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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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verge de Moïse, le crâne de
saint Jean-Baptiste, sans parler du plat utilisé par Abraham pour recevoir
dignement les anges avant leur visite à Sodome et Gomorrhe. Guido intervint,
s'étonnant qu'on ait réellement pu découvrir la Vraie Croix.
    La reine le
menaça du doigt comme un maître d'école.
    — Eh bien,
d'après ce que j'ai lu, sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, a trouvé
trois croix dans une cave creusée à quarante-deux pieds sous le mont du
Calvaire. C'étaient celles sur lesquelles Notre-Seigneur et les deux larrons
ont été crucifiés, mais rien n'indiquait laquelle était la vraie. On a alors
étendu un cadavre sur chacune. Avec les deux premières il ne s'est rien passé,
mais quand la dépouille a été mise sur la troisième, elle a ressuscité
sur-le-champ : c'est ainsi qu'Hélène a compris qu'elle avait découvert la
Vraie Croix. Elle était faite du bois de quatre arbres différents,
continua-t-elle, le souffle court. Le poteau vertical est en cyprès afin que sa
douce odeur puisse contrebalancer celle d'un corps en putréfaction ; la
transverse, en palmier, pour rappeler la victoire du Christ ; le pied, en
cèdre, parce qu'il se garde longtemps quand il est en terre, et l'inscription
en bois d'olivier, ce qui symbolise la paix.
    Elle
s'interrompit.
    — Où est Sa
Grâce la reine, Mathilde ?
    J'étais assise
devant le feu, et, encore épuisée par mes aventures de la veille, j'avais les
yeux lourds de sommeil. Dès que Marguerite eut posé sa question, je me penchai
en avant et répondis, Dieu seul sait pourquoi :
    — Madame,
je vous apporte d'heureuses nouvelles. Ma maîtresse ne se sent pas bien ;
elle a des nausées, le matin. En un mot, il se pourrait que la reine soit
grosse.
    Mirabile
dictu ! L'effet de mes paroles fut saisissant ! Marguerite se
redressa, son visage perdit cette expression moralisatrice habituelle, ses
gestes leur onction et leur élégance. Elle eut soudain l'air plus jeune, plus
dur, et ses yeux se firent interrogateurs. Je pouvais voir qu'elle avait été
belle et déceler une proche ressemblance avec son frère. Près d'elle la
comtesse Margaret se contentait de haleter, suffoquant comme un poisson hors de
l'eau. Agnès, tout excitée, claqua des mains. Guido s'enquit sans tarder des
symptômes et des signes. La reine, le matin, avait-elle mal en haut ou en bas
du ventre ? Son malaise durait-il toute la matinée ou cessait-il quand
elle mangeait ? Avait-elle pris du pain sec ? Cela pouvait la calmer.
Je minaudai alors en expliquant que je pouvais me tromper. Je regrettais ma
réaction, mais, comme je l'ai dit, Dieu seul sait pourquoi j'avais raconté
cela. L'idée avait peut-être pris racine la veille, signe de mon propre
abattement, ou en voyant Isabelle tournoyer comme un oiseau captif dans une
maison. Il fallait, ne fût-ce que pour quelque temps, détourner l'attention des
adversaires du souverain de leur impitoyable poursuite. La perspective d'un
héritier pourrait apaiser leur odieuse hostilité, atténuer la rancœur des
grands barons.
    La reine
douairière se remit vite de sa surprise et elle déclara qu'elle allumerait un
cierge devant le tombeau du Confesseur. Je fis jurer le secret à tous, même
s'il était notoire que ce genre de confidence ne restait jamais longtemps
ignoré à la Cour.
    —  Ma
belle fille *, souffla Marguerite. La meilleure place pour elle est ici, à
Westminster, la Maison des rois.
    — Et il y a
la châsse de la Vierge, sa précieuse relique, intervint, haletante, la comtesse
Margaret.
    — Oui, oui,
Sa Grâce doit porter la ceinture de la Vierge, clama la reine douairière,
triomphante.
    Nous en étions
donc revenus aux reliques. Mon esprit, preste comme plume de clerc, envisageait
toutes les implications de ma déclaration. Marguerite et la comtesse
débattaient avec chaleur : Isabelle devait-elle se rendre en pèlerinage à
Cantorbéry ou à St Swithun ? Elles en discouraient encore quand nous nous
rassemblâmes dans la grand-salle lambrissée de l'appartement de la reine pour
dîner d'aloyau de bœuf, de brochet en gelée, de pois et d'oignons aux croûtons.
Une fois plats et tranchoirs emportés, Agnès d'Albret se retira. Je l'imitai,
prétendant que je devais rejoindre Isabelle pour voir si tout allait bien, mais
ajoutant que je reviendrais sous peu. En fait, je désirais m'éloigner au plus
vite pour prévenir ma maîtresse. À ma grande consternation, Guido le Jongleur
proposa de

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