Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
Ridefort.
    — Parce que c’est la Vraie Croix.
    Châtillon et Ridefort le regardèrent, surpris, interloqués.
Puis Châtillon explosa de rire :
    — C’est elle, en effet !
    Prenant des mains de Wash el-Rafid la planche carbonisée, il
l’inséra dans le reliquaire. Elle paraissait plus vraie que nature.
    — Alléluia ! s’extasia Châtillon.
    — Je croyais, couina Ridefort, que nous avions besoin
de cette gaine d’or pour payer les Maraykhât.
    — Le Vieux de la Montagne saura bien les motiver, dit
Wash el-Rafid, les yeux dans le vague.
    Châtillon fit rouler sa chaise jusqu’à Ridefort :
    — Que tes hommes envoient cette croix à Rome. Elle n’a
de la Vraie Croix que l’apparence, mais je mets Urbain III au défi de
reconnaître ce qu’il n’a jamais vu !
    Il fit de nouveau pivoter sa chaise, et s’approcha de Wash
el-Rafid, qui déclara :
    — Si Morgennes et Taqi ad-Din sont encore en vie, je
les ramènerai ici pieds et poings liés. Quant à la Vraie Croix, je n’ai pas dit
mon dernier mot…
    S’asseyant sur la table d’alchimie, à côté d’un alambic
bouillonnant, Wash el-Rafid ajouta :
    — Il faut retrouver Massada. Ce cloporte saura sûrement
ce qu’il est advenu de Morgennes et de la Vraie Croix.
    — En vérité, fulmina Châtillon, jamais nous n’aurions
dû laisser partir ce cloporte…
    — Comment faire pour savoir où il est ? demanda
Ridefort.
    — Je peux toujours demander à mon informateur, chez les
Hospitaliers, proposa Châtillon.
    Mais Wash el-Rafid connaissait des moyens bien plus sûrs de
savoir si Morgennes, Taqi ad-Din et Cassiopée étaient encore en vie, et
d’apprendre où Massada se terrait :
    — Il suffit d’interroger les djinns !
    D’ordinaire, Wash el-Rafid n’aimait pas impliquer
Sohrawardi, car c’était s’exposer à de grands dangers et mettre en péril la vie
des mages chiites du Caire. En outre, Châtillon, qui devait aux thériaques du
nécromancien d’avoir survécu à son crucifiement, rechignait à faire appel à ses
pouvoirs, craignant d’augmenter sa dette envers lui. Mais, cette fois-ci,
l’enjeu était trop important :
    — Dis-lui de se mettre à l’ouvrage, il n’y a pas un
instant à perdre ! rugit Châtillon.
    Grâce à des hommes infiltrés dans les rangs de l’armée de
Saladin – et notamment grâce aux deux mamelouks chargés de garder le
sorcier –, Wash el-Rafid obtint très vite les renseignements désirés.
    Sohrawardi avala de l’hypericum, du séséli et du venin de crotale ;
il se trancha les veines du poignet, fit couler son sang dans une bassine en
cuivre où flottaient dans son placenta les entrailles d’un fœtus, et consulta
les djinns.
    D’habitude, les djinns, furieux d’avoir été invoqués par les
hommes, s’amusaient à leur fournir des réponses alambiquées. Qu’il fallait
interpréter, avec les risques d’erreurs que cela comportait. Mais pour une
fois, la réponse fut étonnement limpide :
    — À l’oasis des Moniales !
     
    *
     
    Rawdân ibn Sultân exultait. Le cheik des Maraykhât et ses
hommes écumaient la région depuis plusieurs lunes, en quête de villages et de
réfugiés à piller, quand ils apprirent que Rachideddin Sinan voulait les
remercier.
    À Masyaf, dans sa puissante forteresse du djebel Ansariya,
le chef des Assassins de Syrie remit à Rawdân ibn Sultân dix éléphants, ainsi
qu’un éléphanteau qui avait suivi sa mère depuis la vallée du Panjab et dont
les Batinis n’arrivaient pas à se débarrasser.
    — Cassiopée les valait largement, dit Sinan à Rawdân
ibn Sultân, avant d’ajouter, regrettant presque d’avoir dû la livrer aux
Templiers blancs : j’espère que tu prendras autant soin d’eux que j’ai
pris soin d’elle…
    Le cheik des Maraykhât, qui avait rejoint les rangs des
Assassins peu après la bataille de Hattin, sourit à Sinan de toutes ses dents
ébréchées. Il assura son « maître » de sa profonde gratitude et de
son absolu dévouement.
    — Je m’occuperai de vos dix éléphants mieux que vous ne
vous occupez de vos femmes, promit Rawdân à Sinan en se déhanchant, comme si
cela pouvait ajouter à son zèle.
    Un éclair de surprise et de mécontentement passa dans le
regard de Sinan, mais le cheik des Maraykhât, tout à ses projets de pillages,
ne le vit pas. Sinan se rembrunit, caressa d’une main songeuse la poignée d’un
de ses deux longs sabres, et congédia vivement Rawdân ibn

Weitere Kostenlose Bücher