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Le Code d'Esther

Le Code d'Esther

Titel: Le Code d'Esther Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Benyamin , Yohan Perez
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découvertes le soir en rentrant à l’hôtel, infatigables et insatiables. Mais, pour une raison mystérieuse que je ne m’explique toujours pas aujourd’hui, c’est le mont des Oliviers qui allait laisser, surtout à mon père, un souvenir impérissable. Il voulait tout savoir : y avait-il vraiment des oliviers ? Combien ? Étaient-ils grands ou petits ? Quelle était la couleur des tombes du cimetière ? À quoi ressemblait Jérusalem vue d’ici ? Et ma mère répondait, décrivait sans relâche le panorama, donnant à voir par sa voix ce que son mari ne pouvait plus distinguer. Quelques semaines plus tard, à Paris, je mesurerai l’extraordinaire voyage que mon père avait entrepris malgré son handicap. Ils avaient invité quelques amis chez eux afin de leur raconter leur périple en Terre sainte. La conversation allait bon train lorsque ma mère entreprit de décrire leur visite au mont des Oliviers. Durant tout le récit, qu’elle n’hésitait pas à enjoliver de temps à autre, mon père resta coi. Ce n’est qu’à la fin qu’il se décida à intervenir :
    « Comme d’habitude, ma femme a oublié l’essentiel !
    — J’ai oublié quelque chose ? interrogea ma mère, agacée par la remarque.
    — Les couleurs ! répondit-il. Les couleurs dorées du dôme d’al-Aqsa qui resplendissait sous le soleil et la blancheur des pierres tombales du cimetière. »
    Et lui qui était aveugle d’ajouter :
    « La réverbération était tellement forte qu’on était obligés de plisser les yeux pour bien voir. »
    Je souris en offrant mon visage au soleil. Le temps d’une histoire, je les ai retrouvés tous les deux.
    « En fait, elle était les yeux de ton père, risque Yohan au bout d’un moment.
    — Elle l’a été une bonne vingtaine d’années… Je vais t’avouer quelque chose : elle avait une telle attitude positive dans la vie que je me suis souvent demandé si, de temps en temps, elle ne lui décrivait pas ce qu’elle aurait souhaité voir plutôt que ce qu’elle découvrait ! »
    Des cris d’enfants nous ramènent doucement à la réalité. Une princesse et un soldat romain accompagnés par ce qui semble être un mamelouk tirent les dernières salves de Pourim. Quelques pas derrière, les parents peinent à suivre leur progéniture galopant sur la route qui descend vers la ville.
    « C’est la fin de Pourim, constate mon ami.
    — Pourim, que ma mère avait l’habitude de conclure par une phrase solennelle : “Sachez mes enfants, disait-elle, qu’Aman n’a pas disparu… À chaque époque apparaît un nouvel Aman.” »
    Et soudain, l’illumination. Le voilà, mon chaînon manquant, l’élément qui me faisait défaut depuis notre nuit chez le Professeur. Je sais à présent pourquoi j’avais comme un goût d’inachevé dans la bouche… L’idée est simple : si le code que recèle le Livre d’Esther correspond à une quelconque réalité, alors il nous manque un personnage clé : Aman ! Aman de la Peste brune, un conseiller du premier ou second cercle autour de Hitler, l’homme de l’ombre, l’éminence grise qui aurait pu l’inspirer. Celui qui l’aurait aidé à formuler son idéologie de mort, tel le premier ministre d’Assuérus proposant à son roi de se débarrasser de tous les Juifs du royaume. Si nous le trouvons, alors nous aurons établi le lien indiscutable avec un texte vieux de 2 000 ans. À nous de jouer…
    « Debout Yohan ! On a encore du boulot. »

IV

Sur les traces d’Aman
    J e pensais que la voiture était le moyen de locomotion le plus approprié pour emprunter la Route romantique. Tandis que je préparais le voyage, j’imaginais suivre les méandres de cette voie touristique qui relie Würzburg à Füssen en passant par Landsberg am Lech, notre destination, à quarante-cinq minutes environ de Munich. J’avais envie d’arriver doucement afin de me laisser gagner par la beauté des paysages de la Bavière et de m’imprégner de l’atmosphère particulière de la région, l’une des plus belles mais aussi l’une des plus conservatrices d’Allemagne. Seulement voilà, il pleut des cordes, la brume empêche de voir à plus de 20 mètres et la température ne dépasse pas les 3 °C. Comble de malchance ou signe du destin ? La serveuse de la cafétéria dans laquelle nous nous sommes réfugiés pour nous réchauffer s’appelle Mme Goebbel, ainsi que l’indique le badge accroché à son

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