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Le combat des Reines

Le combat des Reines

Titel: Le combat des Reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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malade ? Vous êtes très pâle.
    Elle toucha la
manche de ma tunique, en retira un fragment noirci et posa le doigt sur une
macule d'huile qui tachait le poignet blanc de l'une de mes manches. Puis elle
m'effleura le visage.
    — Mathilde,
vos amis sont mes amis, vos ennemis sont mes ennemis. J'ai quitté la France.
Mon père est mon adversaire, tout comme ses émissaires, ses mercenaires. Oui...
    Elle remonta sa
tunique sans manches sur sa robe de couleur fauve et écarta les mains.
    — ... de
même que les fils de mon père, mes propres frères. Ce qu'était Demontaigu, ce
qu'il est, ne représente une menace ni pour moi ni pour les miens.
    Elle vint
s'asseoir près de moi.
    — Mathilde,
chuchota-t-elle d'une voix rauque, et je lus la peur dans ses yeux bleu clair,
Mathilde, insista-t-elle, nous sommes aux abois : soit Édouard fait des
concessions, soit nous devrons affronter de graves troubles. Avez-vous ouï les
rumeurs ? Certains prétendent que non seulement Gaveston doit se retirer,
mais le roi aussi.
    Elle
s'interrompit, le souffle court.
    — Si cela
se produit, Mathilde, qu'en sera-t-il de nous, de moi, de vous ? Mon
seigneur a besoin de temps. Nous devons jouer le grand jeu, et le jouer bien.
En public, je m'oppose à mon époux. Tout le monde, y compris ma chère tante,
continue à en être persuadé. Demain vous devrez donc dîner avec elle, inventer
une excuse, dire que je ne me sens pas bien, mais...
    Elle me caressa
la main.
    — ...
gagner du temps pour le roi. Dites ce qui vous semblera bon pour encourager la
reine douairière à poursuivre ses négociations avec Winchelsea et les autres.
    Elle plissa les
yeux.
    — Dites ce
qui vous semblera bon ! Venez, à présent !
    Elle rejeta ses
chaussons d'un coup de pied.
    — Il est
grand temps de dormir. Mon seigneur ne viendra pas ce soir et ne me proposera
point de partager sa couche. Restez donc avec moi, Mathilde, comme les jeunes
femmes que nous aurions pu être. Nous nous étendrons côte à côte et médirons du
monde...
    Le lendemain
matin, vêtue d'une guimpe blanche comme neige, d'une cotte et d'un surcot bleu
ciel, l'une des chapes bordées d'hermine d'Isabelle sur les épaules, je me
présentai aux chambellans de la reine douairière à la Maison du roi, cette
ancienne partie du palais de Westminster qui donnait sur la Vieille Cour. J'y
arrivai tôt et il s'ensuivit quelque désordre tandis que pages et serviteurs
emmenaient les deux jeunes princes, baptisés d'après leur lieu de naissance,
Edmund de Woodstock et Thomas de Brotherton. Guido le Jongleur et Agnès
d'Albret veillèrent au retour des enfants et de leurs nourrices dans leurs
chambres, sises plus loin dans la galerie. Quand les enfançons et leur
entourage eurent disparu, Guido et Agnès revinrent pour m'escorter dans le
sanctuaire, où présidaient la reine douairière et la comtesse Margaret.
Habillées de la même cotte-hardie rouge et or, d'une sombre cape de fourrure à
la coûteuse doublure, lâchement retenue par des cordons à glands d'argent et un
précieux fermail, elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Toutes les
deux arboraient de ridicules barbettes dorées et des résilles destinées à
dissimuler leur chevelure comme si elles étaient des nonnes dans un couvent et
non des princesses de sang. Assises l'une près de l'autre, elles étaient
absorbées par un manuscrit déroulé sur un cadre de bois. Le murmure
enthousiaste de la reine douairière m'apprit qu'il s'agissait du récit d'un
moine relatant la découverte d'Arthur et de Guenièvre à Glastonbury.
    — Leurs
corps étaient dans un état de conservation surprenant. N'est-ce pas un miracle,
Mathilde ?
    J'acquiesçai :
c'était bien un signe envoyé par Dieu. J'évitai de croiser le regard de Guido debout
près de la reine. Un coup d'œil de sa part suffît à me montrer à quel point
cette incessante description de reliques les ennuyait à mourir, lui et Agnès.
La reine douairière nous rassembla autour de l'âtre. On servit du vin de Madère
et des biscuits sucrés et, sans qu'on l'en priât, Marguerite poursuivit sa
description de reliques sacrées, ajoutant qu'elle espérait retourner un jour en
France pour adorer la Couronne d'Épines que son saint ancêtre Louis avait
acquise auprès de Baudouin de Constantinople. Son babillage énumérait une liste
qui comprenait aussi le lange du Fils de Dieu, la lance, l'éponge et la chaîne
de Sa Passion, un fragment de la Vraie Croix, la

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