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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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haut. « Je vais enfin pouvoir régler mes
comptes », disait en ricanant une vieille, qui soulevait ses jupes pour
montrer une absence de jambes, remplacées par des béquilles.
    On assista alors aux cris de : « Apparais !
Sauve-nous ! », au plus affreux des spectacles. Renaud de Châtillon
ouvrit la sombre cérémonie. S’avançant à cheval vers l’Omphalos, il s’approcha
de l’autel où les reliques étaient posées et, d’un violent coup d’épée, les fit
tomber sur les dalles. Puis il les piétina sous les sabots de Sang-dragon et
laissa couler sur elles le sang qui gouttait de ses plaies encore à vif, et que
Sohrawardi s’obstinait, comme par un fait exprès, à mal soigner. Un chien leva
la patte sur les Roseaux et mordilla le Fouet – qu’on dut lui ôter de la
gueule afin qu’il en laissât pour les autres. Ensuite ce furent les
prostituées, qui se disaient filles de Marie Madeleine et réclamaient comme
compensation d’être logées et nourries par la ville. Elles se fourraient les
Roseaux et le Fouet dans le con, branlaient le cul de leurs clients avec, et
s’en allaient après communier ; Héraclius leur donna l’absolution, sous la
forme d’une hostie trempée dans du vin où son fils et Pâques de Rivari avaient
craché.
    Enfin, quand le flot de furieux parut se calmer et que les
reliques furent en lambeaux, le patriarche meugla :
    — Je vous demande de vous arrêter !
    On protesta. Alors, les Templiers blancs dégainèrent leur
épée, Ridefort allant même jusqu’à plonger la sienne dans le ventre d’une
fillette que sa mère avait tenu à amener pour l’édifier.
    Le silence se fit.
    — Écoutez-moi ! continua Héraclius en venant, avec
son fils, ramasser ce qui restait des reliques pour les remettre sur leurs
petits coussins de soie rouge. Seigneur ! dit-il en fixant des yeux le
tombeau de Jésus, situé juste en face de lui, de l’autre côté du chœur,
laisseras-Tu faire ces mécréants, qui campent là-dehors, sous nos murs ?
Les laisseras-Tu dire : « Allah est le plus
grand ! » ?
    Il faisait mille caresses aux reliques, les couvrait de
baisers, les cajolait et leur parlait comme s’il se fût agi de nourrissons.
    — Les laisseras-Tu faire ?
    — Nooooon ! répondait la foule en vagissant.
    — Ou bien, au contraire, est-ce cela que Tu désires
entendre : « Allah est le plus grand ! » ?
    — Allah est le plus grand ! reprenaient les
fidèles, qui en rigolant, qui sérieusement.
    — Allah est le plus grand ! disait Héraclius en
déambulant sous la nef, les coussins levés au-dessus de lui.
    —  Allah Akbar ! hurla alors Gérard de
Ridefort.
    —  Allah Akbar ! reprirent les ouailles.
    Héraclius renversa la tête de manière extatique. De ses
yeux, on ne voyait que le blanc ; des commissures de ses lèvres suintait
un flot de bile noire.
    Et la foule de brailler de plus belle :
    —  Allah Akbar !
    Renaud de Châtillon avait réussi au-delà de ses espérances.
La foule invitée à communier dans la détestation de Dieu avait répondu à son
appel, et se laissait aller maintenant à des déchaînements de haine qui
certainement ne laisseraient pas Dieu insensible, et Le feraient réagir.
    Il ne pouvait en être autrement ! On n’avait jamais vu
un tel déferlement de délire et de rage. Ah, si seulement ils avaient eu la
Vraie Croix ! C’est sûr, Jésus serait sorti de Son tombeau pour les
exterminer !
    — Mes amis ! poursuivit Héraclius en dardant sur
la foule ses yeux exorbités. Que pouvons-nous faire d’autre ? Dieu ne veut
pas nous répondre ! Nous qui L’aimons tant ! Que pouvons-nous faire
pour Lui prouver notre amour et L’inciter à nous entendre ?
    — Jetons-les en enfer ! hurla Châtillon, du haut
de sa monture.
    — En enfer ! cria la foule. En enfer !
    Héraclius trouva tout à coup que l’atmosphère changeait. À
quelqu’un qui lui demandait s’il se sentait bien, il répondit
benoîtement :
    — Il fait chaud !
    À la fois excité et effrayé par la tournure que prenaient
les événements, Héraclius eut un doute : n’y avait-il pas un risque à
menacer Dieu de l’enfer ?
    Mais où était l’enfer ? À cela, la tradition
hiérosolymitaine offrait une réponse : non loin des souterrains de
l’ancien Temple bâti par le roi Salomon, et dont les Templiers avaient fait
leurs écuries – capables d’accueillir plus de deux mille chevaux. On y
accédait par des

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