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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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préserve. Mon bon ami, les rois possèdent en commun avec les papes une magnifique justification qui les décharge de se sentir coupables de leurs manquements ou de leurs tromperies : la raison d'État. Il faudrait être privé d'esprit pour la mésestimer.
    – La comtesse sait-elle que vous vous rendez demain à l'aube à Alençon ?
    – Non, et j'insiste pour que vous vous en teniez à la fable du déplacement d'affaires que je lui ai conté. Si… deux ou trois journées se révélaient insuffisantes à éclaircir mes juges, vous reviendriez ici afin de la réconforter, de l'assurer que je rentre sous peu. S'ils en venaient à un emprisonnement, nous saurions à quoi nous en tenir. Il vous faudrait alors renseigner la comtesse, sans omettre aucun des détails de notre présente discussion et prendre au plus vite la route pour la Sardaigne.
    – Il en sera fait à vos ordres… et en amitié, monseigneur.
    – Du fond du cœur, merci, Brineux.

    Agnès se releva de son prie-Dieu. En dépit de la tiédeur de l'après-midi, elle frissonnait. Elle repoussa la porte de la petite chapelle attenante à sa chambre et se dirigea vers le coffre-banc qui jouxtait son lit. Elle s'y laissa choir, agacée contre elle-même. Cette langueur contre laquelle elle ne parvenait pas à lutter l'exaspérait. Les remèdes que lui avait préparés messire Joseph semblaient incapables de combattre la fatigue qui l'assommait depuis des jours. Elle s'admonesta, en vain. L'envie de faire, de sortir, de monter à cheval ou de se promener dans le parc, autour de l'étang l'avait fuie. Elle regarda autour d'elle. Où donc était passé son beau recueil des Lais de Marie de France ? Un coup discret frappé contre la haute porte de ses appartements la fit sursauter. Guillette parut, tenant avec précaution un fin gobelet de Beauvais 2 .
    – Votre lait de poule, madame. Aucun remède de ma connaissance ne requinque aussi vite et c'est savoureux au palais.
    – Tu es gentille. Pose-le à mon côté.
    La jeune femme s'exécuta et demanda d'un ton où perçait l'inquiétude :
    – Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?
    – Mieux, mentit Agnès.
    – Je ne m'en étonne pas. Messire Joseph passe pour un des meilleurs médecins du royaume.
    – Réputation justifiée, j'en suis certaine. Guillette, je cherche mon recueil de lais et ne le retrouve point. L'aurais-tu vu ?
    – Non pas, madame. Je vous ai vu hier rejoindre la bibliothèque alors que vous l'aviez en main. Peut-être l'y aurez-vous abandonné.
    – Il m'est si précieux. Je t'en prie, trouve-le moi. Ah, tu me rapporteras une carafe d'eau. J'ai si soif… La journée n'est pourtant pas étouffante.
    La servante se plia en révérence et sortit sur un sourire en promettant :
    – Je n'y manquerai pas. Je vais le découvrir bien vite ce mignon chenapan de livre qui vous joue des tours.
    Agnès balaya du regard les tables et les guéridons qui parsemaient la pièce. L'énervement qu'elle ressentait contre elle amplifia. Était-elle une buse de semer cet ouvrage qui lui tenait tant au cœur ? Elle dégusta à petites gorgées le lait de poule, sucré à sa convenance et relevé d'une pointe de cannelle et de gingembre, réfléchissant, tentant de se remémorer ses allées et venues de la veille et du matin. Elle avait encore le livre à la nuit puisqu'elle avait parcouru un des lais une fois allongée. S'était-elle endormie, avait-il glissé dans la ruelle 3  ? Elle se leva en prenant appui sur ses mains et examina l'espace délimité par le mur et le côté de son lit. Sans résultat. Elle s'agenouilla, releva la courtepointe pour inspecter le dessous sans rien y découvrir qui ressemble à son gracieux rassemblement de textes. Elle allait se redresser lorsqu'une excroissance étrange attira son regard. Elle tenta de l'attraper mais dut s'allonger sur le plancher, glisser le torse sous le lit avant d'y parvenir. Elle arracha la sorte de boule molle clouée au bois et rampa. Assise à même le plancher, elle considéra le petit sachet de toile noire. Elle desserra le lien qui le fermait et vida son contenu dans sa paume. Qu'était ceci ? Qu'était ce petit amas carbonisé, malodorant, et ces plumes de duvet noir ? La panique la releva et une sueur glacée trempa son front. De la magie. De la sorcellerie. Sa fatigue, ses étourdissements. Quelqu'un cherchait à la tuer grâce à un sort. Elle se rua dans son antichambre et sans même réfléchir se

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