Le Code d'Esther
dans son récit :
« Aman fut élevé au-dessus de tous les princes de son rang. Toute la Cour prit l’habitude de s’agenouiller et de s’incliner devant celui qui était devenu l’homme fort du royaume. Un jour qu’il croisait Mardochée, celui-ci refusa de se prosterner parce qu’il est dit que l’Homme ne se prosternera que devant Dieu, béni soit-Il… Pour une raison que le Livre d’Esther n’explique pas, Aman fut rempli de fureur, éructant non seulement contre l’oncle d’Esther mais contre tout son peuple. Il se rendit alors chez le roi et lui expliqua qu’il existait dans son royaume des gens qui n’étaient pas comme les autres : “Ils sont partout, dit-il à Assuérus, infiltrés parmi tous les peuples, dans toutes les provinces ; leurs lois sont différentes des nôtres… Il n’est pas bon de les laisser en repos. Si cela te semble bon, ô roi, signe leur perte et je te ferai peser 10 000 talents d’argent pour les coffres de la Couronne.” Le roi se tenait loin de ses sujets, il s’intéressait assez peu au sort d’une tribu ou d’une ethnie. Il accepta le marché.
» À cette époque, on s’en remettait beaucoup aux prédictions, au hasard, aux signes dans le ciel, pour prendre une décision. Aman et ses conseillers tirèrent au sort ( pour en hébreu, d’où le nom de la fête) pour déterminer la date de la mise à exécution du complot. Il fut ainsi décidé que le treizième jour du mois d’Adar, des potences seraient dressées dans toutes les provinces pour pendre les Juifs. On devait les détruire, les tuer et les faire disparaître tous, de l’enfant au vieillard, avec toutes leurs femmes et leur famille. »
« Aman venait d’inventer la Solution finale ! lançait alors ma mère, de manière solennelle. Vous vous rendez compte ? Il voulait nous tuer tous, nous faire disparaître de la surface de la Terre, dit le Livre d’Esther ! S’il avait réussi, nous ne serions pas là ce soir à célébrer la fête de Pourim ! Maudite soit son âme ! »
Puis elle se calmait, consciente qu’elle avait provoqué la peur et l’angoisse chez les plus petits d’entre nous, et elle ajoutait à notre adresse, comme un clin d’œil : « Ne vous en faites pas ! Il ne réussira pas ! »
« Lorsque Mardochée apprit ce qui se tramait, il déchira ses vêtements, prit un vulgaire sac de jute dont il se revêtit et se couvrit de cendres. C’était sa manière à lui d’afficher son malheur, de montrer à tous qu’il était en deuil – il se tenait nu devant Dieu, le visage et la peau blanchis par la poussière qui accentuait l’expression de sa tristesse. Il parcourut les rues de Suse en se lamentant, croisant des centaines de Juifs en pleurs ou en prières et parvint ainsi aux portes du palais. Déjà, sur la Grand-Place, une potence commençait à être montée. On entendait la scie et les coups de marteau annonciateurs de mort pour tous les Juifs du royaume. Mardochée, avec son sac de jute et le corps recouvert de cendres, décida de s’asseoir devant l’immense portail pour annoncer à tous qu’il entrait en période de jeûne et d’imploration divine.
» Ses lamentations parvinrent aux oreilles d’Esther, qui dépêcha aussitôt Hatak, l’un des eunuques à son service, pour connaître la cause de ces plaintes. Mardochée lui raconta le complot imaginé par Aman, maudite soit son âme, et ordonna à sa nièce d’aller voir Assuérus. Elle devait lui révéler son appartenance au peuple juif, lui dire qu’elle aussi allait être pendue et qu’une tragédie sans précédent se tramait dans son royaume.
» Seulement voilà : on ne pouvait se présenter devant le roi sans y avoir été expressément convié, sous peine de mort. Esther décida de braver l’interdit. Elle fit dire à Mardochée de rassembler tous les Juifs de Suse afin qu’ils commencent un jeûne de trois jours et trois nuits qu’elle respecterait elle-même. Elle irait ensuite voir le roi, malgré la menace de mort qu’elle encourait, pour lui raconter le drame qui se jouait sous les fenêtres de son palais.
» Ainsi, trois jours plus tard, amaigrie et les traits tirés, Esther revêtit les ornements royaux et se présenta devant le roi. Assuérus vit sa bien-aimée, belle et désespérée. Il lui tendit son sceptre d’or, signe qu’il lui pardonnait son intrusion dans la maison du roi, et lui demanda la raison de sa présence devant lui.
» “J’ai
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