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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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dormir.
    Il jeta ses pelures dans une coupelle dorée, et mordit son
orange à belles dents.
    Rawdân trouvait le projet audacieux ; il fut séduit.
    Finalement, bien que rebuté par les méthodes quelque peu
expéditives de Sinan, il accepta de bon cœur. Il se disait qu’il y aurait là
matière à se divertir et à s’enrichir. Le maître apprendrait à l’estimer, ou
alors… il apprendrait lui aussi, à ses dépens, ce que signifiait la colère d’un
Maraykhât.
    Quand Wash el-Rafid lui dit où il devait se rendre, Rawdân
éclata de rire et fonça hors de sa tente pour donner l’ordre à ses troupes de
se mettre en route : il n’y avait pas un instant à perdre ! Ils
attaquaient l’oasis des Amazones ! Oh, comme il allait leur faire payer, à
ces chiennes, les hommes qu’elles lui avaient pris avant de les relâcher,
châtrés, dans le désert, où les siens les retrouvaient. Parfois. À moitié
déshydratés et complètement fous.
     
    *
     
    Deux jours plus tard, les Maraykhât attaquèrent l’oasis.
    Les Moniales, prévenues par l’Emmurée, les attendaient de
pied ferme. Elles avaient revêtu une cuirasse en peau de serpent bouillie,
particulièrement légère et qui n’entravait pas les mouvements, rabattu sur leur
visage une tête de hyène évidée (en guise de casque), et s’étaient équipées
d’un petit bouclier en cuir d’hippopotame. Cet accoutrement leur conférait
l’aspect terrifiant de créatures fantastiques.
    La première ligne de défense des Moniales s’était postée à
la bordure de l’oasis, sous le commandement d’Eugénie – la sœur de Fémie.
Elle ne cessait de scruter le ciel, observant les mouvements du faucon de
Cassiopée. Soudain, l’oiseau partit d’un trait se cacher dans la lumière du
soleil : l’ennemi approchait.
    Eugénie, perchée sur une plateforme dissimulée dans les palmiers,
encocha une longue flèche à barbillons, de ces flèches qui perçaient les
armures et qu’on ne pouvait retirer sans arracher les chairs.
    Puis le désert se mit à trembler, gonfla, ourlé de rides
opaques. Bientôt, de ces tourbillons surgirent des cavaliers qui paraissaient
ne pas toucher terre, comme portés par les djinns. Ils fouettaient l’air de
leurs sabres à lame courbe, hurlaient des imprécations audacieuses aussitôt
dispersées par le vent. Derrière eux, une dizaine d’éléphants chargeaient en barrissant,
leur trompe levée vers le ciel, éclaboussant l’horizon d’ombre poussiéreuse.
    Lorsqu’ils furent à portée de tir, les Moniales lâchèrent
une première salve de flèches. Fauchés dans leur course, plusieurs cavaliers
roulèrent dans le sable avec leur cheval. Mais d’autres, que la chute de leurs
frères sembla revigorer, les remplacèrent.
    Quand cette seconde vague fondit sur les Moniales, Eugénie
ordonna le repli : la lutte était par trop inégale. Les Maraykhât étaient
cinq fois plus nombreux. Ils donnaient des coups de sabre au hasard, frappant
les arbres, tranchant les lianes, éventrant même les singes – qui
s’enfuyaient en glapissant dans les palmiers où ils semaient de grandes
traînées rouges.
    Très vite, les Maraykhât atteignirent le fond de l’oasis, où
ils se heurtèrent au gros des forces moniales – qui parvint tant bien que
mal à les contenir.
    Tout en continuant d’exhorter ses guerrières à tenir bon,
Zénobie, montée sur une gazelle, regarda vers l’entrée de son petit
royaume : si Eugénie parvenait à empêcher les éléphants de passer,
peut-être auraient-elles une chance de l’emporter.
    Mais les pachydermes, que les Maraykhât avaient drogués pour
qu’ils ne ressentent ni peur ni douleur, arrachèrent les palmiers avec leur
trompe, firent tomber les Moniales qui s’y trouvaient, et les piétinèrent.
    Un éléphant avait pris Eugénie en chasse et la poursuivait
au milieu des broussailles. Blessée, elle se dirigea en boitant vers un fossé
creusé la veille, espérant y prendre au piège l’animal. Quand elle ne fut plus
qu’à quelques pas de la fosse dissimulée par des palmes, elle banda ses forces
pour un dernier saut, et parvint à passer de l’autre côté. L’éléphant
s’engouffra dans le trou serti d’épieux acérés, ne laissant dépasser que ses servants,
qui beuglaient sur son dos, cherchant maladroitement à ajuster Eugénie pour lui
envoyer un javelot. C’est alors qu’un second éléphant se dirigea vers eux, les
aplatissant au passage. Sans avoir pu

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