Le clan de l'ours des cavernes
C'est ainsi que tu sauras ce qu'il faut faire.
Toi seule es capable de comprendre ton totem, personne ne peut le faire à
ta place. Mais à chaque fois que tu trouveras un signe de lui, ajoute-le à
ton amulette, cela te portera bonheur.
- Et toi, Creb, tu as des signes avec ton amulette ? demanda la fillette en fixant d'un oeil curieux la petite bourse rebondie qui pendait au cou du sorcier.
- Oui, acquiesça-t-il. J'ai une dent d'ours des cavernes que j'ai trouvée quand je suis devenu le servant du mog-ur précédent. Elle s'était détachée de la m‚choire et se trouvait par terre, à mes pieds. Elle est en parfait état. C'est comme ça qu'Ursus m'a fait savoir que ma décision était la bonne.
- Tu crois que mon totem m'enverra aussi des signes ?
- Personne ne le sait. Mais ce n'est pas impossible ; le jour o˘ tu auras une grave décision à prendre, ton totem t'y aidera peut-être si tu as conservé ton amulette sur toi. Fais bien attention de ne jamais la perdre, Ayla. Elle contient une partie de ton esprit et c'est gr‚ce à elle qu'il pourra te retrouver oŸ que tu sois. Si tu la perds, il perdra son chemin et regagnera le monde des esprits. Si tu ne la retrouves pas très vite, tu mourras.
Ayla frissonna. Elle porta la main à la petite bourse qui pendait à son cou en se demandant si elle rencontrerait jamais un signe de son totem.
- Crois-tu que le totem de Durc lui avait signifié qu'il pouvait partir au pays du Soleil ?
- Personne ne saurait le dire, Ayla. Cela ne fait pas partie de la légende.
- Je trouve que Durc a eu beaucoup de courage de partir à la recherche d'un pays plus doux, déclara Ayla.
- Il était peut-être courageux, mais bien imprudent, répondit Creb.
Pourquoi quitter son clan et la demeure de ses ancêtres ? Pour découvrir autre chose ? Les jeunes trouvent toujours à Durc de la bravoure, mais avec l'‚ge et la sagesse, ils changent d'avis.
- Moi, je l'aime parce qu'il était différent, dit Ayla. C'est en tout cas ma légende préférée.
Ayla se leva pour suivre les femmes qui allaient préparer le repas du soir.
Creb, perplexe, la suivit des yeux en secouant la tête d'un air de dépit.
Chaque fois qu'elle paraissait sur le point de comprendre et de se soumettre aux coutumes du clan, elle faisait ou disait quelque chose qui incitait le sorcier à douter d'elle. Ainsi dans cette légende destinée à
illustrer l'erreur de chercher à bouleverser les traditions, Ayla admirait l'intrépidité du jeune homme, avide de changement. quand adopteraitelle une fois pour toutes les idées du clan ? se demandait-il. Elle avait pourtant appris tellement de choses en si peu de temps.
Dès l'‚ge de sept ou huit ans, les petites filles du clan étaient censées posséder tout le savoir pratique des femmes adultes. Peu après, d'ailleurs, la plupart d'entre elles devenaient en ‚ge de s'accoupler. Depuis deux années qu'lza l'avait recueillie, Ayla avait appris à trouver seule sa nourriture, à la préparer et à la conserver. Elle savait également faire de nombreuses autres choses, et cela aussi bien que les jeunes filles du clan.
Elle savait dépecer et tailler une peau pour en faire des vêtements, des couvertures et des sacs. Elle était capable de découper dans une seule peau des lanières de largeur régulière. Les cordes qu'elle fabriquait avec les poils, les tendons ou les écorces fibreuses étaient solides et lourdes, ou fines et légères, en fonction des besoins. Elle excellait dans le tressage des paniers, des nattes et des filets. Elle savait également tailler une pierre pour confectionner un coup-de-poing ou un couteau tranchant qui faisait l'admiration de Droog lui-même. Elle pouvait encore creuser des écuelles dans des souches d'arbre et les polir. Elle était capable de faire du feu en faisant tourner vivement entre ses mains la pointe d'une baguette contre une pièce de bois, jusqu'à l'obtention d'un charbon fumant avec lequel elle parvenait à enflammer des brindilles sèches. Et, à la grande surprise de tous, elle assimilait le savoir thérapeutique d'lza avec une facilité déconcertante. Iza avait raison, songeait Creb, la petite n'a pas besoin de mémoire pour apprendre.
Ayla était occupée à couper des racines en morceaux pour les faire bouillir dans un récipient suspendu au-dessus du feu. Une fois enlevées les parties moisies, il ne restait plus grand-chose. Le fond de la caverne avait beau être frais et sec, les légumes
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