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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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chevalier du Temple, Hugues de Pomarès, reposait le dernier os en disant :
    — Ce fut délicieux. Pour un peu, on regretterait presque qu'il n'y en eût davantage.
    Clément, outré, remarqua d'un ton aigre :
    — Trois poules y ont trépassé, et l'hiver commence à peine !
    Bamberg jeta un regard nostalgique vers la fenêtre :
    — Il reste bien Iseult mais deux choses l'empêchent : c'est notre vieille amie et les chouettes ont la peau dure.
    Pomarès tenta tout de même sa chance :
    — Oh, vous savez, une chouette, lorsqu'on a très faim...
    Trois paires d'yeux qui semblaient ceux de terribles vengeurs lui firent rapidement changer de sujet :
    — Si nous parlions de choses importantes et pour tout dire, fort stupéfiantes ?
    1 Jeu où il faut deviner celui qui, dans l'assistance, cache en ses habits l'objet recherché.

7.
    Ainsi que l'apprenaient à peu près au même instant le duc de Bamberg et ses compagnons, le Grand Maître des chevaliers Teutoniques avait pour nom Heinrich von Ploetzen et venait de Prusse, une province du Brandebourg.
    C'était une force de la nature, sa taille dépassant les deux mètres. S'ajoutait à cela une corpulence d'équarrisseur, un cou de taureau, de larges épaules, des mains comme des battoirs et - Bamberg l'avait remarqué à travers la fente du heaume - des yeux bleus au regard intraduisible.
    Von Ploetzen jeta un oeil morne sur les objets jetés pêle-mêle sur le sol de la voiture tirée par quatre chevaux. Une cotte de mailles, son heaume à aigle et couronne d'or, la tunique blanche frappée de la croix noire des Teutoniques, sa lourde épée...
    Il soupira.
    Il portait autour de la tête un voile de gaze de soie noire qui empêchait de distinguer un visage que nul n'avait vu depuis plus de douze ans, à une exception près.
    Il observa les deux cavaliers qui précédaient la voiture et, se retournant à demi, les deux autres qui suivaient.
    Une pluie froide, d'abord incertaine, tombait à présent avec violence tandis que la petite troupe traversait un village de quelques feux.
    Von Ploetzen s'en voulait de son échec subi à la chute du jour. Déjà, ce Bamberg n'avait point semblé trop surpris de les voir et cela tenait certainement au fait que depuis quelque temps, on lui tournait autour et de trop près, surtout s'agissant d'un homme aux sens si aiguisés, presque magiques.
    Cette faute incombait à Mathieu de Courtenelle, de la branche de l'ordre des Hospitaliers qu'on nommait à présent ordre de Malte depuis que, chassé de Rhodes par les Turcs, l'ordre s'était réfugié sur l'île de Malte que leur avait cédée Charles Quint.
    Tout cela pour annoncer, deux jours plus tôt, que l'ordre de Malte se retirait de cette affaire !
    Et que dire des Templiers et de leur « administrateur » Hugues de Pomarès, ce vieil imbécile ébloui par l'histoire des Bamberg ?
    Le plan était si simple ! En se présentant en tenue des croisades telle qu'au temps des grandes heures des Templiers et des Teutoniques, on devait émouvoir Bamberg par ce rappel du passé de ses ancêtres, ce qui lui ferait sans doute prêter une oreille favorable aux propositions qui lui seraient faites.
    Mais tout fut compromis lorsque lui, Von Ploetzen, avait loyalement prévenu, il est vrai au dernier instant :
    — Et s'il refuse, nous le devrons tuer. Le bon ordre du monde ne peut supporter le grand danger que représentent les Bamberg. En cela, nos prédécesseurs furent trop faibles.
    Que n'avait-il pas dit là! Car aussitôt, ce vieux fou de Pomarès de perdre grandement son sang-froid en parlant « d'infamie » !
    Le ton était monté alors que tout près du château de Bamberg, on se trouvait cachés par une petite vallée étroite entre deux collines si bien que le soleil ne devait jamais paraître en semblable endroit. Position judicieuse, cependant, car bien abritée des regards.
    Sur un signe qu'il leur adressa, ses teutoniques se jetèrent alors sur les templiers qui reculèrent en combattant non sans courage pendant plus de 800 mètres.
    Douze des siens y avaient finalement laissé la vie, et autant chez les templiers.
    Il ne s'agissait certes pas d'hommes titrés, descendants des chevaliers des deux ordres mais tout de même, cette racaille allait lui manquer.
    Il eut un geste agacé :
    — J'en ferai venir d'autres, de Prusse !
    Pourtant, il le savait, le réservoir n'était pas inépuisable.
    Il réfléchit, s'interrogeant avec anxiété sur la possibilité d'une réconciliation

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