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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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mosquée d’Omar… Enfin, quoi de plus amusant que de
penser que, dans le Saint-Sépulcre, un rocher porte l’empreinte du Fils de
Dieu, alors que, sous le dôme du Rocher, un autre a en creux l’empreinte du
pied de l’envoyé d’Allah ! D’une certaine façon, Notre Seigneur
Jésus-Christ et le Prophète sont les deux piliers sur lesquels s’appuie Dieu…
    Wash el-Rafid sourit et dit en caressant les leviers de son
arbalète, toujours chargée :
    — Il a peut-être deux jambes, mais il n’y a qu’un seul
Dieu. Nous le voyons avec nos pauvres yeux d’humains. Alors, forcément, nous en
avons une vision multipliée. Mais Dieu est le seul, l’unique…
    — Tu parles comme un Mahométan, l’interrompit
Châtillon.
    El-Rafid ne répondit rien, se contentant de fixer Châtillon,
qui le défiait lui aussi du regard. Aucun de ces deux hommes n’avait jamais baissé
les yeux devant personne. Et ce n’était pas aujourd’hui qu’ils commenceraient.
    Les pierres à feu avaient rempli leur office et permis
d’allumer trois torches, qui jetaient sur les parois du puits de courtes
lumières, trop froides pour le réchauffer. Leur descente dans les profondeurs
de la Moriah s’effectua dans un silence relatif, bercé par les râles des hommes
et les bruits des cordes et des poulies, qui travaillaient à les faire,
lentement, progresser dans un tombeau de plus en plus noir – où s’éteignirent
peu à peu tous les sons, à l’exception d’une sourde pulsation qui continua de
faire entendre sa plainte. Elle battait à leur ouïe, comme venue d’eux-mêmes.
     
    *
     
    De retour au campement de Saladin, Taqi entreprit de
chercher Cassiopée. Il scruta le ciel dans l’espoir d’y apercevoir son
faucon – mais seuls de gros nuages s’accumulaient dans l’obscurité,
rendant l’air humide et lourd, chargé de colère. Les orages de la fin de rajab
approchaient. Avec une poignée d’hommes du Yazak, Taqi alla de feu de camp en
feu de camp, demandant aux soldats s’ils n’avaient pas vu une jeune femme
accompagnée d’un faucon. Mais les seules femmes dont on leur parlait étaient
les catins qui suivaient les armées en campagne – comptant sur les guerres
pour gagner un peu d’argent. Il n’y avait aucune trace de Cassiopée.
    Avisant Yahyah, qui discutait avec Dahrân ibn Uwâd, le jeune
cheik des Kharsa auquel il contait ses aventures avec emphase, Taqi lui
demanda :
    — Pardon d’interrompre un aussi fantastique récit, mais
saurais-tu par hasard où se trouve Cassiopée ?
    Pour toute réponse, Yahyah écarta les bras, une moue
embarrassée sur le visage. Taqi montra alors du doigt la petite chienne jaune,
qui rongeait une côtelette de mouton :
    — Babouche saurait-elle la retrouver ?
    — Pour sûr, dit Yahyah. Si elle n’est pas trop loin, et
si on a un vêtement à lui faire renifler.
    Taqi conduisit Babouche et Yahyah vers le campement des
Zakrad. De leur côté, les Kharsa, inquiets de la disparition de Cassiopée,
fouillèrent le camp et ses environs. Chez les Zakrad, Matlaq ibn Fayhân, le
Maître des oiseaux en personne, accueillit avec ferveur le neveu de Saladin, et
le guida lui-même vers la tente qu’occupait Cassiopée quand elle lui faisait
l’honneur de les visiter. À leur arrivée, le paon s’enfuit en gloussant
d’indignation. Ils choisirent dans une collection de bliauts, de robes et de
chausses, une chemise de soie grise que Cassiopée affectionnait tout
particulièrement.
    Babouche flaira le linge en remuant la queue – ne
comprenant pas ce qu’on lui demandait : « Cherche ! Cherche
Cassiopée ! Cherche ! »
    La pauvre petite bête n’avait pas été entraînée pour cela,
et tournait en rond dans la tente, l’air inquiet, les oreilles basses, la queue
entre les jambes, ignorant ce qu’on attendait d’elle avec autant d’impatience.
    Redoutant un problème, Taqi regardait autour de lui, quand
il avisa le paravent derrière lequel Cassiopée s’habillait. Passant de l’autre
côté, il trouva les vêtements qu’elle avait portés dans la journée. En
revanche, le mannequin sur lequel elle posait d’ordinaire son armure était
vide : elle s’était donc changée, et pour partir en guerre !
    — Incorrigible ! maugréa Taqi.
    Il sortit précipitamment de la tente, et contempla de
nouveau le ciel de Jérusalem – plus précisément celui du Haram al-Sharif,
l’esplanade du Temple. Il lui sembla alors distinguer une minuscule

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