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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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dernier de grands éclats de rire), et
Fémie opposa le refus le plus catégorique : elle ne voulait pas qu’on lui
prenne Morgennes.
    Comme Châtillon s’étonnait de l’intérêt qu’elle lui portait,
Massada expliqua :
    — C’est elle qui l’a acheté, messire. Vous comprenez,
c’est un peu sa chose !
    — Et à vous, demanda Châtillon, cet homme ne vous est
rien ?
    — Rien du tout, messire, je vous assure ! se
récria Massada.
    — Judas ! lança Fémie.
    — Vous le flattez trop ! s’esclaffa Châtillon,
avant de se tourner vers Massada : et ce Yahyah, c’est votre
esclave ?
    — Oui, messire, souffla Massada, à mi-voix.
    — Pourquoi tant de gêne ? répliqua Châtillon. Il
n’y a pas de mal à profiter des charmes d’un jeune homme… N’est-ce pas ce que
vous vouliez faire d’Olivier ?
    Massada ne répondit pas. Mais il était évident qu’il taisait
un secret.
    — Ils sont là, seigneur, annonça un Templier blanc.
    — Bien, répondit Châtillon. Quand Ridefort et la Vraie
Croix seront dans la cour du château, vous baisserez les herses.
     
    *
     
    Crucifère brillait.
    Chaque fois qu’il y avait du danger, Crucifère brillait.
Taqi ne se lassait pas de regarder cette épée, la plus belle, la plus
équilibrée qu’il ait jamais eue en main. Non, il ne regrettait pas de l’avoir
prise à Morgennes, d’autant moins que Sohrawardi la convoitait lui aussi.
Jamais il n’aurait pu chevaucher en paix s’il avait su que le Maître des djinns
étudiait l’épée, à la recherche de ses secrets. L’histoire était pleine de ces
lames enchantées. Certaines avaient leur personnalité, ce qui était le cas de
Crucifère.
    Le château était maintenant à portée de voix. Levant la
main, Taqi ordonna la halte. Les hommes du Yazak obéirent instantanément,
adoptant l’exacte position des vrais Templiers à l’arrêt. Puis, ainsi qu’il
l’avait déjà fait près de cinquante fois, Taqi se tourna vers Gérard de
Ridefort et lança :
    — À vous !
    Ridefort fit faire quelques pas à sa monture. Quand il fut
certain d’être en vue des murailles du château, malgré l’obscurité, il
appela :
    — Par Notre Dame toute-puissante ! Par le
Christ ! Beaux doux frères, écoutez-moi !
    — Annoncez-vous et dites à qui vous voulez
parler ! fit une voix tombant du château.
    — Je suis votre maître, Gérard de Ridefort, et je veux
parler au commandeur de La Fève !
    — Parlez, fit la voix, sur un ton neutre, nullement
impressionnée par ses déclarations.
    Ridefort se tourna vers Taqi ad-Din, qui avait remis la main
sur le pommeau de Crucifère, cherchant à deviner ce que l’épée ressentait. Il
demeurait intimement persuadé qu’un piège leur était tendu. Voyant que Ridefort
attendait ses instructions pour continuer, Taqi lui fit un petit signe de la
main, et l’ancien maître des Templiers déclara :
    — Beaux seigneurs, au nom du Christ tout-puissant, au
nom de Notre Sainte Dame, et en mon nom à moi, je vous commande de quitter ce
château, immédiatement !
    Il n’y eut pas de réponse.
    Ridefort, voyant que ses paroles restaient sans effet,
demanda à Taqi l’autorisation de brandir la Sainte Croix. En de rares
occasions, ils avaient dû user de son autorité. À sa vue, le plus souvent, les
Templiers se rendaient. Parfois, il fallait se battre. Mais c’étaient des
combats faciles, contre des garnisons amoindries, démoralisées et
sous-équipées. Chaque fois, cela avait été un massacre.
    — Par la très sainte relique de la Vraie Croix, au nom
de Notre Seigneur Jésus-Christ, je vous ordonne de sortir et de vous joindre à
nous ! C’est le Christ qui commande !
    En son for intérieur, Ridefort se demandait pourquoi Taqi ne
donnait pas l’ordre à ses troupes de pénétrer dans le château, puisque les
herses étaient levées. Redoutait-il un traquenard ? Enfin, voyant que rien
ne bougeait à l’intérieur de la forteresse, et quelque peu honteux, Ridefort
dit à Taqi :
    — Seigneur, ils ne m’écoutent pas… Je pense qu’il faut
pénétrer dans la place…
    — Les voici, répondit laconiquement Taqi.
    En effet, une dizaine de chevaliers sortirent à pied
d’al-Fûla, tenant leur cheval par la bride. Une vingtaine de frères sergents et
autant d’auxiliaires suivaient.
    Déjà, les hommes du Yazak se pressaient autour d’eux pour
les désarmer. Celui qui était à leur tête s’approcha de Ridefort :
    — Il n’y

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