Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
Fémie, Tughril, Terrible et les
autres, Morgennes prit le jeune Templier sous son aile ; Simon avait
promis de se tenir tranquille, et de leur dire tout ce qu’ils voudraient.
    Mais le renseignement le plus important, ce fut Taqi qui le
fournit. Morgennes hésitait alors entre suivre la petite chienne, qui semblait
vouloir aller à l’est, et traquer les Templiers, dont les traces inclinaient
vers le sud – et Jérusalem.
    Taqi le dissuada de poursuivre Châtillon.
    — Pourquoi ? demanda Morgennes.
    — Parce qu’il n’a pas la Vraie Croix.

 
LIVRE III
    Memento
finis.
    (« Pense
à ta mort » ; « Pense à ton but. »)
     
    (Devise
des Templiers.)

 
19.
    « La Vérité est venue,
l’erreur a disparu.
    L’erreur doit
disparaître ! »
    (Le Coran, XVII, 81.)
     
    Galopant sans trêve ni relâche, harassant leurs montures,
ils couvrirent à la vitesse des djinns des distances extraordinaires. Ni vers
l’orient ni vers le midi, ils s’en furent vers le nord, conformément aux
indications de Taqi.
    — Comprends-tu, dit-il à Morgennes, jamais mon oncle
(la paix soit sur lui) n’aurait pris le risque de me confier ce que vous
autres, dhimmis, appelez la Vraie Croix. Non qu’entre mes mains elle eût été
plus en péril qu’entre celles d’un autre, mais il a pensé qu’il valait mieux la
mettre à l’abri de toutes les mains, quelles qu’elles fussent.
    Morgennes lui demanda alors où Saladin avait caché le Saint
Bois.
    — Je ne devrais pas te le dire, mais puisque tu m’as
sauvé la vie, je vais te répondre : il n’a jamais bougé. D’ailleurs, mon oncle
va bientôt revenir le chercher…
    — Que veux-tu dire par là ?
    — Rien d’autre que ce que je viens de dire : il
n’a jamais bougé. Et, ainsi que je te l’ai promis, je vais te mener à ce que
vous autres appelez la Vraie Croix.
    Morgennes, que la manie de Taqi d’appeler les chrétiens
« vous autres » agaçait, lâcha un peu brutalement :
    — Quelle différence fais-tu entre « la Vraie
Croix » et ce que « nous autres » appelons la Vraie Croix ?
    — C’est pourtant évident, répondit Taqi. Vous autres,
dhimmis, inventez des serrures à des maisons qui n’ont pas de portes et, quand
on vient avec une fausse clé, vous vous étonnez de les voir s’ouvrir.
    — Pourrais-tu, je te prie, être plus clair ?
    — C’est simple. La croix tronquée que nous vous avons
prise à Hattin était composée de deux parties : le reliquaire et la
traverse sur laquelle Jésus a été crucifié. Je suis parti avec le reliquaire,
la traverse est restée à Hattin. Il n’était pas difficile ensuite de mettre un
bout de bois de sycomore à l’intérieur du reliquaire et d’abuser le peu de
Templiers qui restaient, trop heureux d’avoir une bonne excuse pour se rendre.
Ce fut un jeu d’enfants. Comme on dit chez nous : « Bien des ruses
valent mieux qu’une tribu. » Mais tout cela n’a été rendu possible que
parce que le Très Haut l’a voulu, comprends-tu, dhimmi ?
    Morgennes comprenait. Oui, il comprenait parfaitement. Sans
trop savoir pourquoi, il ralentit l’allure et dit à Taqi :
    — Arrête de m’appeler dhimmi. Tu sais très bien que
j’ai renié ma foi pour embrasser la tienne…
    — Tu sais ce qu’on dit chez moi ? lança Taqi.
« La main que tu ne peux pas mordre, embrasse-la. » J’ai beaucoup de
respect pour toi, dhimmi, mais ne me demande pas de croire à ta conversion. Tu
as peut-être réussi à tromper les miens, tu as peut-être réussi à tromper les
tiens, et peut-être es-tu arrivé à te tromper toi-même, mais moi tu ne m’as pas
trompé. Je n’ai pas oublié tes paroles, dhimmi : « Dieu ne se rend
jamais. » C’est toi qui avais raison. Ton Dieu ne s’est pas rendu :
il vous a abandonnés !
    Sur ce, il s’éloigna en compagnie de Cassiopée, laissant
Morgennes avec Simon, qui demanda :
    — Qu’a-t-il voulu dire ?
    Morgennes lui jeta un regard glacial :
    — Seulement cela : la Vraie Croix n’a jamais
quitté Hattin.
    Simon réprima un frisson, comme s’il revoyait passer devant
lui des journées entières consacrées à l’adoration d’un faux Dieu. Quant à
Morgennes, il n’avait pas vraiment répondu à sa question. Aussi
précisa-t-il :
    — Beau doux sire, pardonnez-moi, mais votre conversion
fut-elle sincère ?
    — Je l’ai cru, dit Morgennes. Maintenant, je ne sais
plus.
    Simon n’insista pas. Bien lui en prit car

Weitere Kostenlose Bücher