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Le Code d'Esther

Le Code d'Esther

Titel: Le Code d'Esther Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Benyamin , Yohan Perez
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charge des archives de la ville. Pourquoi a-t-il écrit cette confession ? S’agit-il de l’extrait d’un journal intime ? Ou cherchait-il à décharger sa conscience ? Là encore, nous ne le saurons pas : atteint de la maladie d’Alzheimer, il ne se souvient plus de rien – sa femme nous avouera même au téléphone qu’elle ignorait l’existence de ce texte.
    Encore une chose avant de lui passer la parole : c’est un adolescent qui parle. Il a toujours cru ce qu’on lui disait à propos des bolcheviques ou des Juifs. Il a toujours pensé que l’armée de son pays représentait le Bien et que les armées ennemies personnifiaient le Mal. Il considère donc naturellement les troupes américaines à Landsberg comme une force d’occupation. À l’évidence, il n’a pas fait de longues études, s’exprime comme il parle et manifeste deux obsessions présentes tout au long du témoignage : manger à sa faim et nettoyer sa maison.
    Voici ce qu’il raconte :
    Aujourd’hui, 8 mai 1946, un an après les faits, il est temps pour moi de raconter ce qui s’est passé durant les derniers jours de la guerre.
    C’était le 20 avril 1945, un vendredi. L’ennemi s’était déjà profondément enfoncé à l’intérieur de l’Allemagne et progressait jour après jour. Les alertes se succédaient et nous ne trouvions plus rien à manger. […]
    Le mardi 25, l’ennemi était à 15 kilomètres d’Augsbourg. On disait que Landsberg allait être bombardée, que les dépôts d’alimentation étaient vides, que quiconque sortirait avec un drapeau blanc serait fusillé sur-le-champ… Les survols des avions ennemis étaient de plus en plus fréquents. […]
    Toute la nuit du 26 au 27 avril, les explosions se sont succédé. Le matin du 27, un vendredi, le pont sur le Lech a été détruit pour arrêter la progression de l’ennemi. Vers midi, par la fenêtre de la cuisine, j’ai vu que les tanks américains étaient en ville. Nous avons quand même pris notre repas malgré le survol des avions ennemis. On essayait simplement de ne pas s’approcher trop près de la fenêtre. À 15 heures, malgré les tirs à l’extérieur, nous avons pris un bon café. On a essayé de sortir dans la rue, mais c’était impossible : l’infanterie américaine occupait le terrain. Les drapeaux blancs ont fleuri de partout. Nous avons fait comme les autres : nous avons ouvert notre porte et nous avons attendu. Des Américains sont entrés chez nous : ils cherchaient des armes. Ils étaient très polis. Ils n’ont rien trouvé et n’ont rien pris. Tout s’est bien passé mais nous avions un drôle de sentiment, les mains en l’air, avec la certitude que l’homme en armes en face de vous pouvait faire ce qu’il voulait de votre vie. […]
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    Rendez-vous sur lecodedesther.com pour y accéder.
    Le dimanche 29 avril 1945 restera la pire journée de mon existence. Pour la première fois de ma vie, j’ai été amené à savoir un peu ce qui se passait dans les camps de concentration.
    À 9 heures du matin, une patrouille de trois Américains est arrivée à la maison et nous a ordonné à mon père, au D r  Proeger et à moi de les suivre pour travailler. Au départ, nous n’avons pensé à rien, heureux à l’idée de sortir un peu de la maison. Rudi, mon frère, était resté dans sa chambre parce que son pied était dans le plâtre. Quand nous avons quitté la maison, j’ai remarqué un Américain devant le portail qui nous a photographiés. Je ne savais pas que cette scène allait être reprise dans un film sur les camps de concentration : Les Moulins de la mort.
    Devant chaque maison, les Américains faisaient sortir les hommes valides et nous nous sommes retrouvés très vite une vingtaine de personnes. Le plus âgé avait 70 ans et le plus jeune, mon âge : 15 ans. On apprendra plus tard que les Américains voulaient enrôler le prêtre de Landsberg, Hörmann, mais que sa fonction ecclésiastique l’avait finalement protégé.
    On nous a tous fait monter dans un camion. Les rumeurs ont commencé : nous allons être fusillés, on allait nous emmener en Russie, etc. Ils nous ont conduits en direction de Kaufering puis, nous avons tourné à gauche et nous avons devant nous un camp de Juifs. Le camion s’est arrêté et nous sommes descendus. Tout de suite, un Juif nous a crié avec de la bave au bord des

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