Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
tendit à Morgennes un fin rouleau de
parchemin. Morgennes le déroula, et lut : « Que ton armée se retire
de Jérusalem avant la prière d’As Soubh, ou al-Afdal mourra. Que tes hommes ne
fassent de mal à aucun des mille mages, ou al-Afdal mourra. » Le message
était clair, et se passait de commentaires. La prière d’As Soubh avait lieu à
l’aube. Il restait donc peu de temps pour retrouver al-Afdal. Quelques heures
tout au plus.
    — Ce n’est pas signé ? demanda Morgennes.
    — Les galettes de froment, posées juste à côté, sont le
sceau de celui qui nous l’a envoyé. Mais, avec des revendications pareilles, il
aurait pu s’en passer.
    Morgennes regarda Saladin, intrigué.
    — Sohrawardi. Les Assassins… Ils ne peuvent plus s’en
prendre à moi, alors ils s’en prennent à mon fils…, soupira Saladin, songeur.
Je devrais me réjouir pourtant, reprit-il en s’efforçant de sourire. D’ici peu,
al-Afdal rejoindra le paradis. Que peut-il espérer de meilleur ?
    — Vous ne lèverez pas le siège ? demanda
Morgennes.
    — Dussé-je y perdre mes trois autres fils, je prendrai
Jérusalem. C’est pourquoi ton action n’y changera rien… Tu peux y aller le cœur
en paix. La ville tombera, c’est écrit. Même moi je n’y puis rien changer.
Quant aux mille mages du Caire, ils seront morts dans la journée.
    La sentence était tombée sur un ton des plus calmes.
    — Mais je préférerais, poursuivit Saladin, m’en emparer
et ne pas perdre al-Afdal. Aussi vais-je me plier à ce qui est écrit dans ce
message. Je vais donner l’ordre à mes troupes de battre en retraite. Pendant ce
temps, tu iras dans la ville, discrètement, à la recherche de mon fils. Tu es
un chrétien. Personne ne se méfiera de toi…
    — Quel intérêt les Assassins ont-ils à vous empêcher de
prendre Jérusalem ?
    — Me nuire, voilà tout. Reprendre la ville aux
chrétiens pour la rendre à Dieu a été le projet de ma vie. Sinan ne veut pas
qu’on puisse dire : « Il a réussi là où les Batinis ont
échoué. » En outre, j’imagine qu’il a d’autres projets… Si c’est bien lui
le responsable…
    Morgennes dévisagea le sultan, se demandant s’il mesurait la
difficulté de la tâche. Et d’ailleurs, de quelle manière s’assurer qu’al-Afdal
était bien à Jérusalem, et non pas ailleurs ?
    Le cadi Ibn Abi Asroun parla d’une voix lente, détachant
chacune de ses paroles afin de bien se faire comprendre :
    — Vous vous posez sûrement la question de savoir
comment il se fait que nous soyons au courant qu’al-Afdal se trouve à
Jérusalem. En fait, ce n’est qu’une supposition. Mais, après sa disparition,
mes hommes et ceux du Yazak ont mené leur enquête. Nous nous sommes aperçus que
Sohrawardi manquait à l’appel, ainsi que quelques mamelouks – dont ceux
qui le gardaient, parmi lesquels le propre fils de Tughril. Il est d’ailleurs
lassant de voir que les mamelouks continuent de se révolter. Ils devraient
comprendre que c’est sans issue… Enfin, leurs traces…
    Taqi lui coupa la parole :
    — … se dirigeaient tout droit vers la muraille, à
l’orient de la ville… Nous n’eûmes aucun mal à les suivre : nous sommes
des pisteurs, habitués à traquer les pires prédateurs sur les terrains les plus
difficiles. Les retrouver fut un jeu d’enfant ; d’autant qu’ils ne
cherchaient guère à se cacher, et que Sohrawardi semait derrière lui des
effluves, comment dire…
    — Impossibles à dissimuler, susurra Morgennes.
    — En effet. D’ailleurs, après son départ, le camp s’en
porta mieux. Je n’ose imaginer ce qu’il en est à présent de ces pauvres
Hiérosolymitains.
    — Il s’agit peut-être d’une fausse piste, observa
Morgennes.
    — Si tel est le cas, alors mon fils est mort, lâcha
Saladin.
    Morgennes se leva, massa ses genoux endoloris, porta la main
sur son cœur et s’inclina pour déclarer :
    — Je retrouverai votre fils.
    — Je viens avec toi, proposa Taqi.
    — Non, dit Morgennes. Tu risquerais de nous faire
remarquer. En revanche, je veux bien y aller avec Simon.
    — Et Cassiopée ? s’enquit Taqi.
    — Elle reste avec toi. Surtout, qu’elle ne fasse rien…
    — Autant demander au khamsin de ne pas souffler.
    — Je vais l’en convaincre moi-même. Je tiens à la
saluer, ainsi que Massada, avant de m’en aller. Allez chercher Simon et
conduisez-nous aux portes de la ville. Je sais une poterne, non loin du

Weitere Kostenlose Bücher