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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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se comptaient par milliers.
On eut à déplorer plusieurs incendies, ainsi que l’aplatissement d’un jeune
couple par un rocher ayant traversé le plafond de leur chambre alors qu’ils
faisaient l’amour. Ce couple n’étant pas encore marié, cela terrorisa ceux
qui – la mort approchant – avaient souhaité connaître les plaisirs de
la chair sans s’unir d’abord devant Dieu.
    D’ailleurs, les chanoines pressaient les Hiérosolymitains de
cesser toute activité sexuelle, Dieu n’aimant pas que l’on fornique dans
l’adversité.
    Le lendemain du second soir, le 22 septembre donc, la
journée écoulée ressemblant assez à la précédente, Balian fut convié à dîner à
la tour de David. Il s’y rendit avec Algabaler et Daltelar, desquels on avait
finalement su tirer le meilleur.
    Le repas qui fut servi était somptueux, et, n’était le
fracas des pierres dans les quartiers nord, on se serait cru en temps de paix.
Héraclius interrogea Balian sur les raisons de son succès.
    — En matière de siège, expliqua Balian, il n’est de
véritable réussite que lorsque votre adversaire se retire, ce qui est loin
d’être le cas. Néanmoins, il est vrai qu’on aurait pu s’attendre à pire, étant
donné le peu de forces dont nous disposons. Mais j’ai pu juger par moi-même de
la ferveur des chrétiens qui montent aux créneaux. Ils disent des Pater,
chantent des Ave Maria, qui valent bien les flèches ennemies, et réjouissent
davantage les cœurs que celles-ci n’y font de dégâts.
    — Mais Dieu dans tout ça ? demanda Héraclius, une
once de perversité dans le regard.
    — Dieu ? Il est de notre côté, puisque nous sommes
encore là. Sans Son soutien, il est évident que la ville serait tombée.
Sera-t-il suffisant pour nous permettre de l’emporter ? Je ne sais pas. À
moins que les renforts n’arrivent rapidement, je vous avoue que je ne vois pas
d’issue favorable à la situation où nous nous trouvons actuellement.
    — De quoi avons-nous besoin ? demanda Héraclius.
    — D’un miracle, répondit Balian.
    — Et qu’est-ce qui fait les miracles, intervint
brusquement Châtillon, sinon les reliques… Les hommes que nous avons envoyés à
la recherche de la Vraie Croix – des Sarrasins, il est vrai – ne sont
toujours pas revenus. Je crains qu’ils n’aient été vaincus par les Amazones.
J’ai une solution à vous proposer, dit-il en regardant Héraclius, qui vaut bien
celle que nous comptions mettre en œuvre, autrefois…
    — À quoi pensez-vous ? demanda Balian.
    — Sortir, faire une charge de cavalerie avec les
troupes qui nous restent, tant que nous en avons les moyens. Ravager autant que
possible les rangs de ces démons à la peau couleur de sable, et mourir l’épée à
la main !
    — C’est excessivement risqué, fit remarquer Balian.
Vous envoyez à une mort certaine nombre de braves, qui auraient peut-être la
vie sauve si l’on voulait attendre les secours ou s’entendre avec Saladin.
    — Mais il n’est pas question de s’entendre avec
lui ! tonna Châtillon. Cet homme est un démon, c’est le diable
incarné ! Asmodée !
    Il tenta de se lever, mais retomba lourdement sur sa
chaise : ses jambes lui faisaient toujours défaut. Alors, Kunar Sell
s’approcha de lui, et l’aida à se mettre debout. C’était un très curieux
spectacle que celui de cet homme qui aurait dû mourir plus d’une centaine de
fois, et qui passait – soutenu par un Templier au front tatoué d’une croix –
entre les chaises des invités d’Héraclius, pour les inciter à embrasser une
mort qu’ils avaient toujours fui – le destin après lequel il avait, lui,
sans cesse couru, et qui sans cesse s’était dérobé.
    — Il faut provoquer Dieu ! s’écria Châtillon.
L’obliger à choisir Son camp ! S’il ne veut pas nous défendre, alors que
nous nous battons pour Sa cause, eh bien, qu’il meure en même temps que
nous !
    — Je ne crois pas qu’on puisse obliger Dieu à quoi que
ce soit, observa Balian en s’essuyant la bouche avec un coin de la nappe.
J’appelle cela de la folie, et rien d’autre.
    Un grand silence s’abattit autour de la table, chacun des
convives s’absorbant dans la contemplation des mets posés sur son pain.
    — Je trouve au contraire l’idée excellente, continua
Ridefort. Si nous ne le faisons pas, alors nous ne sommes pas dignes d’être des
hommes – et encore moins des chevaliers.
    — C’est

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