Le clan de l'ours des cavernes
deux êtres était aux yeux du clan une affaire strictement spirituelle, qui commençait par une déclaration publique devant tous et s'achevait par un rite secret strictement réservé aux hommes. Dans la communauté, il était aussi naturel de s'adonner aux activités sexuelles que de dormir ou de manger. Les enfants apprenaient souvent comment cela se passait en observant les adultes, et ils jouaient à faire l'amour dès leur plus jeune ‚ge, tout comme ils imitaient les autres activités de leurs aînés. Les petites filles étaient déflorées très jeunes par des garçons pubères qui, n'ayant pas encore abattu leur première bête à la chasse, flottaient entre l'enfance et l'‚ge adulte.
Tout homme avait le droit de satisfaire ses désirs quand bon lui semblait, avec n'importe quelle femme, à l'exception de sa soeur. Généralement, les couples se restaient plus ou moins fidèles, mais il était plus grave pour un homme de réprimer ses désirs que de prendre la première femme venue.
quant aux femmes, elles faisaient volontiers des gestes subtilement évocateurs et suggestifs aux hommes qui leur plaisaient, afin de susciter leurs avances. Aux yeux des membres du clan, toute vie nouvelle prenait naissance par l'entremise des totems en présence dans le couple uni selon la coutume, et tout lien entre l'activité sexuelle et la reproduction paraissait inconcevable.
Une seconde cérémonie fut célébrée pour unir Droog et Aga, et le couple alla s'isoler dans le foyer de Droog. Cet isolement concernait le clan, mais non ceux qui partageaient leur feu et qui étaient libres d'aller et venir dans ce foyer qui leur restait ouvert. quand le couple eut disparu dans la caverne, les femmes entourèrent Iza et son enfant.
- Mais elle est parfaitement constituée, Iza ! s'exclama Ebra. Je dois dire que j'étais inquiète quand je t'ai sue enceinte, au bout de tout ce temps.
- Les esprits ont veillé sur moi, répondit Iza. Une fois vaincu, un totem puissant aide à faire de beaux enfants.
- Je craignais que le totem de l'étrangère ait une mauvaise influence sur ton enfant. Elle est si différente de nous et son totem est si puissant qu'elle aurait pu déformer ta petite, commenta Aba.
- Ayla a de la chance et elle m'a porté chance, répliqua brusquement Iza en jetant un coup d'oeil vers Ayla pour voir si elle avait Prêté attention aux propos d'Aba. (La guérisseuse n'aimait pas qu'on affiche ouvertement de telles pensées.) Ne nous a-t-elle pas porté chance à tous ?
- Peut-être, mais en ce qui te concerne, pas assez pour te donner un garçon, insista Aba.
- Je désirais une fille, Aba, déclara Iza.
- Iza, comment peux-tu dire une chose pareille
Les femmes n'en revenaient pas ; il n'était pas de coutume qu'elles reconnaissent préférer une fille à un garçon.
- Je la comprends, dit Uka, prenant la défense d'lza. Vous avez un fils, vous veillez sur lui, vous le nourrissez, vous l'élevez, et dès qu'il est grand, il disparaît. S'il n'est pas tué à la chasse, il meurt autrement. Au moins, Uba aura, elle, une chance de vivre plus longtemps.
Tout le monde connaissait le chagrin de cette femme qui avait perdu son fils dans l'éboulement de la caverne. Ebra, avec tact, changea de sujet.
- Je me demande comment nous allons passer l'hiver dans cette nouvelle caverne.
- La chasse a été bonne, et nous avons assez de provisions. Les chasseurs vont tenter une dernière expédition aujourd'hui. Pourvu qu'il nous reste assez de place dans la réserve pour entreposer ce qu'ils tueront, dit Ika.
En attendant, nous ferions bien de leur faire à manger, ils ont l'air de s'impatienter.
Les femmes quittèrent à regret Iza et son enfant pour aller préparer le repas du matin. Ayla s'assit à côté d'elle et prit le bébé dans ses bras.
Iza se sentait heureuse de se trouver dehors par cette belle matinée froide et ensoleillée ; heureuse de la naissance de son enfant, une fille de surcroît, et en bonne santé ; heureuse de la nouvelle caverne et que Creb ait décidé de pourvoir à ses besoins ; heureuse enfin de la présence à ses côtés de la jeune étrangère aux cheveux blonds.
Elle regarda Uba, puis Ayla. Mes deux filles, pensa-t-elle, elles sont toutes les deux mes filles. Tout le monde sait déjà qu'Uba deviendra guérisseuse, mais il en sera de même pour Ayla. Je ferai en sorte qu'il en soit ainsi. Elle honorera s˚rement notre grande lignée.
Alors l'Esprit de la Neige poudreuse
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