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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Westminster a changé comme une créature
vivante. Mais, en ce printemps de 1308, le palais privé du roi, protégé par son
mur d'enceinte, consistait en un long bâtiment auquel on avait accolé d'autres
constructions afin de composer courettes et courtils. Édouard avait formé des
projets ambitieux, espérant développer des vergers, des vignobles, des pelouses
pour les paons et les hérons agiles, une garenne, et voulant édifier de petits
moulins, des colombiers, creuser des mares et des viviers peuplés de brochets
et de truites. Rien, bien sûr, ne fut achevé. Certaines parties de l'enclos
étaient infestées de goupils ; les mauvaises herbes et les genêts vous
arrivaient presque à la taille. Selon Albert le Grand, un herbarium parfait
devrait inclure une loggia treillissée, un clos de carrés de simples, une
prairie fleurie avec des charmilles, à l'abri d'une haie, un jardin d'agrément
avec une fontaine. Il n'y avait rien de tout cela. Mon jardin médicinal n'avait
pas les seize carrés requis. Il était modeste et rudimentaire. J'avais moi-même
bêché et planté ce que j'avais pu.
    Je quittai ma
chambre et sortis par une poterne. Le souvenir des parfums d'été et d'automne
m'accueillit, la douce odeur de pomme blette se mêlant à celle des fleurs des
champs poussant dru sous les haies d'aubépines dont la blanche floraison
annonçait le changement de saison. Je m'étais munie d'une liste des herbes dont
j'avais besoin : le riche grémil, bleu comme une moisissure, si efficace
pour traiter les irritations de la peau, qui s'épanouissait sur les murs de
pierre calcaire ; le lierre terrestre, qui serpentait autour des arbres du
verger, si bon contre congestions et rhumatismes ; la campanule, fort
utile pour arrêter l'hémorragie et comprimer les blessures, qui abondait dans
l'herbe haute. Je contemplai cet endroit envahi de végétation, les oiseaux
rasant les buissons et l'herbe, les fleurs aux couleurs éclatantes, le
printemps qui se manifestait dans toute sa splendeur. Je m'avançai jusqu'à mon
herbarium et, désespérée, baissai les yeux sur les mauvaises herbes qui, ayant
pris possession du sol, s'y agrippaient comme les doigts d'un ladre autour d'un
joyau. Dans le palais, tout autour de moi, le silence régnait. Pourtant le
jardin, lui, était animé par le pépiement des oiseaux en chasse dans les
épaisses frondaisons. De petits insectes tournoyaient en vrombissant au-dessus
d'un vivier tapissé de mauvaises herbes. Levant soudain les yeux, j'aperçus une
ombre à l'une des meurtrières. Je souris in petto , regardai à nouveau,
mais il n'y avait plus rien. Le jardin s'étendait en bas des appartements
royaux. Je me demandai si c'était la silhouette d'Isabelle, voire celle du roi,
mais pourquoi ce mystère ?
    Je décidai de me
calmer en sarclant la terre avant de me mettre en quête de mes simples. Dans un
appentis en ruine adossé au palais on remisait pioches, houes et pelles. Je m'y
rendis et saisis une houe posée dans un coin envahi de toiles d'araignée. En la
sortant, je vis le sac de cuir qu'on avait coincé contre elle. Après avoir
coupé la corde qui le fermait, j'en inspectai le contenu : trois
arbalètes, de lourdes arbalètes du Brabant. J'en pris une. Le bois en était
épais et poli, la puissante corde souple, le treuil huilé et facile à
manipuler, la rainure lisse, prête à recevoir les carreaux barbelés qui se
trouvaient au fond du sac dans des besaces. Inquiète et curieuse, je cachai le
sac et retournai en hâte vers le palais. Ap Ythel était parti dans la cité,
mais je rencontrai son lieutenant, un Gallois aux cheveux blond-roux nommé Ap
Rhys, qui jouait aux dés avec quelques-uns de ses camarades dans la petite
salle de garde près du portail. Je le priai de venir avec moi. Ses partenaires
se mirent à siffler et à plaisanter de leur voix chantante. Ap Rhys était sur
le point de refuser mais, voyant mon air inquiet, il haussa les épaules, remit
ses dés dans son escarcelle et m'emboîta le pas à travers le clos jusqu'à la
petite resserre. Avec son aide, je tirai le sac. Il le vida sur le sol et
s'accroupit.
    — Des arbalètes,
s'exclama-t-il, et des carquois ! Savez-vous comment ils sont arrivés là,
madame ?
    Je fis un geste
de dénégation.
    — Et vous ?
m'enquis-je.
    Ap Rhys eut une
grimace.
    Je m'accroupis
près de lui.
    — Dites-moi,
si je voulais attaquer le roi ou ce palais, comment m'y prendrais-je ?
    Il se gratta

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