger que cela représentait pour le clan et pour luimême. Une fois maudit, le coupable était exclu du clan qui cessait aussitôt de lui parler comme de le voir. Il n'existait plus pour personne. Il était tout bonnement considéré comme mort. Son épouse et sa famille le pleuraient et personne n'avait le droit de lui donner à manger. quelques-uns quittaient le clan pour ne plus jamais reparaître. Mais la plupart se laissaient mourir de faim et de soif.
Il arrivait parfois que le ch‚timent soit imposé pour une durée déterminée, mais dans la plupart des cas l'issue demeurait fatale, le coupable se laissant quand même mourir. S'il survivait à une telle condamnation, il pouvait réintégrer le clan et retrouver son rang. Une fois sa dette payée, son crime était oublié. Cependant, en raison de la rareté des actes criminels, un tel ch‚timent était fort peu souvent infligé. Enfin, l'isolement forcé des femmes pendant la menstruation avait au moins cela de bon qu'il les soustrayait pendant un temps aux demandes incessantes et à la surveillance attentive des hommes.
Iza attendait avec impatience la cérémonie gr‚ce à laquelle elle pourrait enfin se joindre aux autres femmes et, lasse de se voir confinée dans les limites du foyer de Creb, elle regardait avec envie le beau soleil qui pénétrait dans la caverne. Elle guettait le signe de Mog-ur lui annonçant qu'il était prêt et le clan rassemblé pour la cérémonie. Lorsque enfin il la fit venir, elle se présenta devant lui et, la tête baissée, elle dénuda son enfant, tandis que Mog-ur convoquait les esprits protecteurs avec de grands gestes solennels. Puis plongeant les doigts dans l'écuelle que lui présentait Goov, il traça une ligne rouge sur le nez de l'enfant jusqu'au milieu des sourcils.
- Uba, cette enfant se nomme Uba, déclara le sorcier.
- Uba, répéta Iza en serrant contre elle son enfant frissonnante de froid.
Elle était heureuse que sa fille port‚t le nom de cette aÔeule qu'elle regrettait de ne pas avoir connue. Les membres du clan commencèrent à
défiler un à un devant la petite fille, en répétant son nom pour se familiariser ainsi que leurs totems avec la nouvelle venue. Après quoi, Iza enveloppa la nouveau-née dans de douces peaux de lapin et l'installa sous sa propre fourrure, tout contre la chaleur de son corps, et elle prit place parmi les femmes pour assister à la consécration des unions.
A l'occasion de cette cérémonie et celle-là seule, on utilisait l'ocre jaune. Goov, ne pouvant officier comme servant de sa propre union, tendit l'écuelle d'onguent jaune à Mog-ur, qui la cala entre son bras et sa taille. Il prit place devant le sorcier, attendant que Grod lui amène la fille de sa compagne. Uka, quant à elle, assistait à la scène, à la fois heureuse pour sa fille et désolée de la voir quitter le foyer familial.
Ovra, enveloppée dans une peau de bête toute neuve, s'avança les yeux baissés, et s'assit en tailleur devant Goov.
Avec les gestes appropriés, Mog-ur s'adressa de nouveau aux esprits, puis, après avoir plongé son majeur dans l'écuelle, il traça à l'ocre jaune le signe du totem d'Ovra sur la cicatrice de celui de Goov, symbole de l'union de leurs esprits, puis le signe du totem de Goov sur celui d'Ovra. en recouvrant entièrement le signe de la femme, symbole de sa soumission.
- Esprit de l'Aurochs, Totem de Goov, tu as vaincu l'Esprit du Castor, Totem d'Ovra, déclara Mog-ur en effectuant les gestes rituels. Puisse Ursus permettre qu'il en soit toujours ainsi. Goov, acceptes-tu cette femme ?
Goov répondit en tapant Ovra sur l'épaule et en lui faisant signe de venir avec lui dans la caverne, vers leur nouveau foyer fraîchement délimité par des pierres. Ovra se releva pour suivre son nouveau compagnon. Personne ne lui ayant demandé son avis, elle n'avait pas eu le choix. Le couple allait rester isolé, confiné dans les limites du
foyer o˘ chacun dormirait de son côté. A la fin de cet isolement de quatorze jours, les hommes procédaient entre eux à de nouveaux rites pour sceller l'union.
L'union de
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