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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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je serais donc une monnaie d'échange entre le roi et le Vatican ?
    – C'est ma conviction, qui explique l'autorité presque offensante de la missive que vous reçûtes du premier.
    – Je devrais me sentir flatté de l'importance que je prends soudain aux yeux de tous, ironisa sombrement le comte Artus. (Il soupira et déclara avec brusquerie :) Le fond de votre pensée, Brineux. Je sais toujours lorsque vous me taisez une exécrable nouvelle. Votre visage s'allonge comme un jour sans pain et votre regard fuit le mien avec une belle insistance.
    – Je… peut-être m'abusé-je… Une idée m'a traversé l'esprit et pour tout vous dire elle m'est détestable. Et si… Et si l'on cherchait à vous éloigner de la comtesse ?
    – Dans quel but ? s'enquit Artus.
    Pourtant, Monge de Brineux eut la conviction qu'il n'était pas surpris.
    – Elle fait proie bien plus aisée sans votre protection. L'acharnement dont elle fut récemment victime de la part de l'Inquisition, ces nervis qui l'auraient égorgée dans la forêt, n'eut été son courage et la vigueur de sa jument, mais également l'intervention de ce chevalier hospitalier, intervention trop… providentielle pour être parfaitement innocente… Tout porte à croire qu'elle revêt une importance capitale pour des gens puissants et résolus. Leur détermination, leur but – et bien qu'ils me demeurent totalement mystérieux – se seraient-ils volatilisés dès après vos épousailles ? J'en doute.
    – Je vous rejoins dans ce doute, Brineux. Vous êtes donc parvenu à la même conclusion que moi-même.
    – En d'autres termes… (Monge de Brineux raffermit sa voix afin d'en dissimuler l'alarme) me vient la crainte que cette comparution soit bien davantage, bien plus préoccupante, qu'une benoîte envie d'éclaircissements de la part de Rome.
    Artus le considéra avant de répondre :
    – C'est pour cette excellente raison que messire Joseph m'a transformé en élève assidu depuis une semaine.
    – Votre pardon ?
    – J'apprends, décortique les Consultations à l'usage des inquisiteurs rédigées par feu Clément IV, un petit traité de pratiques inquisitoriales également. Nous le devons à un seigneur inquisiteur anonyme. Une lecture édifiante. C'est à se demander comment un seul inculpé est parvenu à s'extraire de leurs griffes !
    Le soulagement se lut sur le visage de Monge de Brineux.
    – Quel insupportable sot je fais, monseigneur ! Je me rongeais les sangs d'inquiétude à votre sujet. Je vous imaginais vous jetant sans préparation dans la gueule du loup. Quel sot, vraiment !
    – Certes pas, rétorqua Artus d'Authon d'une voix radoucie. Vous faites un valeureux ami et c'est ma propre bêtise qui me navre. Car, voyez-vous, il aura fallu ces heures périlleuses pour que je m'en rende enfin compte.
    Cette déclaration, inattendue de la part d'un homme le plus souvent impénétrable, distant sans dédain, fit monter le fard aux joues de Brineux qui se contenta de murmurer :
    – C'est mon honneur et mon contentement, monseigneur.
    – Pour en revenir à ce procès que l'on tente de me faire prendre pour une simple explication, je ne puis l'éviter. Même si je le pouvais, je m'y présenterais. Biaiser reviendrait à leur donner raison sans effort. De simplement questionné, le jugement de Dieu qui sauva ma tendre épouse deviendrait suspect, pour ne pas dire frauduleux, donc caduc. Qui dit qu'ils ne tenteraient pas alors un vil coup de leur façon : un nouveau procès, alourdi d'un meurtre d'inquisiteur et d'un irréparable sacrilège. C'est ce que je veux à toute force éviter. (Artus d'Authon marqua une courte pause avant de reprendre d'un ton si plat qu'il inquiéta le grand bailli :) Brineux, maintenant que vous voilà un peu rassuré sur ma pugnacité, j'ai… Il ne s'agit pas d'un commandement mais bien d'un service que je demande à l'ami que vous êtes. Dans l'éventualité où les choses ne se dérouleraient pas telles que je les souhaite, je vous supplie de conduire au plus vite la comtesse d'Authon et le petit Philippe chez mon cousin Jacques de Cagliari, en Sardaigne. En dépit de ses manières… rustiques, il a noble cœur et véritable courage. En homme avisé, il se mêle aussi peu que possible des affaires du monde. Nul ne pourra les atteindre. Je l'ai averti dès après avoir reçu la missive royale.
    – Ainsi, vous aviez tout prévu ?
    – Même le pire, Dieu nous en

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