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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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semblait prendre un malin plaisir à
demander à ses coreligionnaires de se rendre. Que manigançait-il ? Taqi
n’aurait su le dire, mais il aurait parié que l’homme cachait quelque tour dans
son sac. Il n’y avait rien de bon à en attendre.
    — Que faisons-nous ? demanda Tughril, le mamelouk
que Saladin avait détaché de son service pour le prêter à Taqi.
    — Laisse-moi, je réfléchis, répondit Taqi.
    Il flatta l’encolure de Terrible, et lui parla doucement à
l’oreille. En fait, c’était une sorte de prière, par laquelle Taqi recommandait
son âme à Dieu et le priait de l’éclairer. Il se sentait anormalement nerveux.
« Il y a du djinn là-dessous », se disait-il en observant al-Fûla,
qui se dressait avec insolence dans la nuit naissante. Il se remémora les
paroles du cheik des Muhalliq, Nâyif ibn Adid, qui l’avait mis en garde peu
avant son départ, à Hattin.
    — Je n’aime pas ça du tout, dit-il à Terrible, comme si
sa jument pouvait le comprendre.
    Puis, lui faisant faire volte-face, il annonça à ses
hommes :
    — Retirons-nous, je n’ai pas confiance. Mon oncle (la
paix soit sur lui) sera là dans quelques jours avec tous ses soldats. Al-Fûla
lui tombera dans la main, tel un fruit mûr dans la main du sage.
    — Maître, fit Tughril, regardez…
    Le mamelouk montra du doigt un oiseau qui montait en
chandelle dans le ciel, avant de redescendre en vol plané. Taqi ne pouvait détacher
son regard du faucon, cherchant à déchiffrer dans les courbes de son vol un
message codé.
    — Cassiopée est ici !
    Terrible broncha, courba la tête et tira sur ses rênes,
comme pour l’inciter à se hâter.
    — Allons-y ! ordonna Taqi.
    À la tête de ses cavaliers, il obliqua vers al-Fûla.
     
    *
     
    — Parfait, se félicita Renaud de Châtillon.
    À la fenêtre de la grande salle des chevaliers, le sinistre
Brins Arnat, qui n’était toujours pas descendu de Sang-dragon, regardait
approcher les faux Templiers.
    — Hissez les herses ! commanda-t-il d’une voix
ferme.
    — Les deux ? demanda un adjoint.
    — Les deux, ordonna Châtillon.
    De l’autre côté de la salle, Yahyah observait, fasciné, un
étrange coffret en or, de forme pyramidale, contenant la tête d’un homme –
qui lui rendait son regard. De temps à autre, la tête ouvrait la bouche comme
pour happer un peu d’air, puis la refermait dès qu’un Templier s’approchait un
peu trop.
    Ce petit jeu amusait beaucoup Yahyah. Il était apparemment
le seul à l’avoir remarqué. Il se vautra sur la table, prétextant une soudaine
fatigue, et murmura :
    — Tu sais parler ?
    Les globes oculaires se tournèrent dans sa direction, puis
la tête cligna deux fois des yeux.
    Yahyah, de plus en plus intrigué, se dit que cela devait
signifier « oui ». Alors, il demanda tout bas :
    — Qu’est-ce que tu veux ?
    La bouche fit un effort considérable, les muscles du visage
s’animèrent, les veines saillirent sous la peau, comme sur le point d’exploser,
puis les lèvres peinturlurées de rouge s’écartèrent, et une voix d’une
profondeur sépulcrale répondit :
    — De l’aaaaide…
    — Et comment puis-je t’aider ? chuchota Yahyah.
    — J’ai besooooin d’un coooorps…, ajouta la tête.
    On aurait dit qu’elle s’exprimait depuis l’au-delà des
temps. Puis, brusquement, elle se figea. Un garde venait.
    — C’est toi qui parles ainsi ? demanda-t-il à
Yahyah.
    — Ooooui ! fit Yahyah.
    Avant d’ajouter, devant la moue dubitative du soldat :
    — Je suis si faaaatigué…
    Le garde haussa les épaules, et s’en alla voir un peu plus
loin, du côté de Fémie et de Massada – qui étaient, eux aussi, en grande
conversation.
    Un différend les opposait. En échange de leur histoire,
Renaud de Châtillon leur avait proposé de les prendre sous sa protection, ou de
les laisser aller où bon leur semblerait.
    « Vous feriez mieux de tout me dire, ou vous irez
rejoindre votre ancien esclave dans les oubliettes… »
    Renaud voulait savoir tout ce qu’avait fait Morgennes,
pourquoi Saladin l’avait épargné, ce qu’il faisait ici, avec le vexillum de saint Pierre. Il se montrait également intrigué par Carabas, dont l’un des
rares rescapés de la première garnison de La Fève lui avait assuré qu’il était
« une véritable relique vivante ».
    Massada chercha à négocier un accord un peu plus favorable
avec Châtillon (ce qui déclencha chez ce

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